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Soutenance de thèse de doctorat unique en science du sol : La mention « Très honorable » décernée à Delphine Bernadette Ouédraogo

Publié le vendredi 27 décembre 2019 à 15h31min

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Soutenance de thèse de doctorat unique en science du sol : La mention « Très honorable » décernée à Delphine Bernadette Ouédraogo

Delphine Bernadette Ouédraogo a soutenu sa thèse de doctorat unique en science du sol, le lundi 23 décembre 2019 au Centre de calcul de l’Université Nazi-Boni de Bobo-Dioulasso. Son thème de recherche a porté sur la « Caractérisation des systèmes de production agricole à travers une approche de continuum d’espaces urbain, périurbain et semi-rural de la ville de Ouagadougou, au Burkina Faso ». Présidé par le Pr Prosper Zombré, le jury lui a décerné la mention « Très honorable » avec les félicitations.

« Caractérisation des systèmes de production agricole à travers une approche de continuum d’espaces urbain, périurbain et semi-rural de la ville de Ouagadougou, au Burkina Faso ». C’est sous ce thème que Delphine Bernadette Ouédraogo a soutenu sa thèse de doctorat unique en science du sol. Les membres du jury, composés d’éminents professeurs d’universités, ont ainsi souligné la pertinence du thème qui, selon eux, est d’actualité. Ce qui lui a valu la mention « Très honorable » avec les félicitations du jury.

En effet, la population urbaine ne cesse de croître de jour en jour et la question de l’alimentation de cette population se pose avec acuité. C’est face à cette problématique que Mme Ouédraogo a choisi de travailler sur l’agriculture urbaine, pour voir comment nourrir les populations citadines à partir de la production agricole à l’intérieur ou aux alentours immédiats de la ville. Et l’originalité de son travail tient à son approche qui a consisté à travailler sur un continuum en milieu urbain, périurbain et semi-rural pour étudier les flux des produits dans ces zones et pouvoir s’assurer que cette production agricole est saine.

Selon elle, l’agriculture urbaine est perçue comme une des solutions pour assurer la sécurité alimentaire dans les villes. Cependant, elle est restée marginalisée. « Au Burkina Faso, l’agriculture urbaine ou périurbaine n’a pas été explicitement prise en compte dans les documents de politique de développement agricole. Aussi est-on amené à se demander si la zone périurbaine ou même la zone semi-rurale, formant un continuum avec la zone urbaine, a pu pallier le problème de développement de l’agriculture pour contribuer à nourrir la ville. Cette approche continuum appliquée à l’utilisation des terres, a été peu testée en Afrique occidentale et particulièrement au Burkina Faso », a-t-elle déploré.

Avant d’ajouter que l’objectif général de cette recherche est de contribuer à la réflexion pour la promotion d’une agriculture durable dans la ville de Ouagadougou et sa périphérie, selon une approche continuum de production urbaine, périurbaine et semi rurale.

Les recherches ont ainsi permis, de manière spécifique, d’identifier les principales opportunités et contraintes de la production agricole urbaine, notamment les pressions sur les espaces de production agricole urbaine et l’utilisation de déchets liquides, et d’évaluer les pratiques culturales et leurs déterminants en zone périurbaine. Par ailleurs, les études ont permis d’évaluer les opportunités et les contraintes à la productivité agricole en périurbaine et en zone semi-rurale.

« Cette étude a pour finalité d’apporter des éléments de réponses par rapport aux nombreuses interrogations que suscite l’agriculture durable dans les villes du Burkina Faso, selon une approche continuum de production. Pour répondre à cette problématique de la productivité agricole dans le continuum, nous avons mené des investigations en milieu urbain, périurbain et semi-rural. Notre étude a permis de mettre en exergue la complexité de l’application de l’approche continuum pour développer l’agriculture dans et autour des villes », a expliqué Delphine Bernadette Ouédraogo.

Dr Delphine Bernadette Ouédraogo

Elle estime cependant, que face aux pressions sur les terres et aux contraintes à la productivité agricole liées à l’urbanisation galopante, il est possible de nourrir les villes à travers une approche continuum agricole urbaine, périurbaine et semi-rurale, en utilisant de bonnes pratiques agricoles. Ainsi, les résultats de ces études montrent qu’il reste des défis toujours à attaquer particulièrement en réponse aux besoins de nourrir convenablement une population urbaine et semi-urbaine en croissance rapide et promouvoir des systèmes de production durables et résilients au changement climatique en milieu urbain et péri-urbain.

