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Violences basées sur le genre : Les femmes, premières victimes des normes socioculturelles

Publié le jeudi 21 novembre 2019 à 16h02min

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 Violences basées sur le genre :  Les femmes, premières victimes des normes socioculturelles

Les violences basées sur le genre (VBG) se produiraient à un rythme impressionnant au Burkina. C’est ce qui ressort de l’étude exploratoire sur la prévention et l’élimination de la violence basée sur le genre. Les résultats de l’enquête ont été restitués ce jeudi 21 novembre 2019, à Ouagadougou. C’était au cours d’un atelier organisé par la Fondation Trust Africa et le Centre d’information et de formation en matière de droits humains en Afrique (CIFDHA).

Disposer de données probantes et permettre une bonne compréhension des types et de l’ampleur des violences basées sur le genre, principalement en milieu rural dans les régions du plateau Central, du Nord, du Centre- Nord, des Hauts-bassins et des Cascades du Burkina Faso. Tel était l’objectif de cette étude commanditée par la fondation Trust Africa. Conduite du 13 au 18 août 2019, l’enquête a permis de réaliser 10 entretiens de groupes auprès de jeunes filles et jeunes garçons et 84 entretiens individuels dont 32 femmes et 52 hommes et a ciblé deux communes (urbaine et rurale) dans chacune des cinq régions. « Quand on parle de violences basées sur le genre, il ne s’agit pas seulement de violences faites aux femmes, ça concerne aussi les violences faites aux hommes. Il était important de faire cette étude exploratoire pour permettre aux différents acteurs intervenant dans ce domaine de mieux orienter leurs actions aussi bien de prévention que de lutte contre ces violences », a indiqué le directeur exécutif du CIFDHA, Urbain K. Yaméogo.

Soulignant que cette problématique n’est pas une spécificité du Burkina Faso, le directeur exécutif du Centre d’information et de formation en matière de droits humains en Afrique note qu’indépendamment de certaines causes profondes, la nature et l’intensité de la violence peuvent varier d’une localité à une autre. A ce propos, concernant le Burkina, dit-il, des causes fondamentales d’ordre culturel pèsent énormément sur cette problématique. Et Olivia Tchamba, chargée de programme à la Fondation Trust Africa, de soutenir que certaines normes sociales néfastes (facteurs socioculturels), le faible niveau d’instruction, les arguments religieux et économiques expliqueraient en partie ces violences faites aux hommes et aux femmes

Quelques résultats

Selon l’enquête, les violences basées sur le genre sont largement vécues par les populations du Plateau central. Dans la pratique, l’étude a respectivement identifié les maris, les coépouses, les parents (papa surtout), les tenants des traditions (notables coutumiers et religieux) et les épouses des patrons des jeunes filles comme étant les principaux auteurs des violences faites aux jeunes filles et femmes. S’agissant des jeunes garçons et des hommes, les épouses, les parents des jeunes garçons, la famille (violences économiques et culturelles) et les patrons des jeunes garçons, ont été identifiés comme les principaux auteurs des violences faites à leur endroit. Dans l’ensemble, l’on retiendra que deux types de violences caractérisent cette région, en l’occurrence des violences conjugales en milieu rural , et les violences économiques en milieu rural. Ces violences affectent par ordre d’importante les femmes, les jeunes filles, les jeunes garçons et les hommes.

Le même constat a été fait dans la région des Hauts-bassins où les femmes et les jeunes filles sont les plus touchées par différentes formes de violence. Selon l’étude, les violences faites aux femmes et filles dans cette région pourraient se résumer en sept points que sont les violences conjugales, les violences sexuelles, le mariage forcé, la discrimination faite aux filles dans la scolarisation, l’accès des femmes à la terre, la gestion de l’héritage et les violences psychologiques. Quant aux violences faites aux hommes, elles se caractérisent par les violences conjugales, l’accès des jeunes garçons à la terre et les violences faites aux orphelins.

Dans la région du Centre- Nord tout comme dans les autres régions concernées par la recherche, les populations sont victimes des VBG. Il ressort que les principales concernées sont les femmes et les jeunes filles. Les jeunes garçons et les hommes occupent les derniers rangs. Les VBG les plus rencontrées sont les violences physiques, les accusations de sorcellerie, les violences économiques. Les principales VBG subies en milieu rural sont le lévirat, les mariages forcés et précoces, les répudiations et les accusations. En milieu urbain par contre, ce sont les violences sexuelles et les violences morales qui sont les plus fréquentes. En effet, sont encore marquants les viols, les détournements de mineurs, le travail forcé, les séquestrations, les répudiations et accusations pour faits de sorcellerie. En effet, les normes sociales, coutumières et traditionnelles sont encore pesantes dans cette région.

Dans le Nord, l’étude a révélé que tous les types de violences étaient observés dans la région. En termes d’importance, les violences sociales sont les plus fréquentes à travers les exclusions pour cas de sorcellerie, suivies des violences physiques, des violences morales, verbales et enfin économiques.

La région des Cascades n’a pas fait l’exception. Dans cette localité, les violences affectent plus les femmes et filles que les hommes et les jeunes garçons. Il ressort que la plupart des types de violences se manifestent dans les milieux rural et urbain, avec une tendance beaucoup plus prononcée en milieu traditionnel. Cela pourrait se justifier entre autres par les effets du modernisme de la ville au détriment de la campagne où les populations sont beaucoup plus rattachées aux valeurs traditionnelles. Également, on peut noter la concentration en ville (Banfora) des associations œuvrant dans la lutte contre les VBG au détriment du milieu rural (Moussodougou) où elles sont inexistantes.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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