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Ministère de l’Environnement : Des forages et des digues pour protéger les crocodiles sacrés de Bazoulé et de Sabou

Publié le vendredi 20 décembre 2019 à 23h00min

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Ministère de l’Environnement : Des forages et des digues pour protéger les crocodiles sacrés de Bazoulé et de Sabou

Le ministre de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, Nestor Batio Bassière, a visité, le jeudi 19 décembre 2019, les réalisations du Projet d’atténuation du stress hydrique sur la grande faune au Burkina Faso (PASHF) sur les sites des mares aux crocodiles sacrés de Bazoulé dans la région du Centre et de Sabou dans le Centre-Ouest.

Les deux mares ont bénéficié chacune de deux forages d’un débit de 6 m3 par heure chacun, pour palier le problème de manque d’eau qui menace l’espèce en saison sèche. Le pompage est automatique et s’étend sur 8 heures dans la journée, explique le coordonnateur du PASHF, Isidore Sama. En plus des deux forages, la mare de Bazoulé a aussi bénéficié de deux boulis. Le coût global des réalisations est d’environ 120 millions de F CFA, soit environ 99 millions à Bazoulé et 22 millions de F CFA à Sabou.

Selon le ministre de l’Environnement, quand on parle de protection des ressources fauniques, on parle aussi de création de toutes les conditions pour permettre à ces ressources de vivre dans un cadre sain afin de pouvoir s’épanouir. C’est dans cette lancée, explique-t-il, que le gouvernement a mis en place le Projet stress hydrique pour accompagner l’ensemble des aires protégées et des biens culturels au Burkina Faso. « Il était alors important de venir constater de visu ce qui a été réalisé dans le cadre du projet et d’inviter les populations à accompagner le gouvernement dans la protection et l’entretien de ces infrastructures », a-t-il déclaré. L’eau étant une ressource essentielle mais parfois rare, il est urgent que les efforts soient conjugués dans le secours porté à l’espèce animale.

Le président du comité de gestion, Prosper Kaboré, raconte qu’à Bazoulé, les populations parcouraient des dizaines de kilomètres à la recherche de la ressource précieuse qu’est l’eau. Par la suite, les populations ont découvert un nid de crocodiles qui était une source intarissable d’eau. Les populations avaient peur de s’y rendre pour chercher l’eau mais leur roi les a rassurées. Et c’est ainsi que les femmes pouvaient trouver de l’eau tout près de leurs concessions et ainsi naquis une coexistence entre les deux espèces qui était partie pour durer une éternité. Pour remercier les crocodiles, les populations ont décider de leur creuser une mare afin de les garder près d’elles. Chaque année est célébrée une fête en l’honneur des crocodiles. Et lorsqu’un crocodile meurt, il est inhumé comme un humain et des funérailles sont organisées en sa mémoire.

A Sabou, l’histoire est similaire à la précédente. C’est le chef de terre qui, en tournée de chasse, a épuisé sa gourde d’eau. Il eut tellement soif qu’il tomba dans le coma. C’est dans son coma qu’un crocodile l’a secouru en l’abreuvant d’eau de marigot, qu’il transportait à l’aide de sa queue. Revenu à lui-même, il alla raconter à sa communauté ce qui lui était arrivé. Le roi du village ordonna alors qu’il soit creusé une mare qui servirait d’abri aux crocodiles, en guise de reconnaissance. Le traitement réservé aux crocodiles sacrés à Bazoulé est le même qu’à Sabou. A Sabou tout comme à Bazoulé, les crocodiles sont des intercesseurs pour ceux qui veulent solliciter des faveurs à la nature.

Le coordonnateur du PASHF, Isidore Sama, a déclaré que ces dernières années, avec le changement climatique, la sècheresse est devenue accrue. Il y a eu des pics en 2011 et 2015 où tous les points d’eau avaient séché au niveau des aires fauniques, particulièrement dans la région de l’Est. C’est ce qui a conduit le gouvernement à adopter un plan d’urgence en 2015 pour essayer de juguler le problème, mais cela n’a pas suffi, explique-t-il. Il a fallu alors transformer ce plan d’urgence en projet pour avoir une vision à moyen terme. Et ce projet vise essentiellement à disponibiliser l’eau pour les animaux sauvages au niveau des aires fauniques.

« Par extension, nous avons remarqué que le problème d’eau n’est pas seulement au niveau des aires fauniques classiques. Voilà pourquoi certains sites comme Bazoulé, où les crocodiles avaient un sérieux problème d’eau, ont été pris en compte dans le projet », ajoute le coordonnateur du PASHF.

Le projet a réalisé jusqu’à lors 22 forages semblables à ceux de Bazoulé et Sabou, une dizaine de mares et d’autres points d’eau. Là où il peut y avoir du regret, selon le coordonnateur, c’est dans la zone de l’Est où les réalisations ont été partielles compte tenu du phénomène de terrorisme qui y sévit. Les acteurs nourrissent donc l’espoir de voir la situation sécuritaire s’améliorer, pour l’atteinte des objectifs que le projet s’est fixés.


A LIRE AUSSI : Tourisme : Il faut sauver la mare aux crocodiles sacrés de Bazoulé


Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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