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Diaspora : « Nous souffrons des attaques terroristes comme l’ensemble de nos compatriotes », Boubakar Dicko, consul général du Burkina au Togo

Publié le samedi 9 novembre 2019 à 22h26min

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Diaspora : « Nous souffrons des attaques terroristes comme l’ensemble de nos compatriotes », Boubakar Dicko, consul général du Burkina au Togo

Le consul général du Burkina au Togo, Boubakar Dicko, a, dans une interview accordée à Lefaso.net le 6 novembre 2019 à Lomé, abordé la vie de la communauté burkinabè vivant au Togo, les échéances électorales et les initiatives patriotiques locales en faveur des déplacés internes. Interview.

Lefaso.net : Présentez-vous à nos lecteurs.

Boubakar Dicko : Je suis le consul général du Burkina Faso à Lomé. Je suis en poste depuis un an et je suis originaire de Djibo dans la province du Soum. Avant d’être consul, j’étais au ministère des Affaires étrangères.

A combien est estimé le nombre de Burkinabè au Togo ?

Les Burkinabè au Togo sont estimés à 750 000 environ. Ils sont plus concentrés à Cinkansé, Lomé, Mango, Kpalimé. Nous avons des commerçants, des transitaires, des acteurs du commerce informel, des cultivateurs et un grand contingent de fonctionnaires internationaux qui travaillent à la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), à la Banque internationale du développement et du commerce (BIDC) et bien d’autres fonctionnaires issus des institutions internationales.

Dans l’agriculture, il faut dire les Burkinabè sont plus au Nord du Togo, dans les zones de Dapaong, Mango et Cinkanssé ; des localités proches du Burkina Faso. Ils s’investissement dans la production de plusieurs produits, notamment la pastèque, et approvisionnent Lomé et d’autres localités du Togo.

Comment répertoriez-vous les Burkinabè sur le territoire togolais ?

Il faut dire qu’un travail avait été fait par l’ancien ministère des Affaires étrangères. Le premier recensement date des années 2000, et il avait été fait par le Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE). Depuis que le consulat existe en 2014, il y a un registre d’enrôlement dans lequel les cartes consulaires sont enregistrées. Mais entre les Burkinabè vivant au Togo et le nombre de ceux qui sont immatriculés, le fossé est très grand.

Comment sont-ils organisés par région au Togo ?

L’administration burkinabè a mis en place les délégués CSBE qui sont élus pour un mandat de trois ans. Pour le Togo, il y a trois délégués CSBE. Ils sont à Lomé, mais travaillent avec les points focaux. Chaque localité est organisée autour d’une association burkinabè, avec le point focal.

Comment se passe l’intégration des Burkinabè au Togo ?

Je peux dire que les Burkinabè n’ont pas beaucoup de problèmes d’intégration au Togo. Comme vous le savez, ce sont les mêmes peuples et les mêmes traditions, surtout avec l’interpénétration sur la base des mariages. Souvent, ce qui peut surgir, c’est des conflits entre agriculteurs et éleveurs, ce qui peut amener à indexer une communauté. Mais ce n’est pas seulement au Togo ; il y en a partout ailleurs. Il faut noter que les Burkinabè sont perçus au Togo comme des grands travailleurs.

Quelle analyse faites-vous de la vie socioéconomique des Burkinabè au Togo ?

Je peux dire que ça va. Il y a des motifs de satisfaction. A chaque fois qu’il y a un évènement heureux ou malheureux, les gens affluent. On peut mieux faire, mais je pense que ça va.

Quelle analyse faites-vous lorsqu’on parle d’intégration sous-régionale, surtout d’ouverture des frontières ?

L’idéal aurait été qu’on ouvre les frontières pour encourager la fluidité des échanges. Mais les contraintes sécuritaires font qu’il faut contrôler les entrées et les sorties des personnes et les marchandises.

Comment s’organisent les retrouvailles entre les Burkinabè résidents au Togo ?

Le 11-Décembre est une occasion de retrouvailles entre les Burkinabè au consulat pour une cérémonie de montée des couleurs. Les gens viennent nombreux, et c’est une occasion pour se rappeler notre attachement au pays.

Comment se prépare la diaspora burkinabè au Togo pour les élections de 2020 ?

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a fait le déplacement pour rencontrer la communauté. Elle a mis en place le démembrement, le bureau de la CENI au niveau local a été mis en place. Cela, à la suite d’une première mission d’information de la communauté sur sa participation à l’élection de 2020. Les ressortissants burkinabè ont été informés des pièces qui vont servir au vote. La mission consulaire est venue délivrer des Cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB) et des passeports au mois de juillet, et l’engouement a été assez fort. Même si certains continuent d’en demander, parce qu’il y a ceux qui n’ont pas d’acte de naissance et de certificat de nationalité.

Comment faites-vous avec des compatriotes qui n’ont pas de pièces d’identité ?

Courant 2018, on a reçu une mission consulaire spéciale qui comprenait des magistrats qui ont délivré des jugements déclaratifs de naissance et de nationalité pour ceux qui n’en avaient pas. Ceux qui ont la patience d’attendre qu’une mission vienne du pays l’obtiendront ici. Mais ceux qui ont des impératifs peuvent partir au pays. C’est le même coût qu’au Burkina Faso.

Comment vivez-vous les différentes attaques terroristes au Burkina Faso ?

Nous en souffrons comme l’ensemble de nos compatriotes. Cette année, à l’occasion de la journée de solidarité, le thème était « Sécurité et solidarité ». Des actions fortes ont été posées pour mobiliser des ressources afin de venir en aide aux personnes déplacées et aux forces de défense et de sécurité.

Habituellement, les actions étaient orientées vers les Burkinabè détenus dans les maisons d’arrêt du Togo (30 détenus pour des infractions de droit commun), les personnes malades, les nécessiteux. Mais cette année, vu ce qu’il y a au Burkina Faso, les gens ont décidé d’apporter leurs contributions. On fera le point et on verra les estimations. A l’occasion, les ministères de la Sécurité et de l’Action sociale étaient représentés. Toutes les composantes de la communauté étaient mobilisées et les contributions se poursuivent.

Qu’avez-vous envie de dire aux concitoyens restés au pays ?

C’est vrai que nous sommes loin de la patrie, mais que les compatriotes sachent que nous sommes avec eux. Nul ne peut être insensible aux malheurs de son pays. Je dis aux compatriotes que nous sommes solidaires de leur souffrance, que nous pensons à eux. Nous sommes de cœur et d’esprit avec nos compatriotes.

Interview réalisée à Lomé par Edouard Samboé
samboeedouard@gmail.com
Lefaso.net

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