Il ressort également de ces résultats présentés aux membres du jury, que l’agriculture en milieu urbain présente des risques sérieux de contamination des produits par des métaux lourds, donc présente un problème de santé publique. « Les résultats ont montré que dans la ville de Ouagadougou, la pratique de l’horticulture a connu un essor. Près de 75% des exploitants de sites maraîchers de Ouagadougou ont eu recours aux eaux usées et polluées pour mener leurs activités. Cependant, ils n’ont pas appréhendé les risques sanitaires liés à l’utilisation de ces eaux surtout que l’utilisation de celles-ci a contribué à améliorer la fertilité des sols et à rehausser les rendements des cultures. Dans les zones périurbaines, les pratiques culturales ont été variées et ont pu affecter différemment les propriétés du sol. Les exploitants, essentiellement des hommes (93%) ont pratiqué la monoculture qui a entraîné une faible teneur en carbone organique dans le sol, tandis que la polyculture a contribué à une faible disponibilité en potassium (…) », a-t-elle souligné.

Pr Bismarck Nacro, Co-directeur de thèse

Mme Ouédraogo a affirmé que trois messages clés se dégagent de sa thèse. « La réduction de la zone agricole dans le continuum est réelle et nos résultats suggèrent des besoins croissants en espaces agricoles avec un défi des producteurs à répondre à la demande des consommateurs dans le continuum ; 92,32% des eaux utilisées sont des eaux usées avec des teneurs en métaux lourds très élevées pouvant dépasser 40 fois la norme d’utilisation en agriculture, ce qui peut créer des risques sanitaires et la possibilité pour la ville de produire sa propre consommation de façon saine », a-t-elle laissé entendre.

De ses recherches, elle a formulé des recommandations à l’endroit des décideurs à savoir l’intégration de l’agriculture urbaine et périurbaine dans une stratégie et une planification plus large de développement de la ville à travers une bonne gouvernance et un soutien institutionnel. Elle suggère également que les décideurs fassent de l’agriculture, des initiatives de création d’emplois et de revenus pour les personnes plus vulnérables tout en privilégiant les jeunes et les femmes, et d’adopter des plans d’aménagements de l’utilisation des terres dans la ville de Ouagadougou qui intègrent l’agriculture urbaine, à l’image des espaces verts.

Pour les difficultés rencontrées, elle a évoqué celles liées au manque de temps pour les travaux de recherche et celles liées à la question financière. « Cette étude a été presque financée par nous-même. Nous avons payé avec nos propres moyens pour les cours, pour les enquêtes, etc. L’insuffisance de temps de travail a été une des difficultés rencontrées », souligne-t-elle.

Pr Prosper Zombré, président du jury

Après douze années de recherches, de courage, d’abnégation, aujourd’hui, c’est un sentiment de joie et de soulagement qui l’anime. La désormais docteur a réitéré ses remerciements à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la rédaction de son document mais aussi à la réussite de cette soutenance, notamment le Pr Michel Sédogo, son directeur de thèse, et le Pr Bismarck Nacro, le co-directeur de thèse.

A l’issue de l’exposé suivi des échanges avec le jury présidé par le Pr Prosper Zombré, professeur titulaire des universités du Burkina Faso, la thèse de Delphine Bernadette Ouédraogo a été jugée recevable avec la mention « Très honorable ».

Pour le président du jury, Pr Zombré, « le travail de Mme Ouédraogo est de qualité. C’est la première fois que nous voyons un travail de cette ampleur. Sur le plan de la forme et du fond, nous étions tous unanimes que c’est un travail qui est correct. La présentation orale, la présentation écrite et la manière dont les questions ont été répondues de manière aisée... Le thème est pertinent et est d’actualité. C’est vraiment un bon travail », s’est-il justifié.

Le Pr Nacro trouve que le document est bien rédigé. Il a apprécié de manière positive la qualité du travail. « Elle a montré qu’il est possible de nourrir la population urbaine à partir de la production tout au long de ce continuum. C’est l’occasion de saluer le courage dont elle fait montre, la maîtrise de ses travaux de recherches et la qualité de son exposé. C’est pourquoi le jury a apprécié en lui donnant la plus haute distinction possible, la mention très honorable avec les félicitations du jury », a indiqué le co-directeur de thèse.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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