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Nouvel an : Le seul vœu des déplacés de Pazani, retourner à Silgadji

Publié le samedi 4 janvier 2020 à 23h40min

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Nouvel an : Le seul vœu des déplacés de Pazani, retourner à Silgadji

Pazani est une banlieue située à la sortie nord de Ouagadougou, dans l’arrondissement 9, secteur 38. Dans cette zone non-lotie, les populations cohabitent, depuis le 10 juin 2019, avec des déplacés internes. Au nombre de près de 600, ils ont tous fui Silgadji, dans la province du Soum, en proie à des attaques terroristes. A l’orée des fêtes de fin d’année, une équipe de Lefaso.net est allée constater comment ils préparent le nouvel an. Ce que l’on peut retenir, c’est qu’ils n’ont pas la tête à la fête, mais plutôt à retourner d’où ils sont venus.

31 décembre 2019. Ouagadougou est déjà dans la fête de la Saint-Sylvestre. En cette veille du nouvel an, les Ouagalais s’activent. Certains sont dans des salons de coiffure. D’autres, au marché, marchandent des produits. Ils ont tous un point commun : fêter le début de l’année dans la joie. Pour cela, des grands moyens sont investis. Cette situation peinte n’est toutefois pas pareille dans certains quartiers et familles de Ouagadougou.

A Pazani, où survivent des déplacés internes, rien ne présage une fête. A notre arrivée dans l’après-midi, nous les trouvons assis à même le sol. Ils sont divisés en plusieurs petits groupes. Il y a les vieux, les jeunes, les femmes. Juste à côté, nous voyons des mômes. A peine 10 ans, ils jouent avec le sable. Ils sont tout blancs. Juste à droite, c’est le quartier général des hommes.

Cette année, nous n’avons pas la tête à la fête

Nous avançons et prenons place à côté des hommes. Nous voulons bien savoir comment ils préparent le nouvel an. Sans détour, le vieux Issaka Sawadogo répond : « Pour la fête de ce soir, on va devoir allumer nos torches. Nous allons causer ensemble et rentrer dormir ». Cet était de fait est lié à leur situation de déplacés. Sinon, avant, reconnait-il, « ce sont nos enfants qui faisaient la fête. (…) Cette année, nous n’avons pas la tête à la fête. Nous voulons bien faire la fête mais nous n’avons pas de moyens. Nous sommes tout de même contents d’être en vie ».

La fête est devenue un luxe

Pour les jeunes, l’idéal serait la fête. Et pour ce faire, explique Salam Ouédraogo, « nous devrions acheter des habits pour nous-même, nos femmes et nos enfants. On devrait également acheter des poulets, des spaghettis et festoyer en famille ». Mais « cette année, ce n’est pas possible. Nous ne pourrons pas esquisser des pas de danse. Nous n’avons pas les moyens pour nous offrir ce luxe ». Sinon, en temps normal, nous raconte la jeune Marietou Sawadogo, « nous nous constituons en groupe. Nous cotisons des sommes forfaitaires. Nous préparons à manger. Après, on partait danser. Cette année, nous allons préparer le tô, manger et rentrer dormir ».

Les déplacés internes préoccupées par d’autres soucis

Faire la fête cette année n’est pas envisageable. Les déplacés ont plutôt d’autres soucis. Pour la vieille Fatimata Kadiogo, ils ont besoin de maisons, de nourriture. Ce n’est pas tout. Le vœu le plus cher reste le retour dans leurs villages d’origine. « Nous voulons bien retourner à Silgadji. Nous voulons repartir. On travaillait là-bas. On avait des vergers. Nous avons planté des manguiers, des goyaviers. Quand je me souviens de leur ombre, j’ai envie de verser des larmes », raconte le vieux Issaka. Sur la question du retour, ils sont tous unanimes. Pour dame Kadiogo, si dès aujourd’hui, la route est ouverte, le lendemain, elle prendra la route de son village.

« Nous encourageons nos forces de défense et de sécurité »

Le vieux Salam reconnaît les efforts faits par le gouvernement et les bonnes volontés pour leur survie. Il les remercie pour cela. Seulement, le plus beau cadeau serait le retour dans leur village natal. C’est pourquoi il félicite et encourage les forces armées nationales. Pour défendre le Burkina Faso et leurs villages, les jeunes sont prêts. Ils disent implorer le bon Dieu pour qu’il assiste les forces de défense et de sécurité dans le combat contre l’ennemi.

Le dernier soleil de 2019 éclaire ses derniers rayons. Nous sommes dans notre véhicule pour rejoindre le bureau. Pour 2020, les déplacés souhaitent la paix, la stabilité, la sécurité et surtout leur retour à Silgadji.

Dimitri OUEDRAOGO
Mariam SAGNON (vidéo)
Lefaso.net

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