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20e rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale : Le secteur des services a perdu de son élan et la croissance du secteur agricole est restée atone

Publié le jeudi 10 octobre 2019 à 17h30min

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20e rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale : Le secteur des services a perdu de son élan et la croissance du secteur agricole est restée atone

Lors d’une visioconférence le mercredi 9 octobre 2019, la Banque mondiale a présenté son rapport sur les perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne, devant des étudiants de cycle doctoral en économie et des hommes des médias des pays concernés. C’est un rapport publié chaque six mois en avril et en octobre. Les thèmes principaux du rapport d’octobre 2019, 20e édition d’Africa’s Pulse, sont « Autonomiser les femmes africaines » et « Accélérer la réduction de la pauvreté en Afrique ».

Le document « Africa’s Pulse » est un rapport de la Banque mondiale, qui présente chaque six mois les perspectives macroéconomiques à court terme de l’Afrique subsaharienne. Il est publié en octobre et en avril, pendant les Assemblées annuelles et les réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Les conclusions du rapport Africa’s Pulse du second semestre 2019, ont été présentées, le mercredi 9 octobre 2019, aux étudiants de cycle doctoral en économie et aux hommes des médias des pays francophones de l’Afrique subsaharienne, par visioconférence.

Le rapport établit que la croissance en Afrique subsaharienne continue de fléchir, plombée par une conjoncture internationale incertaine. La croissance régionale devrait atteindre 2,6% en 2019, contre 2,5% en 2018. Le PIB réel s’est affaibli en raison du ralentissement de la formation brut du capital et des exportations nettes. Du côté de l’offre, les industries manufacturières et minières ont connu un développement modeste, tandis que le secteur des services a perdu de son élan et que la croissance du secteur agricole est restée atone à cause de la sécheresse.

Le rapport précise que la croissance de l’Afrique subsaharienne est surtout tirée vers le bas par les trois plus importantes économies de la région, le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Angola qui enregistrent dans l’ensemble une croissance moyenne d’environ 1%. A l’exception de ces trois économies, le reste de l’Afrique subsaharienne a un taux qui avoisine 4%, selon l’économiste en chef de la sous-région Afrique, Dr Albert Zeufack. L’ensemble de ces pays d’Afrique subsaharienne, connaissent depuis 2015, un taux de pauvreté est d’environ 43% soit un total de 416 millions de personnes qui ont un revenu journalier en dessous de 1 ,9 dollar US.

Le rapport incrimine le manque d’initiatives d’envergure pour créer des débouchés économiques et atténuer les risques pour les pauvres. Le rapport établit également que les vulnérabilités de la dette restent élevées. La vulnérabilité croissante de la dette est le résultat du niveau élevé de la dette publique, en particulier la dette concessionnelle et de la hausse substantielle du coût du service de la dette. Et à cette allure, l’extrême pauvreté va devenir un phénomène presque exclusivement africain à l’horizon 2030.

Quelques particularités

Selon les rapporteurs, au Nigéria (croissance 1,9%), le secteur non pétrolier manque de dynamisme tandis qu’en Angola (0,4% de croissance), c’est le secteur pétrolier qui peine à progresser. En Afrique du Sud, qui a fait une croissance de 0,9%, une certaine défiance des investisseurs pénalise l’activité économique. Le rapport établit qu’à l’exception de ces trois pays, la croissance devrait rester robuste dans le reste du sous-continent.

Malgré un certain recul, souligne le rapport, la croissance du PIB dans les pays à faible coefficient de ressources de la région, notamment le Rwanda, la Côte d’Ivoire et l’Ethiopie, s’est classée parmi les plus rapides au monde. L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a continué de progresser à un rythme rapide au premier semestre 2019, soutenue par une forte demande au revenu national.

Le rapport a aussi fait cas d’un ralentissement de la croissance dans plusieurs pays, lié à des phénomènes plus ou moins naturels. Les conséquences des cyclones tropicaux qui ont frappé le Mozambique et le Zimbabwe, l’incertitude politique au Soudan, le recul des exportations agricoles au Kenya et des mesures d’assainissement budgétaire au Sénégal.

Cependant, fait remarquer le rapport, l’Afrique n’est pas le seul continent à pâtir de la conjoncture internationale incertaine. En effet, les précisions pour 2019 sont encore plus mauvaises pour le Maghreb et le Moyen-Orient. L’Amérique latine et les Caraïbes ainsi que l’Asie du Sud ou autres économies émergentes et en développement revoient leurs perspectives à la baisse.

Enjeux et perspectives

En dehors de la conjoncture internationale, la faiblesse de la croissance dans les pays d’Afrique, selon Albert Zeufact, est aussi corrélée à la faiblesse de gouvernance. Ce faisant, les responsables publics et les citoyens doivent placer la transparence et l’efficacité des institutions au cœur de leurs priorités. Il affirme qu’il n’y aura pas de croissance soutenue en Afrique tant que les problèmes de corruption, de transparence et de manque d’efficacité des administrations ne seront pas résolus.

Parce que cela affecte beaucoup les investissements, aussi bien étrangers que locaux. Les pays où il y a eu une accélération de l’endettement ces dernières années et des problèmes de soutenabilité de la dette, sont aussi des pays où il y a des problèmes de gouvernance et de transparence, déclare Albert Zeufact. La dette qui est investie dans les projets d’infrastructures, lorsqu’il y a corruption, cela va entrainer un manquement d’efficacité dans cet investissement. Conséquence, la dette augmente sans que le pays ne crée la capacité de la rembourser.

En outre, alors que l’aide publique au développement se fait rare, il va falloir qu’en Afrique, il y ait une levée des fonds en interne pour financer le développement. Dans cet élan de levée des fonds, Albert Zeufact explique qu’il y a une surtaxation en Afrique pour certains produits tels que le numérique. En revanche, poursuit-il, il y a une sous-taxation des produits tels que l’immobilier, les ressources naturelles et le foncier.

Pour finir, le rapport souligne que la majorité des pauvres vivent dans l’agriculture de subsistance. Et dans ce secteur, les productrices produisent 33% de moins par hectare que les agriculteurs. Et les femmes entrepreneures ou cheffes d’entreprises gagnent 34% de moins que leurs homologues masculins. Ces écarts de rémunération coûtent excessivement cher à la population et aux économies africaines.

Le rapport estime que la lutte contre la pauvreté doit donner aux pauvres les moyens d’agir et s’attacher à accélérer la transition démographique et la baisse des taux de fécondité, à mieux tirer parti du système alimentaire en valorisant l’agriculture et en développant les activités rurales non-agricoles, à s’atteler aux facteurs de risque et de conflit et, enfin, à augmenter et optimiser l’allocation de fonds publics pour améliorer le quotidien des plus vulnérables.

Le rapport est surtout formel : la résorption des inégalités entre les hommes et les femmes en matière de santé, d’éducation, d’autonomisation et d’emploi, doit être essentielle. Parce que la pauvreté touche plus à la femme et donc pèse lourd pour une société.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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