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Accès et traitement de l’information sécuritaire : Le Pr Serge Théophile Balima livre son étude

Publié le dimanche 20 octobre 2019 à 00h30min

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Accès et traitement de l’information sécuritaire : Le Pr Serge Théophile Balima livre son étude

L’acte un de la célébration de la 21e édition de la journée nationale de la liberté de la presse a été posé ce 18 octobre 2019 avec le lancement d’une étude sur « l’accès et le traitement de l’information sécuritaire ». Au Centre national de presse Norbert Zongo de Ouagadougou, le consultant, le Pr Serge Théophile Balima, a livré la quintessence de son travail.

La crise sécuritaire que vit le Burkina Faso affecte le travail des journalistes. L’information devient un défi à relever pour le journaliste, tiraillé entre le droit à l’information du public, sa sécurité et sa responsabilité sociale. A l’occasion de la 21e journée nationale de la liberté de la presse, le Centre national de presse Norbert Zongo a donc commandité une étude sur cette question vitale pour la profession.

Ce qui fait le journaliste, ce sont ses sources d’information. Dans ce contexte particulier d’insécurité, le Pr Serge Théophile Balima regrette que les fournisseurs d’informations ne soient pas assez protégés. Ils craignent pour leur vie, et tout naturellement cela rejaillit sur les articles des journalistes qui produisent souvent des éléments aléatoires. Le terrorisme, c’est connu, est aussi une guerre de l’information. Du coup, le journaliste est souvent manipulé par ses fournisseurs d’informations, aussi bien du côté des Forces de défense et de sécurité, que des populations civiles. Il faut donc se poser toujours la question sur l’intérêt du fournisseur de l’information, car sa démarche peut s’agir simplement d’une stratégie de communication, loin de la vérité sacrée des faits pour le journaliste. Les intérêts ne sont pas toujours convergents.

Mais, reconnait le consultant, les relations avec les services de communication sont prépondérantes, même si, dans la plupart des cas, ils sont peu réactifs. Malgré leur faible réactivité, ces chargés de communication sont au service d’un intérêt institutionnel particulier (ministère, forces armées, police nationale, …) alors que les journalistes sont au service de l’intérêt (collectif) de la société.

Des bons points malgré tout

Le consultant a fait une analyse qualitative des productions des médias sur la question liée à la crise sécuritaire. « D’une manière générale, la presse burkinabè traite les informations sécuritaires de façon satisfaisante. Il y a un réel effort de respect et de la déontologie et de l’éthique dans les productions journalistiques ». Aussi, il note une bonne exploitation des sources d’information.

L’étude précise également que sur les faits à forte charge émotionnelle, on peut relever que les journalistes ont gardé le recul nécessaire sur les attaques contre les confessions religieuses. Ils ont ainsi évité de se porter en porte-paroles d’un camp ou d’un groupe, de se diviser en « croyants » et « non croyants » irrationnels.
Par ailleurs, un constat se dégage. La bonne partie des informations utilisées par les journalistes proviennent des fournisseurs d’informations (institutions administratives, FDS, mouvements associatifs, syndicats des travailleurs,...).
Mais…

Toutefois, le Pr Serge Théophile Balima dans l’étude, regrette quelques faiblesses d’ordre professionnel. Par exemple, la source de certaines informations publiées sur les attaques terroristes et les bilans ne sont pas toujours bien connus par les journalistes. « Ils résultent de recoupement parfois hâtifs (…) », il faut ajouter l’autocensure pratiquée sous les pressions et directives des hiérarchies administratives et professionnelles.

A côté de tout cela, les risques sécuritaires limitent l’autonomie des journalistes qui, pour être effective, nécessite de contourner les pièges de la dépendance vis-à-vis des sources officielles, a précisé le consultant. Il ajoute également que partir en reportage dans les zones à risque, réaliser des interviews, prendre des photos constituent de nos jours un pari périlleux.

L’étude sur « l’accès et le traitement de l’information sécuritaire » préconise la nécessité de préserver le droit d’accès à l’information malgré le contexte d’insécurité. Le contexte est certes difficile avec une gestion opérationnelle de l’insécurité par les FDS est compatible avec la rétention de l’information mais incompatible avec le devoir d’informer. Mais le droit à l’information du public dans une démocratie est primordiale et ne devrait pas en souffrir.

Le Pr Serge Théophile Balima suggère une redéfinition des pratiques communicationnelles. « Si le gouvernement semble comprendre l’impératif de répondre aux exigences de l’information, aucune organisation ad ’hoc, ni porte-parole officiel des FDS n’a été mis en place pour assurer cette mission », avance-t-il. Cela est pourtant indispensable par ces temps, parce que les services de communication existants souffrent d’une maitrise approximative des relations avec les médias parce qu’ils sont souvent eux-mêmes sous-informés.
L’étude qui est accompagnée d’un guide du journaliste sera éditée.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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