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5e anniversaire de l’insurrection populaire : « Notre objectif n’était pas de chasser le président du pays », député Nicolas Dah de l’UPC

Publié le mercredi 30 octobre 2019 à 23h05min

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5e anniversaire de l’insurrection populaire : « Notre objectif n’était pas de chasser le président du pays », député Nicolas Dah de l’UPC

Cinq ans après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, qui a mis fin aux 27 années de pouvoir du président Blaise Compaoré, Lefaso.net est allé à la rencontre d’un des acteurs de ces événements : Nicolas Koumbaterssour Dah. Il est aujourd’hui député à l’Assemblée nationale, sous la bannière de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). Avec lui, il a été question, entre autres, du regard qu’il porte sur ces faits, du rôle qu’il a joué et de son appréciation de l’après-insurrection.

Lefaso.net : Quel regard portez-vous sur les évènements des 30 et 31 octobre 2014 auxquels vous avez participé ?

Nicolas Dah : L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a été la suite logique d’une mauvaise gestion politique et administrative du pays. Vous savez que c’est suite à la décision de modifier l’article 37 de la Constitution et de créer un Sénat, avec la pauvreté qui sévissait à l’époque, que les populations se sont insurgées pour dire non à cela. Et je pense que si le président de l’époque avait pris le temps de nous écouter, ça aurait évité cette insurrection qui n’a fait que retarder le pays, parce que la Transition n’a pas fait mieux que le régime de Blaise Compaoré.

Quel rôle avez-vous joué exactement lors de ces évènements ?

L’insurrection, il faut le dire, n’était pas une action individuelle, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, suite à l’ensemble des actions que l’opposition a menées avec la société civile. Il y a eu beaucoup de marches entre le 30 et 31 octobre. Et c’est l’UPC qui a, en réalité, conduit les différentes marches qui ont abouti à l’insurrection. Mais notre objectif, ce n’était pas de voir l’insurrection telle qu’elle a été faite, c’est-à-dire chasser le président du pays ; le but, c’était de l’amener à renoncer à sa volonté de modifier l’article 37 pour se représenter à un troisième mandat et de renoncer aussi à la création du Sénat que nous avons jugé en son temps budgétivore, au regard des maigres ressources dont disposait le pays.

Etiez-vous donc surpris du dénouement de ces événements ?

Nous avons assumé. Comme je l’ai dit, c’est l’UPC qui a conduit les différentes marches qui ont eu lieu et nous avons assumé, à partir du moment où la jeunesse était déterminée à en finir avec le régime, nous ne pouvions pas ne pas suivre le mouvement. Je trouve que c’est regrettable mais cela est arrivé ; nous l’assumons.

Cinq ans après ces évènements, avec le recul, comment jugez-vous les résultats engrangés ?

(Après un moment de silence). Vous savez, selon moi, il n’y a pas eu grand changement. Vous conviendrez avec moi que rien n’a changé. La seule chose qu’on a évitée, c’est la création du Sénat et la modification de l’article 37 mais la gestion politique, en elle-même, n’a pas changé. C’est la même chose, parce que ce sont les mêmes qui étaient au CDP, qui sont revenus sous une autre forme. Le MPP, pour moi, ce n’est pas différent du CDP, étant donné que le président Roch (Kaboré) était président du CDP et Salif Diallo, lui aussi, a été président du CDP ; les Simon Compaoré, etc. étaient également du CDP. C’étaient les mêmes qui ont dirigé en réalité la politique de Blaise Compaoré ; donc en quoi ces gens-là pouvaient amener un changement ? Je ne sais pas.

Regrettez-vous alors l’insurrection ?

Regretter ? Non, pas tout à fait, parce qu’il y a eu un sursaut politique au niveau de la jeunesse. Et à ce niveau-là, l’on peut dire qu’aujourd’hui, les dirigeants politiques ont un peu peur. Car lorsque vous voulez faire quelque chose, vous pensez un peu à ce qui pourrait vous arriver. Et c’est le seul aspect positif que je vois au niveau de cette insurrection populaire, sinon la gestion en tant que telle n’a pas réellement changé.


