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Lutte contre la résistance antimicrobienne (RAM) au Burkina Faso : Les acteurs se mobilisent pour plus d’efficacité et d’engagements

Publié le mardi 26 novembre 2019 à 19h00min

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Lutte contre la résistance antimicrobienne (RAM) au Burkina Faso : Les acteurs se mobilisent pour plus d’efficacité et d’engagements

Les professionnels de la santé humaine, animale et de l’environnement ainsi que les acteurs communautaires et les décideurs ont été sensibilisés le samedi 23 novembre 2019 sur les défis à relever en vue d’un usage rationnel des antibiotiques. Cette table ronde s’est tenue dans le cadre de la Semaine Mondiale pour un bon usage des Antibiotiques.

Dans le cadre de la Semaine Mondiale pour le bon usage des Antibiotiques, le Laboratoire National de Référence sur la RAM (LNR-RAM), l’ Observatoire Burkinabè pour la Qualité et la Sécurité des Soins (OBQUASS), le Ccomité de Coordination sur la résistance antimicrobienne au Burkina Faso (CC-RAM) avec le soutien financier et technique de la FAO et de l’OMS ont organisé le samedi 23 novembre 2019 une table ronde sous le thème : « l’avenir des antibiotiques dépend de nous tous ».

Cette table ronde avait pour objectifs de sensibiliser les professionnels de la santé humaine, animale et de l’environnement ainsi que les acteurs communautaires et les décideurs sur les défis à relever en vue d’un usage rationnel des antibiotiques.
Elle vise également à faire le plaidoyer pour obtenir plus d’engagement les décideurs dans le cadre de la lutte contre la RAM au Burkina Faso.

En effet, la résistance aux antimicrobiens qui est un problème de santé publique d’ampleur mondiale pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde si rien n’est fait.

Cependant, cette menace globale demeure maîtrisable si les actions nécessaires sont mises en place. Pour cela, le Plan d’Action Mondiale pour combattre la résistance aux antimicrobiens adoptée par l’Assemblée Mondiale de la Santé en mai 2015 invitait chaque pays à se doter d’un plan d’action national sous une approche ‘’Une seule santé-One Health’’ afin de maitriser l’antibiorésistance dans tous les secteurs.

Dr André Nagalo

En Afrique Sub Saharienne, cette problématique est aggravée par d’autres facteurs tels que la vente libre des antibiotiques, l’automédication, les mauvaises conditions d’hygiène à l’hôpital, l’utilisation des antibiotiques dans la filière animale, l’insuffisance de connaissance des acteurs de la santé humaine, animale, et environnementale dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens...

Au niveau du Burkina, selon Dr André Nagalo, des données du réseau national de surveillance ont montré qu’il y’a de nombreuses bactéries qui résistent aux antibiotiques couramment utilisé dans nos centres de santé comme la ceftriaxone, l’erythromycine, la ciprofloxacine, l’amoxicilline etc ; et qu’il y’a de plus en plus des bactéries pour lesquels le Burkina n’a plus forcément les moyens pour prendre en charge les malades qui souffrent de ces pathologies.

Il s’agissait à travers la table ronde, d’interpeller la conscience de tous les décideurs, les participants sur la nécessité d’entreprendre des actions notamment pour limiter l’accès à ces antibiotiques car dit-il « l’une des causes de la résistance des bactéries aux traitements utilisés régulièrement est dû à l’auto médication quel que soit le type de maladie, l’usage abusif dans le secteur de l’élévage. Pourtant un adage dit « qu’un antibiotique n’est pas un bonbon, on ne le prend pas à tout vent ».

Ainsi lorsque ces règles ne sont pas respectées, on apprend aux bactéries à résister aux infections qui existent et le jour qu’on a un problème plus sérieux dans le contexte présent, « il se peut qu’il n’y’ait pas de médicament qui puisse permettre de vous prendre efficacement en charge et on sait ce que cela peut entrainer » met en garde le Dr Nagalo.

Professeur Mahamoudou Sanou

Le Dr Nagalo conseille donc la prudence pour préserver ce qu’il y’a comme antibiotique car de plus en plus il n’y’a pas de nouveaux antibiotiques sur le marché et il faut donc travailler à conserver le peu d’antibiotiques qu’il y’a aujourd’hui pour que demain quel que soit la situation avec le peu d’antibiotique disponible que les malades puissent être pris en charge à des coûts raisonnables.

Le Professeur en bactério-virologie Mahamoudou Sanou pour sa part recommande étant donné la complexité du problème impliquant plusieurs intervenants (humaine, animale environnement), de conjuguer tous les efforts aussi bien des praticiens mais aussi des décideurs, des gouvernements pour une meilleure prise en charge des patients parce que « si rien n’est fait nous allons passer du rêve des antibiotiques à la désillusion à cause de l’utilisation anarchique et de vente illicite de médicaments de la rue ».

Cette table ronde intervient après une conférence publique organisée plus tôt dans la matinée en faveur des étudiants issus d’université, instituts et écoles des secteurs concernés par la problématique de la RAM et devrait donc permettre d’atteindre les objectifs de sensibilisation et d’engagement de tous les parties prenantes pour un bon usage des antibiotiques au Burkina Faso.

Haoua Touré
Lefaso.net

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