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Littérature : Dr Hyacinthe Ouédraogo propose « Le rêve burkinabè », pour rompre avec « la médiocrité »

Publié le samedi 7 décembre 2019 à 17h00min

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Littérature : Dr Hyacinthe Ouédraogo propose « Le rêve burkinabè », pour rompre avec « la médiocrité »

« Le rêve burkinabè » est le nouvel essai social et politique du Dr Hyacinthe Ouédraogo, enseignant-chercheur en histoire à l’Université Joseph-Ki-Zerbo. A l’occasion de la sortie de cet ouvrage, Lefaso.net est allé à sa rencontre. Il nous a confié que son œuvre présente une analyse succincte des maux qui minent la société et le développement économique depuis l’indépendance, et fait des propositions de solutions pour une révolution profonde des mentalités et une rupture avec la médiocrité.

« Le 28 août 1963, aux Etats-Unis d’Amérique, un jeune afro-américain [Martin Luther King, ndlr], fatigué par la barbarie de la ségrégation raciale et le mépris infligé par les Blancs aux Noirs, prononçait un discours mémorable. C’était l’expression de sa soif du changement et de sa conviction de la justesse de son combat. Devant le Lincoln Memorial à Washington, il clamait : ‘‘I have a dream (j’ai un rêve)’’ », campe l’auteur.

Avec son œuvre « Le rêve burkinabè », Dr Hyacinthe Ouédraogo confie qu’il s’agit « d’offrir au peuple burkinabè un récapitulatif de l’histoire nationale et des potentialités variées dont regorge le pays, et qui peuvent servir de tremplin au développement. Ensuite, présenter une analyse succincte des maux qui minent la société et le développement économique depuis l’indépendance. Enfin, faire une proposition de solutions pour une révolution profonde des mentalités et une rupture avec la médiocrité. Ce livre reste généraliste du fait que j’ai voulu aborder divers sujets dans ce premier volume. De ce fait, il est juste un repère de réflexion que, dans maints domaines, des études spécifiques pourront approfondir. (Les prochains tomes se voudront plus spécifiques). La motivation première est de participer à la transformation qualitative du capital humain, principale ressource de tout pays et, partant, le moteur du développement économique et du progrès social ».

A l’occasion de la présentation de son livre, Dr Hyacinthe Ouédraogo avait déclaré : « Oui, Martin Luther King Jr. avait le rêve de la reconnaissance des droits civiques des Noirs, d’une société américaine de justice et d’égalité entre les races ». Parlant du Burkina Faso, l’auteur déclare ceci : « Aujourd’hui, quand on jette un regard sur la société burkinabè, on ne peut s’empêcher de nourrir un rêve aussi ambitieux que celui de ce leader américain. La perversion des mœurs, la déperdition des valeurs culturelles, morales, sociales et civiques est de plus en plus inquiétante. Le sous-développement, la mal-gouvernance, les crises sociopolitiques, les maux sociaux et l’insécurité sont les preuves de la piètre qualité de la vie de la majorité de la population et témoignent que le corps social burkinabè est bien malade ».

Pour lui, la société burkinabè dans son ensemble a besoin de profondes réformes sans lesquelles, ni la cohésion sociale, ni le développement socioéconomique ne seront possibles. « Le changement de mentalités, la révolution des habitudes, la connaissance et l’appropriation de notre histoire et de nos valeurs multiples, la requalification du capital humain sont de vastes chantiers de défis nationaux qui obligent à repenser un nouveau type de société, donc à redéfinir un nouveau rêve national, s’il y en avait un ».

Parlant des Etats-Unis d’Amérique, Dr Hyacinthe Ouédraogo a déclaré que chaque pays a un rêve spécifique qu’il doit nourrir et qui sera le fardeau partagé de tous les citoyens dont le sens élevé du patriotisme et du don de soi seront les sources d’émulation : « C’est pourquoi nous, Burkinabè, devons parler du rêve burkinabè, cette aspiration d’assister à une transfiguration nationale, à l’émergence d’une société prospère, plus juste, plus paisible et plus puissante. C’est aussi cette vision du futur qui peut nous armer de courage pour affronter les défis et pour triompher des tristes réalités. C’est un refus de l’humiliation, de la banalisation de notre pays et de notre existence. C’est une question de vocation individuelle et de destinée commune », dixit Dr Hyacinthe Ouédraogo.

