Floorball : « Si nous sommes soutenus, nous ferons retentir le Ditanyè », Adama Kouanda, président du comité national
LEFASO.NET | Par LEFASO.NET
Avec des origines peu connues, le floorball est généralement considéré comme une évolution du hockey sur glace permettant notamment de continuer à jouer durant la période estivale dans les pays où les patinoires sont en plein air. Il se pratiquait alors en été, en gymnase ou à l’extérieur. A ce titre, il est largement pratiqué dans la plupart des pays où la tradition du hockey sur glace est très présente comme la Suède et la Finlande. Ce sport a été créé en Amérique du Nord mais n’y est pratiqué que de façon marginale et c’est en Europe du Nord, en Suède notamment, qu’il a été popularisé pour se retrouver en Afrique et principalement au Burkina Faso.
Pour connaître cette nouvelle discipline, comprendre comment elle se pratique et les règles qui la régisse, nous sommes allé à la rencontre de Adama Kouanda, président du comité national du floorball au Burkina Faso.
Lefaso.net : Qu’est-ce que le floorball ?
Adama Kouanda : Le floorball, aussi appelé unihockey, est un sport collectif où deux équipes de cinq joueurs et un gardien s’affrontent en 3 tiers-temps de 20 minutes. L’objectif est de mettre la balle dans le but adverse à l’aide d’une crosse. Ce sport peut également se jouer en 3 contre 3 (en plus d’un gardien) sur un petit terrain équivalent à la moitié du grand terrain. Ce mode de jeu est notamment utilisé chez les plus jeunes.
Comment est-il pratiqué ?
Il se pratique sur un terrain qui fait 40 m de long pour 20 m de large et est entouré d’une bande de 50 cm de haut, qui lui donne sa forme. On y évolue à six joueurs, dont un gardien. Les buts sont distants de 36 mètres.
Il existe une variante « petit terrain » permettant de jouer dans une salle moins grande. Le petit terrain fait 24 m de long sur 14 m de large et est entouré d’une bande de 30 à 50 cm de haut. On y évolue à trois joueurs et un gardien. Les buts sont distants de 18 m (1/2 grand terrain ou la taille d’un terrain de volley) mais conservent la même taille que sur le grand terrain. Ce mode de jeu est utilisé régulièrement dans les catégories d’âge les plus jeunes (U10, U7).
Sur le plan international, le floorball se joue uniquement sur grand terrain. Les championnats nationaux/régionaux grand terrain et petit terrain sont indépendants.
Le gardien, protégé par un casque et une tunique rembourrée, n’a pas de crosse et défend sa cage à genoux. Les joueurs ont une crosse en matériaux composites avec laquelle ils guident une balle en plastique creuse de 25 grammes et d’un diamètre de 70 mm.
• Si la balle passe par-dessus la bande (le rink), on joue une balle sortie à 1,5 m au maximum de la bande (1 m pour le petit terrain) ;
• En cas de faute, l’arbitre siffle et on joue un coup franc. Tous les coups francs sont directs. Le joueur doit jouer la balle dans les 3 secondes après l’avoir immobilisée au sol, en la frappant ;
• Toutes les sorties ou fautes derrière le prolongement de la ligne de but se font au point de bully le plus proche (équivalent du corner en football) ;
• Lors d’une remise en jeu, les joueurs adverses doivent se trouver, crosses comprises, à 3 m (2 m sur petit terrain) de la balle au moment où le joueur touche la balle (2 minutes de pénalité en cas de non-respect) ;
• Le jeu débute ou repart après un but par un bully au point central. Deux joueurs (un de chaque équipe) se trouvent face à face, pieds parallèles, crosses parallèles au sol, et attendent le coup de sifflet avant de jouer. Les autres joueurs se trouvent à 3 m (2 m sur petit terrain).
Le floorball se pratique au Burkina Faso dans des salles comme au niveau du Palais des sports ou celle des arts martiaux, car il nous a fallu nous adapter.
Quelle différence existe-t-il entre le floorball et le hockey sur glace ?
La différence entre les deux disciplines se trouve au niveau du terrain de jeu, qui est plus petit. Il y a les joueurs n’ont pas de patins, ni de protections (sauf le gardien). Le gardien n’a pas de crosse (ni de mitaine, ni de biscuit). La balle est de forme sphérique, creuse et très légère. On peut noter le rink qui ne mesure que 50 cm de haut (contre environ 1,2 m au hockey sur glace) et n’est pas fixé au sol.
Au niveau du fllorball, les règles sont beaucoup plus restrictives et plus sévères concernant le jeu dur, afin de protéger les joueurs. Après une faute (avec ou sans pénalité), un coup franc est accordé à l’équipe adverse (sauf cas spéciaux). Pour finir, les matches sont dirigés par deux arbitres égaux en droits (grand terrain) ou un arbitre (petit terrain) et un joueur peut recevoir un carton rouge après avoir effectué une lourde faute, significative de pénalité de match, et est donc exclu du match.
Comment cette discipline s’est-elle implantée au Burkina Faso ?
