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15e édition de Ciné Droit Libre : Les Fake news s’invitent au débat

Publié le jeudi 12 décembre 2019 à 14h00min

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15e  édition de Ciné Droit Libre : Les Fake news s’invitent au débat

Débutée le 7 décembre dernier, la 15e édition de Ciné Droit Libre bat son plein sous le thème « Pourquoi la démocratie ? ». Parrainée par le Pr Théophile Obenga, la présente édition donne l’occasion de s’interroger sur la démocratie à une période où l’Afrique est secouée par de multiples crises de gouvernance. Aussi, fidèle à son mode de fonctionnement un film, un thème, un débat, l’édition 2019 offre une tribune d’échanges et de sensibilisation des populations sur des thèmes, des films qui suscitent des questionnements. C’est ainsi que l’espace Gambidi a été le cadre le dimanche 8 décembre 2019 du débat sur les « Fake news ». Les panélistes du jour, que sont Boureima Salouka de l’académie de la Deutsche Welle, Rodrigue Tagnan, chargé de communication du REN-LAC et Hyacinthe Sanou, directeur des rédactions de radio Oméga ont tour à tour dans leurs interventions donné leur point de vue sur ce nouveau phénomène.

Définies comme informations fallacieuses ou fausses nouvelles, les « Fake news » constituent une information mensongère délivrée dans le but de manipuler ou tromper un public. Ces dernières années, le phénomène des Fake news s’étend sur le Web aux dépens des internautes.

Ces fausses informations peuvent être propagées dans des buts différents. Certaines ont pour objectif de tromper le lecteur ou d’influencer son opinion sur un sujet particulier. D’autres sont fabriquées de toutes pièces avec un titre accrocheur pour densifier le trafic et augmenter le nombre de visiteurs sur un site. Elles participent à la désinformation par l’intermédiaire des médias traditionnels ou des médias sociaux.

A travers le film d’Astra Taylor, « L’usine à mensonges », les panélistes ont reconnu que ce phénomène est très dangereux pour le métier de journaliste. Si le phénomène des Fake news a pris une ampleur au cours de l’élection présidentielle de 2016 aux États-Unis avec l’accession à la Maison blanche de Donald Trump et la victoire en Grande-Bretagne avec des partisans du Brexit, cette tendance existe au Burkina Faso, selon Boureima Salouka, même si elle n’est pas encore une usine à mensonges.

Cependant, avec les futures élections en 2020, le contrôle du phénomène ne sera pas facile. Pour Rodrigue Tagnan, la faute revient quelque peu à l’éclosion d’internet qui est un parfait vecteur pour les Fake news. Pour lui, Google News, Facebook ou encore Twitter ont indirectement participé à la propagation de ces informations trompeuses, car les journalistes sont dans l’urgence de l’information. Aussi, ceux qui ont recours à cette méthode ne sont pas soumis à la déontologie journalistique.

Pour Hyacinthe Sanou de radio Oméga, malgré cet aspect, l’identification d’une fausse information relève d’un travail journalistique. En effet, pour lui, plusieurs questions doivent ainsi être soulevées afin d’identifier la véracité d’une information. Il est tout d’abord important de vérifier la source de cette information. Cette dernière est-elle fiable ? A-t-elle pour vocation d’être neutre ? A-t-elle un intérêt particulier dans la propagation de cette information ?

En multipliant de façon exponentielle les fausses nouvelles, les réseaux sociaux ouvriraient une nouvelle ère de l’information, baptisée « ère post-vérité », a relevé Rodrigue Tagnan. Il exprime une crainte pour les prochaines années. Dans cet ordre d’idées, selon lui, le code pénal ne favorise pas le travail des journalistes des médias traditionnels en se référant au contexte sécuritaire du Burkina Faso. Sur ce sujet, tout en reconnaissant que le code pénal a créé un blocage au niveau des journalistes, le directeur de rédaction de Radio Oméga a pour sa part estimé que le journaliste a besoin de vérifier son information et de la hiérarchiser.

Toujours selon Hyacinthe Sanou, le public, malgré les Fake news, s’informe auprès des médias traditionnels professionnels. La raison du succès des fake new pour Boureima Salouka est la peur perçue au niveau des journalistes. Ainsi la nature ayant horreur du vide, les promoteurs des Fake news, ont ainsi saisi l’opportunité et occupé l’espace. Pour lui, les fake news, bien qu’elles aient été identifiées comme fausses, deviennent banales plutôt que de susciter la polémique. Le public partage des informations non vérifiées ; car avec le relâchement des journalistes dans leurs activités, la répétition du message et la multiplication des sources obligent celui-ci à croire en celles-ci, a déclaré Rodrigue Tagnan. Et d’ajouter que la diffusion massive des fake news influence de manière négative la capacité du public à identifier une information comme étant fausse.

De l’avis également de Boureima Salouka, le journaliste est aussi responsable, car son rôle est de transmettre des informations dont la véracité est établie de la manière la plus objective possible. Le contexte de concurrence entre médias et la course aux scoops poussent les journalistes à communiquer le plus rapidement possible sur les événements, afin d’augmenter l’audience et les vues sur internet. Ainsi, pour Boureima Salouka, le journaliste fait le choix entre la rapidité d’informer et la certitude de la vérité des faits.

Pour Hyacinthe sanou, face à un tel phénomène, la rigueur journalistique et le retour aux bases pédagogiques sont nécessaires. Les fake news, dira-t-il, ont pour objectif de ressembler aux médias traditionnels, afin d’établir une certaine crédibilité auprès du public. Leur apparence sérieuse pousse le public à les partager. Il appartient alors au journaliste de rester professionnel.

Juste Ephrem ZIO
Lefaso.net

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