A LIRE AUSSI : Les héros de l’insurrection populaire (7) : Nicolas Da


Propos recueillis par Yvette Zongo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 octobre 2019 à 18:56, par Indjaba En réponse à : 5e anniversaire de l’insurrection populaire : « Notre objectif n’était pas de chasser le président du pays », député Nicolas Dah de l’UPC

    Malgré tout ce que les gens diront de lui, le seul politicien qui peut taper sa poitrine dans ce pays et dire qu’il a vecu les dures realités du statut d’opposant dans ces 30 dernieres annees, c’est bel et bien Benewendé Sankara. Les autres ont flirté à un moment donné avec le regime Compaoré pendant des periodes plus ou moins longues. Sankara a été un des rares compatriotes a demandé ouvertement et courageusement le depart de Blaise apres le 13 decembre 1998 et aussi en 2014 bien avant l’insurection. Si le depart de Blaise n’etait pas un objectif pour l’honorable Dah Nicolas, il a plutot etait une bonne nouvelle pour les combattants tels Benewendé. Maintenant qu’est ce que ce combattant est devenu ? Là c’est un autre thème.

  • Le 30 octobre 2019 à 20:13, par HUGO CHAVEZ En réponse à : 5e anniversaire de l’insurrection populaire : « Notre objectif n’était pas de chasser le président du pays », député Nicolas Dah de l’UPC

    Mr Dah vraiment c’est très très deçevant de votre part et ridicule d’entendre ces propos de la bouche d’une personne de votre âge voulant falsifié l’histoire récente en disant que la transition na pas fait mieux que le régime Compaoré vraiment il faut être malhonnête pour tenir ces genres de propos qui vous honore pas pour quelqu’un qui prétend un réprésentant des Burkinabè.

  • Le 30 octobre 2019 à 20:33, par RV En réponse à : 5e anniversaire de l’insurrection populaire : « Notre objectif n’était pas de chasser le président du pays », député Nicolas Dah de l’UPC

    Je salue la sagesse des propos du député Dah. C’est un appel clair au retour de ceux qui sont partis du pays du fait de l’insurrection. Pas d’impunité pas d’humiliation. La situation de la jeunesse est pire qu’au temps de BLAISE. Le pays est en partition avec le terrorisme qui prends de l’ampleur. Unissons-nous pour faire face à l’essentiel qui est la Paix et le chômage massif des jeunes. Sinon... je touche du doigt. Prions

  • Le 30 octobre 2019 à 20:50, par Indjaba En réponse à : 5e anniversaire de l’insurrection populaire : « Notre objectif n’était pas de chasser le président du pays », député Nicolas Dah de l’UPC

    Malgré tout ce que les gens diront de lui, le seul politicien qui peut taper sa poitrine dans ce pays et dire qu’il a vecu les dures realités du statut d’opposant dans ces 30 dernieres annees, c’est bel et bien Benewendé Sankara. Les autres ont flirté à un moment donné avec le regime Compaoré pendant des periodes plus ou moins longues. Sankara a été un des rares compatriotes a demandé ouvertement et courageusement le depart de Blaise apres le 13 decembre 1998 et aussi en 2014 bien avant l’insurection. Si le depart de Blaise n’etait pas un objectif pour l’honorable Dah Nicolas, il a plutot etait une bonne nouvelle pour les combattants tels Benewendé. Maintenant qu’est ce que ce combattant est devenu ? Là c’est un autre thème.

  • Le 30 octobre 2019 à 21:51, par Ressurection En réponse à : 5e anniversaire de l’insurrection populaire : « Notre objectif n’était pas de chasser le président du pays », député Nicolas Dah de l’UPC

    Enfin voilà un insurgé qui reconnait que l’insurrection a mis le pays en retard. Bravo Mr le député. Quand la vérité est dite, la tête acquiesce tout. il va plus loin en reconnaissant que l’objectif n’était pas de chasser le président c’est à dire de renverser le président. Pour ceux qui n’ont pas la capacité de le savoir, renverser un président démocratiquement élu s’appelle coup d’état. Par contre mettre aux arrêts un président nommé afin de revenir à la constitution s’appelle rétablissement de l’ordre constitutionnel.
    Si l’objectif des manifestants n’était pas de chasser le président alors le complot d’octobre 2014 a donc été ourdi par un groupuscule de terreur et dont on connait les actes posés
    PS : il faut que la presse apprenne ce qu’on appelle équilibre de l’information. À coter des articles qui donnent la parole à ceux qui encensent les œuvres destructrices de 2014, les opinions qui reconnaissent la réalité des faits doivent être entendues

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