Compte tenu du contexte sécuritaire difficile que vit le Burkina Faso et qui contribue fortement à la dégradation de la cohésion sociale, il s’est avéré nécessaire au Ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale (MATDC) d’impliquer les femmes dans la prévention, la construction et la consolidation de la paix pour une meilleure cohésion sociale, d’où l’initiation du projet « Amazones de la cohésion sociale ».

Le lancement du projet a été effectué le samedi 28 décembre 2019 à Bobo-Dioulasso, sous la présidence de Madiara Sagnon/Tou, ministre déléguée chargée de la Décentralisation et de la Cohésion sociale.

Le projet a pour objectif de renforcer les capacités des responsables féminines régionales et provinciales pour favoriser leur participation à la construction de la paix et de la cohésion sociale au Burkina Faso.

Il vise par ailleurs à former ces responsables à la prévention des conflits, les responsabiliser dans la transmission des valeurs communes du vivre-ensemble dans leurs localités respectives ; les amener à collaborer avec la MATDC dans la transmission des informations nécessaires à la construction de la paix. En sommes, les « Amazones de la cohésion sociale » (ACS) doivent servir de relais de la politique du MATDC en matière de promotion de la cohésion sociale.

Pour relever ce défi, ce sont treize responsables régionales et 45 provinciales préalablement identifiées. Durant 48 heures, soit du 27 au 28 décembre 2019, elles ont pris part à une session de renforcement de capacités en matière de cohésion sociale. Elles ont bénéficié de modules comme la promotion de la paix, la pacification des discours, la promotion des valeurs communes du vivre-ensemble et la prévention des conflits.

Les communications ont porté sur les thèmes suivants : Promotion du civisme, prévention et gestion des conflits au Burkina Faso ; Promotion des valeurs communes du vivre-ensemble ; Participation citoyenne à la sécurité au Burkina Faso ; Rôle des amazones…

Partant de l’analyse des résultats définitifs du Recensement général des populations et de l’habitation de 2006 (RGPH-2006), il a été relevé que les ménages gérés par les femmes sont moins vulnérables que ceux gérés par les hommes. Ce qui met en exergue le sacrifice et le souci de la femme pour faire passer l’intérêt de sa famille avant le sien.

Et pour galvaniser ces femmes, le ministère leur a rappelé l’histoire des amazones du Dahomey (Bénin), la reine Pokou (Côte d’Ivoire), les amazones de la Lybie, la princesse Yennenga, la princesse Guimbi Ouattara, les amazones de la Guinée.
Pour Siaka Ouattara, directeur général de la promotion de la cohésion sociale, cette abnégation et ce courage des femmes seront utilisés, non pas pour combattre, mais pour un autre objectif qui est de promouvoir la cohésion dans la société.
Ainsi, les activités d’information, d’éducation et de communication pour le changement de comportement vont renforcer leur participation à la prévention des conflits et à la transmission des valeurs communes du vivre-ensemble dans leurs localités respectives.

Siaka Ouattara Directeur Général de la Promotion de la Cohésion Sociale

La ministre déléguée chargée de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, Madiara Sagnon/Tou, a invité les amazones à s’engager sans réserve afin de contribuer à la mise en œuvre du projet social, conformément aux orientations stratégiques définies. De ce fait, elle a rassuré que son département s’engage à la mise en œuvre de toutes les recommandations et ne ménagera aucun effort pour faciliter et veiller à l’exécution du projet en vue de l’atteinte des objectifs fixés en matière de promotion de la cohésion sociale.

Madiara Sagnon Tou ministre déléguée chargée de la Décentralisation et de la Cohésion Sociale

Concernant le rôle que les amazones doivent jouer dans cette cohésion sociale, Solange Traoré/Somé, amazone des Hauts-Bassins, a déclaré que « nous devons être des aiguilles pour recoudre le tissu social qui s’est déchiré à travers nos actions, l’éducation des enfants, la sensibilisation des jeunes. Car on constate que la radicalisation de ces jeunes incombe beaucoup à la femme. Certaines fuient leurs responsabilités tandis que d’autres ont peur de leurs enfants. Nous devons sensibiliser nos consœurs et voir comment faire pour que nous puissions ramener cette cohésion au sein de la société ».

Solange Traoré Somé Amazone des Hauts-Bassins

A l’issue de la formation, chaque participante recevra une attestation de participation et de reconnaissance. Elles seront dotées de moyens de communication (téléphone et carte SIM) pour faciliter la collecte et la transmission des informations relatives aux conflits et au vivre-ensemble.

Haoua Touré
Lefaso.net