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Produits de grande consommation : Les Burkinabè dans la tourmente

Publié le vendredi 2 septembre 2005 à 07h42min

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L’enquête parlementaire sur les produits de grande consommation et le démantèlement de certaines huileries posent le problème de la qualité des marchandises vendues au Burkina Faso. Les consommateurs ne savent plus à quel saint se vouer. La Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) se montre souvent aphone. Les structures habilitées à procéder au contrôle des produits disent qu’elles n’ont pas les moyens.

Si le Burkina Faso est reconnu dans la sous-région comme un pays où le coût de la vie est supportable, la population mangeant à peu de frais, les consommateurs doutent de plus en plus de la qualité des produits qu’on leur sert. Beaucoup mangent mal souvent au prix de leur santé.

C’est ce que sous-entend l’enquête parlementaire sur les produits de grande consommation et le démantèlement des huileries "clandestines" en juillet dernier à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Ces deux missions ont révélé des commerçants et des entrepreneurs qui n’hésitent pas à outrepasser les normes alimentaires recommandées, les conditions de fabrication ou de conservation des produits.

Les dates de péremption sont falsifiées à volonté. Eaux minérales, huiles, laits sont les produits de grande consommation dont la qualité est de plus en plus remise en cause. Les gammes très variées de ces aliments sur le marché suscitent un doute perpétuel chez les consommateurs, d’autant plus qu’ils ne savent pas toujours ni la provenance, ni les méthodes de fabrication de ce qu’ils mangent.

Des structures de contrôle sans moyens

Aussi louables que l’enquête parlementaire, les contrôles inopinés opérés par certaines structures (service d’hygiène, Inspection générale des affaires économiques, Laboratoire national de santé publique) et le démantèlement de certaines unités puissent paraître, le goût inachevé de ces missions laisse les consommateurs perplexes. L’enquête parlementaire bien qu’ayant reçu l’assentiment et la satisfaction de toute la population a été entourée, en son temps, d’un mystère.

Les enquêteurs ont voulu entretenir la confidentialité des résultats de leurs travaux et les transmettre à qui de droit pour suite à donner. "Enterrer un cadavre et laisser ses pieds dehors" avait ironisé l’éditorialiste de Sidwaya. La publication intégrale de l’enquête n’a pas induit les mesures souhaitées sur le terrain. Les promoteurs peu scrupuleux continuent d’empoisonner les consommateurs. Les structures devant prendre le relais de telles enquêtes et procéder aux contrôles de routines des aliments et des produits dans les surfaces de vente ou dans les restaurants sont limitées dans leurs actions. Leurs responsables soutiennent ne pas disposer de moyens conséquents pour des actions plus énergiques. Quand les éléments du service d’hygiène sortent sur le terrain accompagnés des services de sécurité, outre le constat visuel peu fiable des lieux, ce sont des documents administratifs autorisant le restaurateur ou le boucher à s’installer qui les intéressent le plus.

La qualité de ce qu’il vend importe peu.

Les prélèvements pour les analyses vétérinaires et microbiennes de ce qui doit être consommé ne sont pas leur tarte. Or, "l’on peut s’installer légalement et mener des activités illicites". Ainsi les "Maggi blancs", les huiles frelatées ou mélangées, les viandes non inspectées sont utilisés dans la cuisson des repas. Minimiser les coûts de production pour tirer le maximum de bénéfices semble être la devise de certains commerçants (restaurateurs notamment).

Et bonjour les maux de reins, de ventre, de cœur, diminution de l’acuité visuelle, etc ! C’est avec stupéfaction que des consommateurs bobolais qui ont longtemps raffolé d’un porc au four de renommée locale ont appris avec stupéfaction que le boucher précipitait la cuisson de la viande avec du carbure. Evidemment, il proposait par jour au moins sept (7) "Gabi" à sa clientèle friande de chair porcine.

La mauvaise qualité des produits se révèle plus tard mais les inconvénients (maladies) n’attendent pas : "mieux vaut prévenir que guérir". Les efforts des pouvoirs publics dans la sensibilisation des commerçants sur la nécessité de garantir la qualité des produits semblent tomber dans l’oreille d’un sourd. N’est-il pas temps de sévir ?

Une ligue des consommateurs aphone

L’une des structures qui a été créée pour défendre les consommateurs est souvent muette. Il y a quelques années, la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) donnait de la voix dans les médias (émissions télévisées, conférences de presse, publications diverses) pour attirer l’attention de ses membres et des pouvoirs publics sur des problèmes de consommation et de commercialisation des produits. Sans disposer de pouvoir décisionnel, elle constituait un contre-pouvoir qui pousse les services compétents à prendre leurs responsabilités pour préserver le bien-être des citoyens. Cette époque est-elle révolue ? La ligue semble absente au moment où le consommateur burkinabè est dans la tourmente. Non seulement les prix des produits de première nécessité augmentent sans cesse mais aussi leur qualité et certaines prestations de services laissent à désirer. C’est le cas de cette compagnie aérienne qui a abandonné les passagers à leur sort, sans aucun égard et sans les prises en charge inhérentes aux longs retards et aux annulations de vol.

Sans demander à la Ligue des consommateurs ou aux autres associations de consommateurs de jouer au gendarme ou de se substituer aux services d’analyse, elles doivent accomplir les missions conformément à leurs objectifs : appeler au respect de la qualité des produits, sensibiliser ses membres, appeler les consommateurs à la vigilance. "Vouloir c’est pouvoir". L’Union nationale des consommateurs du Sénégal (UNACOS) a mis en œuvre cette devise et l’adhésion populaire lui a permis de remettre en cause la qualité de la toute puissante firme "Coca Cola". Cela est aussi possible au Faso pourvu que les organisations de consommateurs jouent leur partition. Il y va du bien-être de tous.

Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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