Elle est venue avec la présence des expatriés. Le floorball étaient pratiqué par un groupe d’expatriés restreint dans leur cercle. Mais véritablement, c’est à partir de 2015-2016 que ça a pris de l’ampleur. Parce que l’un d’eux a voulu vraiment qu’on les accompagne en venant vers nous, notamment le ministère de l’Enseignement, pour faire la promotion du floorball. Sinon, le floorball existait depuis 1998 dans notre pays.
D’où viennent vos pratiquants ?
Nos pratiquants, ce sont les jeunes. Aujourd’hui, ils viennent d’horizons divers des villes du pays et des nombreux établissements secondaires. Les pratiquants sont essentiellement des élèves
Comment est-elle structurée au Burkina ?
Au niveau du Burkina, la structuration a été faite en suivant la règlementation nationale. Parce qu’il y a des textes qui régissent les sports ; ainsi on a commencé à mettre en place les clubs et essayé de monter des districts, des ligues et pour finir avec une fédération. Présentement, nous sommes au stade des clubs, car pour les autres nomenclatures que je viens de citer, il faut que le club ait deux ans d’existence. C’est pour cela que nous avons un comité national et pas une fédération.
Parlez-nous du niveau des compétitions.
Effectivement, même sans fédération, on déroule bien cette discipline. Nous faisons tout ce qu’une fédération fait au Burkina, nous n’avons rien à envier à une fédération. Nous avons structuré les compétitions comme si nous avions une fédération ; c’est vrai qu’on n’a pas encore de fédération, mais sur le plan pratique, rien ne nous empêche de pratiquer nos activités. C’est ainsi qu’on a plusieurs tournois dans l’année. Il y a les tournois par clubs, on a le championnat national généralement au mois d’août et même, depuis deux ans, nous participons à la Coupe d’Afrique des nations de floorball.
Où se positionne le Burkina Faso dans cette discipline au plan continental et mondial ?
Comme elle est à ses débuts, nous aussi nous sommes à nos débuts, mais c’est toute l’Afrique qui est à ses débuts par rapport à cette discipline. An niveau africain, le Burkina se situe parmi les meilleurs. Mais au niveau mondial, notre niveau est très bas, il faut qu’on travaille encore pour ça.
Comment s’est passée votre participation à la CAN ?
Il faut dire que la Can n’a véritablement commencé il y a deux ans, et pour le moment, la Can est annuelle. Mais des réflexions sont en cours pour fixer la compétition tous les deux ans comme un peu les Can qui se déroulent sur le continent. Pour la participation du Burkina, n’étant pas encore constitué en fédération, c’est un goulot d’étranglement qui nous a handicapés. Mais avec les bonnes volontés, les partenaires dont la mairie et le ministère des Sports et Loisirs, on a pu participer à la compétition. Sur le plan de la compétition en hommes, il y avait cinq pays (le Kenya, le Burkina Faso, l’Ouganda, la Somalie, le Mozambique).
La formule retenue, c’était un affrontement en championnat où tous les participants allaient s’opposer, car le nombre de participants ne permettaient pas la constitution de poules. Le Burkina a gagné tous ses matchs et s’est retrouvé en finale.
Malheureusement, en finale, face au pays organisateur, le Kenya, nous avons chuté par jeunesse et fatigue. Les jeunes étaient épuisés par le nombre de matches joués en quelques jours. Au niveau des dames, on avait seulement deux nations (le Kenya et le Burkina). Le même système a été retenu comme chez les hommes. Ainsi, à la première opposition, nous avons gagné le match, mais en finale, on a perdu aux tirs au but avec une joueuse blessée.
A quand la mise en place de la fédération et des démembrements ?
S’il n’y a pas de couac à notre niveau, normalement, on doit pouvoir être au rendez-vous en 2020. Il y a une règlementation : chaque 4 ans le ministère organise les renouvellements des fédérations. On doit s’aligner sur les années olympiques et 2020 c’est les renouvellements et la mise en place des nouvelles structures. On pense qu’on sera prêt en 2020 pour mettre toutes les structures en place.
Combien de clubs actifs avez-vous ?
Nous avons une quinzaine de clubs repartis sur Ouaga, Bobo, Koudougou, Kaya, Ziniaré et Banfora.
Quelles sont les prochaines activités au programme de votre comité ?
Notre principale activité au programme, c’est de mettre en place une fédération avec les structures sous-jacentes pour nous permettre de bien fonctionner. Ensuite, nous allons nous battre pour étendre la pratique pour que le floorball soit un peu plus national.
Pour le développement de la discipline, comment allez-vous vous y prendre sans véritable soutien ?
C’est tout à fait vrai et je lance un appel à toutes les bonnes volontés et surtout aux autorités de nous soutenir, car c’est le nom du Burkina qu’on essaie de promouvoir. Nous savons que le sport, de façon générale, est le parent pauvre dans le financement étatique, mais il faut penser aux jeunes qui représentent un pays. Nous sommes vice-champions d’Afrique en hommes et dames. Déjà, on remercie la mairie pour son soutien. Elle nous a aidés pour notre déplacement au Kenya ; aussi, elle est prête à nous aider à avoir des terrains qui tiennent compte des tracées du floorball.
Propos recueillis Juste Ephrem ZIO
Lefaso.net