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Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) : Plus d’un milliard de F CFA collecté en 2019

Publié le dimanche 29 décembre 2019 à 22h14min

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Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) : Plus d’un milliard de F CFA collecté en 2019

Au cours de l’année 2019, le Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) a collecté 1 973 983 468 F CFA, soit un taux d’accroissement de 132% comparativement à l’année 2018. Un texte de loi a été également adopté en vue d’une meilleure organisation du droit d’auteur au Burkina Faso. C’est le bilan positif que nous a dressé Wahabou Bara, directeur général de la structure. C’était au cours d’une interview qu’il nous a accordée le vendredi 27 décembre 2019 à Ouagadougou. Entretien !

Lefaso.net : Nous sommes à l’orée de l’année 2020. Quelles étaient les priorités du BBDA pour 2019 ?

Wababou Bara  : Merci, mais avant, je profite de votre micro pour présenter mes condoléances aux familles éplorées par les événements qui se passent au Burkina Faso. Je souhaite que ces événements entrent dans un passé. Je souhaite que l’année 2020 soit une année de stabilité pour le Burkina Faso, pour que nous puissions relever les défis du développement.

En ce qui concerne nos priorités de 2019, il s’agissait, pour nous, de renforcer le dispositif juridique avec l’adoption de la nouvelle loi sur le droit d’auteur. Il permet d’avoir des avancées en matière de protection des œuvres littéraires et artistiques. Il s’agissait aussi d’accroître la sensibilisation des parties prenantes. Ce sont les titulaires du droit, les artistes de toutes les catégories confondues. Il s’est agi d’échanger avec ces derniers sur la chaîne des valeurs du droit d’auteur. Ainsi, pour qu’ils comprennent bien ces mécanismes. Il était question aussi de l’adoption d’un projet qui était assez important dans le secteur de la filière musique.

Pourquoi un projet pour la filière musique précisément ?

C’est la filière qui regroupe le maximum de membres au sein du BBDA. Ce sont eux aussi qui font le maximum de collecte. Il était donc important de soumettre le projet de renforcement de la filière musique au Burkina Faso et d’un modèle économique dans l’espace UEMOA. Il a été adopté. C’était au cours de la 22e édition session du Comité du développement de la propriété intellectuelle. Avec ce projet, nous allons accompagner la filière musique à mieux se structurer et à une utilisation judicieuse des droits de propriété intellectuelle à des fins de création de production, de diffusion des œuvres. L’une des priorités était également d’accroître la collecte des droits malgré le contexte sécuritaire peu rassurant mais aussi la morosité socioéconomique. Cela, pour améliorer aussi la qualité de la répartition.

Chaque année, les titulaires de droit d’auteur comptent sur vos mobilisations de recettes pour être payés. Quel bilan dressez-vous en termes de recette pour l’année 2019 ?

Au cours de l’année 2019, nous avons collecté 1 973 983 468 F CFA. Nous avons effectué trois répartitions habituelles. Il s’agit des mois de février, de mai et d’août. Nous avons pu repartir 1 011 178 124 F CFA. Cela représente un taux d’accroissement de 132% par rapport à 2018. La somme a été repartie à plus de 1 200 bénéficiaires en février. En mai, c’était autour de 4 000 membres. En août, ils étaient autour de 6 000 bénéficiaires.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

L’une des plus grosses difficultés, c’est la faiblesse de la culture du droit d’auteur. A l’origine, c’est un droit européen. Sous nos cieux, ce n’est pas assez évident. Lorsqu’on ouvre un salon de coiffure et qu’on a une télévision à l’intérieur, il y a un public qui vient. On vient expliquer au propriétaire que c’est de la communication publique. Ce sont donc des œuvres qui appartiennent à des personnes privées. Ces personnes n’ayant pas les moyens de venir recouvrir ces montants, elles ont donné mandat au BBDA de venir le faire à leur place. Cela, pour repartir ces différents montants collectés après. Le propriétaire ne comprendra pas. Ils sont nombreux ceux qui n’arrivent pas à comprendre le système de la gestion collective du BBDA.

Il faut travailler à l’éveil d’une véritable culture du droit d’auteur. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur les activités de sensibilisation. Nous avons la rentrée du droit d’auteur. C’est une plateforme qui permet d’avoir toutes les parties prenantes. Il s’agit des titulaires de droit et des utilisateurs. L’on discute des équations liées à la question du droit d’auteur. Au cours de l’année 2019, nous avons eu assez de sensibilisations. Ce qui nous a permis d’avoir des résultats assez satisfaisants.

