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Soutenance de thèse : Le Père Albert Théophane Yonli analyse la problématique de l’hépatite virale B au Burkina

Publié le vendredi 15 novembre 2019 à 20h20min

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Soutenance de thèse : Le Père Albert Théophane Yonli analyse la problématique de l’hépatite virale B au Burkina

Le Centre de recherche biomoléculaire Pietro-Annigoni (CERBA) a servi de cadre à une soutenance de thèse en Sciences biologiques appliquées, le samedi 9 novembre 2019. Les recherches de l’impétrant, Yonli Albert Théophane, ont porté sur le thème « Problématique de l’hépatite virale B au Burkina Faso : prévalence, caractéristiques moléculaires des hépatites B chroniques et rôle des gènes GSTM1 et GSTT1 dans la survenue du Carcinome hépatocellulaire ».

L’Université Joseph-Ki-Zerbo a un nouveau docteur en sciences biologiques. Le doctorant Yonli Albert Théophane a présenté ses travaux de recherches sur l’hépatite virale B. Il est parti du constat qu’en Afrique subsaharienne, les caractéristiques de l’infection chronique au Virus de l’hépatite B (VHB), tout comme les mécanismes moléculaires sous-jacents à sa progression vers le stade de Carcinome hépatocellulaire (CHC), méritent encore d’être bien cernés. Les limites des outils de prévention et de diagnostic, ajoutés à l’effet de la variabilité génétique du virus et des susceptibilités génétiques de l’hôte, compliquent les options thérapeutiques.

L’objectif de l’étude était donc de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des personnes atteintes d’hépatite B chronique (HBC) au Burkina Faso par le diagnostic et la caractérisation moléculaires. Pour ce faire, 6 604 participants burkinabè ont été inclus dans cette étude dont 2 216 pour la partie séroprévalence, 219 pour la recherche des hépatites B occultes et la caractérisation des génotypes associés. 3 944 autres personnes ont été incluses pour l’analyse des caractéristiques biologiques et moléculaires des HBC, et 225 pour l’estimation du rôle des génotypes GSTM1-nul et GSTT1-nul la survenue du Carcinome hépatocellulaire.

La première partie de l’étude a donc rapporté un taux de prévalence de 10,4 % de l’AgHBs au sein de la population générale à Ouagadougou. Elle a mis en évidence une meilleure adhésion aux campagnes de dépistage suivies de vaccination volontaire. En effet, en 2017, 60,5 % de personnes ont été vaccinées, contre 31,6 % en 2016. La deuxième partie de l’étude a révélé 25,6% de la présence de l’ADN viral B chez des sujets dépistés séronégatifs à l’AgHBs du virus de l’hépatite B.

Elle confirme ainsi la forte prévalence des infections occultes au VHB (IOB) au Burkina-Faso : 7,3 % de « vraies » IOB (charge virale < 200 UI/mL) et 18,3 % de « fausses » IOB (charge virale > 200 UI/mL). Dans ces IOB, le génotype E du VHB était prédominant suivi du quasi sous-génotype A3. La mutation G145R retrouvée dans cette étude interpelle en raison de son rôle dans l’échappement à la vaccination.

La troisième partie de l’étude confirme la prévalence du génotype E dans les infections au VHB au Burkina. Elle relève des différences cliniques et biologiques entre les patients HBC du Burkina et ceux de Taiwan. Dans tous les groupes d’âge, les taux sériques d’ADN du VHB étaient significativement plus bas chez les patients du Burkina par rapport à ceux de Taiwan. Par ailleurs, l’étude a montré au niveau de la quatrième partie que la cirrhose et le double génotype GSTM1-nul/GSTT-nul, étaient deux facteurs indépendants du risque de survenue du CHC.

Ces résultats pris ensemble renseignent d’abord sur la relevance clinique du génotype E et de ses variantes. Ensuite, ils suggèrent l’interaction de plusieurs facteurs dans la survenue du CHC, surtout chez les sujets jeunes. Enfin, ces résultats soulèvent la question de la nécessité d’adapter les guides de suivi des HBC au contexte épidémiologique de l’Afrique de l’Ouest.

Après la présentation des résultats et la phases de questions-réponses, le jury a accepté les travaux de l’impétrant. Le jury de six personnes, présidé par le professeur titulaire d’Hépato-gastro-entérologie de l’Université -Joseph Ki-Zerbo, Abdel Karim Sermé, lui a décerné la mention très honorable. C’est le professeur Jacques Simporé qui a dirigé les travaux.

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net


Les membres du jury

- Pr Yves TRAORE ; Professeur titulaire, Université Joseph-Ki-Zerbo

- Pr Jacques SIMPORE, Professeur Titulaire, Université Joseph-Ki-Zerbo (Directeur de thèse)

- Dr Serge Potiandi DIAGBOUGA, Directeur de Recherche, CNRST/IRSS

- Dr Christelle M. W. NADEMBEGA ; Maître de conférences, Université Joseph-Ki-Zerbo

- Dr Mahamoudou SANOU, Maître de conférences agrégé, Université Joseph-Ki-Zerbo (Rapporteur)

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