« Le rêve burkinabè » est une analyse de la situation socioéconomique et politique du Burkina, une dénonciation d’insolents mensonges, une remise en cause de nombreux stéréotypes, une invite à une vision nouvelle, à un changement du style de vie. « Le rêve burkinabè » est une aspiration au réveil économique et à la transformation sociale du Burkina Faso et de l’Afrique, des contrées où devront disparaître les tares sociales et l’anomie, un monde du triomphe de la vertu humaine, de la démocratie et de la bonne gouvernance. La transmutation du capital humain, facteur premier de ce progrès social et du développement économique, passe par l’engagement de chaque individu à rompre avec la médiocrité, la découverte et la mise en valeur du divin potentiel (physique et spirituel). La résultante d’une telle révolution civilisationnelle ne peut être que l’émergence d’une société nouvelle dans un Burkina de paix, de stabilité et de prospérité.

A travers les lignes de l’ouvrage, l’auteur rappelle que le défi colossal est donc la transformation du capital humain. « Une transformation partie d’une prise de conscience, d’un refus des préjugés, d’une quête de la véritable identité, d’une manifestation du divin potentiel. La découverte de l’importance de la conscience positive, de la superpuissance du subconscient et l’application des lois du succès doteront chaque Burkinabè des bagages nécessaires pour rendre possibles les réalités dites impossibles. C’est une question de destinée ; mais bien avant, tout une question d’idéologie, d’engagement et de qualité de vie. C’est le gage de l’émergence d’une société nouvelle faite d’hommes vertueux comme l’a recherché le président Thomas Sankara. Le développement du leadership individuel et le déploiement du capital humain transmuté à l’échelle nationale offriront au Burkina Faso des secteurs socioéconomiques performants dont le dynamisme assurera sa croissance économique et son affirmation au plan international. Les prochains rendez-vous de l’histoire seront glorieux ».

L’universitaire dit avoir « une passion pour la grandeur et la suprématie de notre cher Faso en Afrique et dans le monde ». Ainsi, il rappelle que « Le rêve burkinabè est, avant tout, un écrit satirique et interpellateur qui promène sa loupe sur le passé et le présent, les hommes et le milieu du Burkina Faso et de l’Afrique. Des mérites des temps anciens du peuple burkinabè aux conséquences dramatiques de l’héritage colonial et à l’agonie morale des sociétés du XXIe siècle, tous les maux s’invitent dans le procès de cet essai social et politique. Il décrit et s’attaque aux causes du délitement social qui procède de la dégradation continue de la mentalité humaine : perversion des mœurs, corruption et concussion, laxisme, incivisme, cupidité, exploitation de l’homme par l’homme, etc. L’autopsie passe en revue les raisons de la déliquescence de l’Etat et des crises sociopolitiques actuelles : la mal gouvernance, l’irresponsabilité des populations, le naufrage du système éducatif et la perte continue de l’identité culturelle et nationale ».

Fortement inspiré du sankarisme, « Le rêve burkinabè » est une invite à une révolution des mentalités, à un changement du style de vie, à l’appropriation de la glorieuse histoire nationale, à la requalification du capital humain, à la valorisation du patrimoine national et des potentialités naturelles multiformes. « C’est en cela que résident les mensonges insolents à démasquer et la vérité longtemps captive, à découvrir et à imposer au monde entier. Pour sa réhabilitation, l’Afrique doit se libérer des griffes de la barbarie occidentale et des stigmates de l’histoire. Elle est venue, l’heure de sortir des méandres du néocolonialisme et de s’affranchir de toutes les formes de dépendances. Chaque citoyen doit avoir une estime profonde des valeurs républicaines et une haute conscience citoyenne : intégrité, patriotisme, sacrifice, altruisme, etc. Tout cela reste assujetti à un travail de conscientisation, une redéfinition des politiques éducatives ».

Lefaso.net

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