En 2019, vous avez eu à relever des défis. Pour cette année, vous avez certainement des missions prioritaires à accomplir…

Pour nous, en 2020, c’est déjà de travailler à vulgariser l’adoption de la nouvelle loi sur le droit d’auteur. Une chose est d’avoir une loi, une autre chose est que les premiers bénéficiaires sachent les différents articles qui meublent cette loi. Avec le service de communication, nous pensons à une stratégie. Cela va permettre d’avoir un langage accessible à la majorité des titulaires de droit. Nous allons travailler à améliorer l’arsenal juridique et surtout à une assimilation de cet arsenal juridique par les premiers bénéficiaires. Nous allons poursuivre la sensibilisation pour tendre vers une véritable culture du droit d’auteur. Vous savez, nous ne faisons pas une corrélation entre le droit d’auteur et les industries culturelles créatives.

En réalité, le d’auteur constitue l’épine dorsale des industries culturelles. Ceux qui font les industries culturelles, la matière première c’est bien les auteurs d’œuvres culturelles et artistiques. Il faut donc travailler à ce que les différentes parties comprennent cette intégration entre les auteurs et l’érection des industries culturelles créatives.

Un autre défi est aussi de travailler à ce que le projet de la filière musique soit très bénéfique aux acteurs. Il a été adopté par l’ONPI. Il doit bénéficier à quatre pays que sont le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin. Les acteurs de la musique sont les plus nombreux dans nos bureaux de droit d’auteur. Ce sont eux aussi qui se plaignent, et c’est normal. Il faut travailler à ce que cette solution puisse quand même, un tant soit peu, résoudre certains problèmes de cette filière musicale. Cela passe par la structuration des corps du métier, par l’utilisation judicieuse des droits de propriété littéraire et artistique à des fins de création, de production, de diffusion.

Il faut aussi une articulation judicieuse entre les bureaux de droits d’auteur et les organismes de régulation. Au Burkina, c’est le Conseil supérieur de la communication. Il est assigné à ces organismes des missions de promotion culturelle. Elles sont assorties de quotas pour des œuvres d’expression nationale, sous-régionale et internationale. L’imprécision souvent du champ des œuvres d’expression nationale fait qu’il n’y a pas une véritable application de ces quotas. Il faut travailler à ces que ces régulateurs accompagnent les bureaux de droit d’auteur pour que les œuvres d’expression nationale puissent bénéficier d’une véritable promotion et de valorisation dans nos pays respectifs.

Quelle est la consistance du budget alloué à la promotion culturelle et sociale ? Certains artistes se plaignent qu’ils ne sont pas soutenus par votre institution.

On ne peut pas définir le budget de la promotion culturelle. Néanmoins, ce sont 5% des collectes traditionnelles qui sont affectées aux œuvres de promotion culturelle, 5% aux œuvres sociales et 50% pour la rémunération pour copie privée. Il faut attendre la fin de l’exercice pour savoir ce qui va être alloué au Fonds de promotion culturelle. Pour 2019, le montant des soutiens est estimé à 195 125 000 F CFA. Ce montant, on n’en est bénéficiaire qu’à travers un appel à candidatures deux fois dans l’année. Il faut préciser que ce fonds est alloué exclusivement aussi aux membres du BBDA.

Entretien réalisé par Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 décembre 2019 à 11:50, par Sanou En réponse à : Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) : Plus d’un milliard de F CFA collecté en 2019

    J’ aimerais savoir comment cette somme a été récoltée. Aujourd’hui on taxe le secteur informatique a hauteur de 10% sur tout ce qui contient un support de stockage. Effectivement ca ne peut que gonfler le montant collecté. Tout cela est artificiel est ne reflète pas pas du tout les droits auteurs qui normalement devrait être payé par ceux qui diffuse de la musique comme les stations radio mes TV et j’ en passe. Pour moi y a pas de gloire dans cette soi disante performance.

    • Le 30 décembre 2019 à 17:13, par Pleures oh pays bien aimé En réponse à : Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) : Plus d’un milliard de F CFA collecté en 2019

      Totalement d’accord avec toi Sanou, on vit dans l’illusion, on flatte une certaine jeunesse qu’on peut avoir beaucoup sans effort.Cela n’arrange personne d’ailleurs, ni l’état, ni les taxés ni ceux qui en "profitent. Ces taxes sur le matériel informatique plombe les efforts de tous ces jeunes qui ont des initiatives dans le domaine des nouvelles technologies.Vivement que la jeunesse se réveille et se mette au boulot

  • Le 3 mars 2020 à 07:50, par Ki Alain dalah En réponse à : Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) : Plus d’un milliard de F CFA collecté en 2019

    Bonjour chers responsables suis artistes humoristes les zinzinzins de l’art... Juste connaitre mes états au bbda.savoir si j’ai des droits.

    J’ai participé au firho...ouistiti d’or...
    Afrique du rire
    Bonjour ouaga

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