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Bilan sécuritaire au Burkina : 2019, annus horribilis à vite oublier !

Publié le mardi 31 décembre 2019 à 22h35min

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Bilan sécuritaire au Burkina : 2019, annus horribilis à vite oublier !

Un début dans le sang, une fin dans le sang. Ainsi pourrait-on résumer l’année qui s’achève. 2019 aura été la plus sanglante pour le Burkina Faso en proie à des attaques terroristes depuis 2016. Les années passent, les bilans se font de plus en plus lourds, aussi bien du côté des Forces de défense et de sécurité que des civils. A côté des attaques terroristes, les conflits communautaires se sont invités comme un autre défi à relever. 2019, est la pire année en termes de coût humain avec son corollaire de milliers de déplacés internes, d’école fermées, de villages déserts. Un véritable annus horribilis…

Le 1er janvier 2019, alors que l’on se formulait des vœux de paix, après une année 2018 éprouvante, des Burkinabè massacraient d’autres Burkinabè. L’année débutait ainsi avec le massacre de Yirgou qui continue de révulser toute conscience humaine. Les premiers vagissements de l’année dans le sang d’un conflit communautaire comme le pays n’en a jamais connu. 49 morts selon un bilan du gouvernement, bien plus, 210 victimes selon le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés.

Tout au long de l’année, des messages appelant à la cohésion sociale seront passés. La non stigmatisation des communautés est prônée. Le terrorisme n’est pas une question d’ethnie, lance-t-on. Mais ce qui peut constituer le ciment du pardon, de l’unité, peine encore à suivre. La Justice. Une année après le drame de Yirgou, la justice se fait encore désirer. Pourtant, certains présumés commanditaires et exécutants sont identifiés et connus, notamment les Koglwéogo de Boulsa dont le chef El Hadj Boureima Nadbanka a été mis aux arrêts dans la deuxième moitié de décembre. Enfin justice pour Yirgou ? 2020 nous en dira davantage.

Deux opérations militaires d’envergure

2019, c’est également deux opérations militaires antiterroristes d’envergure. Le 7 mars 2019, Otapuanu, qui signifie en langue gulmanchema « Pluie de feu ou Foudre », est lancée dans les régions de l’Est et du Centre-Est où les individus armés gagnaient du terrain. L’objectif était « de restaurer l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays où les populations étaient quotidiennement sous la menace et les exactions des groupes armées terroristes et des groupes criminels de tout genre », confiera le chef d’Etat-major général des armées, le Général Moïse Miningou lors de la conférence de presse bilan le 12 avril 2019.

Ensuite, c’est l’opération, Doofu (Déraciner, en langue nationale fulfuldé) qui sera mise en branle en mai 2019 dans les régions du Centre-Nord, du Nord et du Sahel, considérées comme les terreaux du terrorisme au Burkina Faso.

Malgré les deux opérations, les attaques contre les FDS, les communautés religieuses et les civils n’ont pas cessé. Bien au contraire. Après des moments d’accalmie pendant et quelque temps après les opérations, les activités terroristes reprennent de plus belle.

Quelques dates et événements marquants au Burkina

-  Le 19 août restera une date triste pour l’armée nationale. Ce jour-là, à Koutougou, province du Soum, région du Sahel , le détachement militaire a été pris à partie par des terroristes. 24 militaires sont tombés, faisant de cette attaque, la plus meurtrière qu’ait subie l’armée burkinabè. Un mois plus tard, le 19 septembre, Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) revendiquera l’attaque de Koutougou.

-  Le 10 octobre, Une attaque contre des fidèles qui priaient vendredi soir dans une mosquée a fait au moins 16 morts à Salmossi, village de la commune de Markoye, province de l’Oudalan, région du Sahel.

-  Le 2 novembre, Oumarou Dicko député-maire de Djibo, a été tué avec ses compagnons de voyage alors qu’il regagnait Ouagadougou après un séjour dans sa commune. Un véritable coup de massue quand on sait que l’édile a tout donné pour garder sa ville debout, malgré les multiples actions de déstabilisation. Un exemple de courage pour ce député-maire qui, jusqu’au bout, est resté auprès de ses administrés.

-  6 novembre : 37 morts et 60 blessés ont été enregistrés dans une embuscade contre un convoi transportant des employés de la Société d’Exploration Minière en Afrique de l’Ouest (Semafo). Cinq autobus de la société transportant du personnel, des entrepreneurs et des fournisseurs ont été victimes d’une attaque à une quarantaine de kilomètres du site de Boungou, dans la région de l’Est. Un coup dur pour le secteur minier, premier secteur pourvoyeur de devises au plan national.

-  Le 1er décembre, une église protestante a été la cible d’une attaque à Hantoukoura, à la frontière entre le Burkina et le Niger, dans la région de l’Est. Le bilan fait état de 14 fidèles tués.

-  24 décembre : à quelques jours de la fin de l’année, l’armée annoncera avoir neutralisé 80 terroristes à Arbinda. Une joie de courte durée car quelques heures plus tard, l’on apprend que 35 civils dont 31 femmes ont été tués.

« L’année 2019 est déjà la plus meurtrière avec au moins 428 victimes dont plus de la moitié (254) entre juin et début novembre », révélait « Ambassadeurs de la jeunesse », un think- tank français de recherche sur les questions de sécurité.

Une année de montée en puissance de l’armée

Il faut aussi et surtout noter que fin 2019 aura vu le début de la montée en puissance pour les forces armées nationales. Après plusieurs revers, les Forces de défense et de sécurité ont commencé à multiplier des victoires contre ‘’forces du mal ‘’. Finie la période des détachements militaires, des positions avancées, des commissariats étaient presque quotidiennement sous le feu de l’ennemi. Les boys donnent des coups et reprennent du poil de la bête.

2020 verra peut-être les premiers dossiers liés au terrorisme jugés. Plus de 700 présumés terroristes sont détenus dans les prisons de haute sécurité en attente de jugement.

Que nous réserve 2020 au plan sécuritaire ? Le pays continuera à être harcelé. Mais tout le mal que l’on peut souhaiter, c’est que la dynamique de fin 2019 se maintienne et se renforce. Que les hommes sur le terrain continuent d’être encouragés, que tout soit mis en œuvre pour leur permettre de se battre avec dignité pour qu’aucun centimètre du pays ne soit cédé. Le tout accompagné par une union sacrée des Burkinabè qui devraient taire leurs querelles intestines pour comprendre que c’est la survie de la nation dont il s’agit.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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