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Sécurité routière : petits trous, grandes conséquences

Publié le lundi 5 septembre 2005 à 07h23min

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Ils érigent leur lit au beau milieu du bitume. La saga des nids de poules fait des ravages. Entre panique et désolations, les Ouagalais doivent se faufiler sur certains bitumes pour aller vaquer à leurs occupations. Avec la saison hivernale, les nids de poules occasionnent pas mal d’accidents avec parfois des conséquences incalculables.

Ouagadougou n’a pas seulement peur du choléra. En cette saison hivernale, un autre danger guette les Ouagalais : les nids de poules font des victimes sur nos routes.

Circuler sur certaines voies bitumées devient un parcours du combattant pour les usagers. Goudrons dégradés, des nids de poules d’une profondeur parfois incroyable sur le bitume, la route tue.

Le constat est frappant et désolant. Au secteur N°10 (Larlé), l’avenue du Larlé Naba Abga est dans un piteux état. Ce jour-là il était 8 heures. Les Ouagalais vont au boulot. Le trafic routier est dense.

Au milieu de cette avenue, des nids de poules divisent le bitume en deux. Pour les avertis, pas de problème, le piège est connu. Il faut se faufiler pour éviter de chuter. Les néophytes ou ceux qui n’ont pas "l’information" sur l’état de la route, sont laissés à eux-mêmes. Les uns se faufilent donc, font de la gymnastique en vue de trouver le bon chemin. Les autres, surpris, "tombent" dans le trou. D’autres encore, ralentissent, histoire de ne pas endommager de leur engin. Les riverains s’occupaient de leurs affaires. Alors que certains installent leurs étals, d’autres plus matinaux, reçoivent leur premier client. La journée débute bien, c’est selon. Une chaleur "aoûtienne" règne en cette matinée. Sur l’avenue du Larlé Naba Abga, le bruit des motos et le vrombissement des voitures retiennent l’attention.

Pour leur part, les usagers observent, impuissants, l’état de délabrement de la route. "Les nids de poules sont très mauvais pour la circulation. Ils usent les pièces des engins (motos, vélos, voitures...). en évitant un trou, on peut provoquer un accident ou tomber", s’insurge Thierry Ouerécé, étudiant.

"Il va plus loin et interpelle à l’entretien du goudron". "Il faut entretenir régulièrement le bitume pour corriger ce qui ne va pas", a dit le jeune, assis sur sa moto, l’air préoccupé par ce qui l’attend.

Pour lui, les nids de poules sont dus à la vieillesse du bitume. Un riverain qui a requis l’anonymat embouche la même trompette que Thierry, affirmant qu’une route usée provoque d’énormes dégâts. "Les routes sont gâtées ici (NDLR : à Ouagadougou). Si les autorités peuvent les réparer qu’elles le fassent", soutient l’homme, debout à côté d’un caniveau dans lequel stagne une eau noirâtre, source de maladies.

"Regardez, cette rue. Elle est parsemée de trous", dit-il l’air résigné et préoccupé à installer son étal pour mieux affronter la journée. En cas de pluie, impossible de distinguer la bonne partie du bitume de la mauvaise. Les eaux de pluies stagnantes sur les voies, on peut se retrouver facilement à terre.

Harouna Ouangrawa, l’ami de la route

Sur l’avenue du Boulmiougou, sise en face du maquis le Challenge, le scénario est identique.

Certains riverains ne mâchent pas leurs mots. "Les nids de poules sont inacceptables dans une grande ville. Ces trous provoquent à longueur de journée (l’avenue de Boulmiougou) des accidents mortels", s’indigne Zozo, aide commerçant et électricien. Et d’ajouter que l’axe Gounghin (secteur N°10). Lycée St Joseph est impraticable en saison hivernale. La poussière, les trous constituent un calvaire pour les Ouagalais, affirme Zozo.

A une centaine de mètres de là, l’œuvre de Harouna Ouangrawa retient l’attention.

Profitant des feux tricolores, l’homme vêtu d’un jean, tapettes aux pieds s’affaire à boucher les nids de poules. Entre deux arrêts aux feux, il déverse de la terre dans ces trous.

Harouna transpirait à grosses gouttes. Ami de la route, il fait ce travail depuis 5 ans. Gounghin, Ouaga 2000, Petit Paris (un quartier résidentiel de Gounghin, etc. sont entre autres ses zones d’activité. "Ici, j’ai déterré une barre de fer qui était à côté du goudron", affirme Harouna tout en l’indiquant de la main l’objet. "Personne ne me donne de l’argent pour ça. Seulement, les usagers reconnaissent le bien-fondé de mon travail en ces termes : ah mon ami, c’est bon", a dit Harouna, le sac à l’aide duquel, il bouche les trous en mains. "Ce que fait ce jeune là-bas est louable", se réjouit Zozo pour qui les autorités doivent faire quelque chose. Ce travail de Harouna s’appelle du volontariat.

Si les nids de poules sont inacceptables pour certains, il n’en demeure pas moins que pour d’autres, "les gendarmes couchés" sont une exagération. "Ces gendarmes couchés" érigés à tort ou à raison endommagent les voitures, brisent souvent leurs amortisseurs, précise Joseph Ki, un mécanicien-chauffeur.

Pour lui, les trous sont dus au manque de suivi dans la réparation des goudrons de la capitale, affirme-t-il en émoi. Car, il vient en effet d’échapper à un accident après être tombé dans un trou. Témoignant, il a déclaré qu’un de ses collègues est tombé dans un nid de poules et s’est brisé la jambe.

Mlle Zongo pour sa part renchérit en ces termes : "J’ai été victime de ces trous en février dernier. Franchement, les nids de poules causent beaucoup de dommages aux usagers". Les autorités devraient colmater ces trous afin qu’ils ne deviennent des nids de "dindons", souligne un usager tout en avouant avoir été témoin d’accidents dus à ces trous.

S. Nadoun COULIBALY (coulibalynadoun2002@yahoo.fr)
Sidwaya

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