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Mesures anti-tabac au Burkina : Quatre mois après, le constat est « satisfaisant », selon Afrique contre le Tabac

Publié le mercredi 20 novembre 2019 à 21h57min

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Mesures anti-tabac au Burkina : Quatre mois après, le constat est « satisfaisant », selon Afrique contre le Tabac

Quatre mois après l’opérationnalisation de l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les produits du tabac au Burkina Faso, l’Afrique contre le Tabac (ACONTA), de concert avec des organisations partenaires dont le Réseau des journalistes anti-tabac du Burkina Faso (REJAT-BF), la Ligue des consommateurs du Burkina Faso (LCB) et l’Association burkinabè d’aide au cancer tabagique (ABAC), fait un état des lieux au cours d’une conférence de presse animée ce mardi 19 novembre 2019 à Ouagadougou.

Cette sortie publique a été l’occasion pour les organisations suscitées de donner leur analyse sur la situation de mise en œuvre de l’apposition des avertissements graphiques sur les produits de tabac et sur la loi des finances 2020 au Burkina Faso, mais également de réitérer leur volonté à maintenir le pied sur l’accélérateur dans cette lutte contre le tabagisme.

« En effet, depuis le 1er juillet 2019, les industriels et importateurs de tabac devaient se conformer au marquage sanitaire graphique sur les emballages de cigarettes au Burkina Faso », rappelle le coordonnateur de l’ACONTA, Salif Nikiéma. Ainsi, faisant le constat de la mise en oeuvre de cette mesure, il relève qu’au Burkina, onze entreposeurs ont reçu des agréments pour commercialiser 33 marques de cigarettes, toutes variantes confondues.

« Sur ces 33 marques de cigarettes, 19 échantillons de conditionnements (paquet et carton) ont été transmis au comité inter-ministériel (ministère du commerce, ministère de la santé) pour examen de conformité avec la participation de ACONTA. (…). Sur ces 19 échantillons, 16 marques, toutes variantes confondues, ont été validées. Ce qui donne un taux global de validation de 48.48%. Il y a trois sociétés (BAT, PMI, IT) qui ont fait valider toutes leurs marques qui occupent 80% du marché. Au regard de ces résultats, nous estimons à ce jour, qu’il y a 80 à 85% du marché qui est couvert par les avertissements sanitaires graphiques sur les emballages des produits des tabac notamment des cigarettes », présentent les conférenciers.

Pour eux, le bilan est donc « positif, dans la mesure où nous n’avons que 15% à 20% du marché non marqué par les avertissements sanitaires graphiques ».

Une victoire d’étape pour le Burkina

Selon les responsables de ces associations, quatre mois après la mise en œuvre de la décision des avertissements sanitaires graphiques, et malgré le rappel par écrit du ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, certains importateurs continuent de commercialiser des produits de tabac ne comportant pas d’images sur les paquets de cigarettes.

« Nous qualifions ce comportement d’incivique, une défiance à l’autorité de l’Etat. Par conséquent, nous demandons au ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat d’être ferme en ce qui concerne l’application de la loi en vigueur, c’est-à-dire que nous demandons la saisie pure et simple des tabacs non conformes en vue de leur destruction immédiate et en toute transparence. Tous les industriels et importateurs doivent être soumis aux mêmes règles, aucune exception ne doit être tolérée ni pour les grands ni pour les petits. Il y a quelques importateurs de certaines marques qui jouent au plus fin. Mais une action urgente doit être entreprise », requièrent les conférenciers.

L’introduction des avertissements sanitaires graphiques au Burkina Faso constitue une victoire importante pour la lutte antitabac et aussi pour la santé publique, se félicite Salif Nikiéma, principal intervenant à la conférence. Ces organisations font mention spéciale au ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Harouna Kaboré, pour « son engagement réel et intègre » qui a permis l’aboutissement à ces résultats tangibles qui placent le Burkina à un niveau plus avancé dans la lutte contre le fléau du tabagisme.

Le ministère de la Santé interpellé à plus d’implication dans la lutte

« Cela a été possible grâce à l’implication des leaders coutumiers et religieux et de bien d’autres personnes physiques ou morales qui ont contribué au plaidoyer à l’endroit de nos autorités. C’est le lieu de les féliciter et leur exprimer notre reconnaissance et notre gratitude », soulignent-ils avant d’interpeller : « nous demandons une fois de plus au ministère de la Santé, d’accorder plus d’importance à la lutte anti-tabac. Le tabagisme fait des ravages au sein de la population causant la mort de plus de 4 800 personnes par an dans notre pays (OMS) et c’est en premier lieu, le rôle du ministère de la Santé de protéger la santé des Burkinabè ».

Salif Nikiéma (au micro) avec à sa droite, Valentine Compaoré du REJAT-BF et Khalil Traoré de l’ABACT

En outre, et sur un tout autre volet, les conférenciers ont relevé que le passage au taux unique de 45% a permis au gouvernement d’engranger plus de 24 milliards, soit un accroissement très sensible des recettes de plus de six milliards de 2017 à 2018, contre environ un milliard de progression les années antérieures. « L’industrie n’a pas pu manœuvrer grâce à la ferme volonté du gouvernement et de la vigilance des parlementaires », louent ces structures de lutte anti-tabac, encourageant le parlement à aller plus loin, en taxant très fort les produits du tabac et en appliquant la taxe spécifique de la CEDEAO de 10 F par bâton de cigarettes et 15 000 FCFA par kilogramme pour les autres produits du tabac.

« Si la volonté de l’industrie du tabac se réalise, cela constituerait un recul et une porte ouverte à l’évasion fiscale pour notre pays. Le gouvernement perdra et ce sera aussi l’annonce d’un recul de nos indicateurs de santé notamment en matière de lutte contre le tabac et le tabagisme », avertissent Salif Niékiéma et ses co-équipiers, remerciant leurs partenaires internationaux de lutte, Campaign for Tobacco Free Kids « CTFK », la Framework Convention alliance « FCA » et l’Alliance pour le contrôle du tabac en Afrique « ACTA ».

OHL
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Vos commentaires

  • Le 21 novembre 2019 à 13:34, par figo En réponse à : Mesures anti-tabac au Burkina : Quatre mois après, le constat est « satisfaisant », selon Afrique contre le Tabac

    Ici le choix du gouvernement doit être clair entre d’une part beaucoup de recettes fiscales et l’amélioration de la santé des populations, et d’autre part la soumission au diktat des industriels du tabac, la corruption et le népotisme.
    Il faut taxer fortement le tabac et restreindre les espaces fumeurs comme cela se fait dans les pays d’origine des sociétés productrices. Bravo à toutes ces organisations qui mènent un combat d’avant garde.

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