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Lettre ouverte au ministre de la culture des arts et du tourisme

Publié le jeudi 19 septembre 2019 à 17h30min

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Lettre ouverte au ministre de la culture des arts et du tourisme

Monsieur le Ministre,
Le cinéma burkinabè a conquis sa notoriété en Afrique et à l’international grâce aux œuvres de talentueux cinéastes, au soutien massif de son public et avec le concours des institutions nationales et internationales.
À la fin des années 90, pour assurer une relève au cinéma national qui commençait à s’essouffler, les États Généraux du cinéma ont préconisé la création d’une institution de formation nationale.

Créé de par la volonté des professionnels du cinéma, l’ISIS-SE est un Etablissement Public d’Enseignement Supérieur fondé par décret N°2006-32/PRES/PM/MFB/MCAT/ du 08 février 2006, suite aux recommandations des états généraux du cinéma en 1997 consignées dans le livre blanc, et les travaux de l’atelier régional en marge du FESPACO 2003.

L ’Institut Supérieur de l’Image et du Son a pour mission principalement de dispenser une formation initiale et continue dans les domaines du cinéma, et de délivrer des diplômes d’enseignement supérieur reconnus par le CAMES.
Nous soussignés, organisations, cinéastes, professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, enseignants en cinéma et en audiovisuel, critiques de cinéma, avons appris avec inquiétude le projet de fusion de L’ISIS-SE avec une autre institution pour en faire un ensemble unique (Confère le quotidien SIDWAYA Hors série 50 ans FESPACO). La raison avancée est le résultat peu satisfaisant de cette institution.

Depuis son ouverture l’ISIS-SE a formé plus d’une centaine d’étudiants de 19 nationalités africaines (BF, Togo, RCI, Sénégal, Tchad, Niger, Rwanda, Congo, Gabon, Centrafrique, Nigeria, Benin, guinée, Mali), européennes (Bosnie, France , Belgique, Allemagne) et américaines (Canada).
De nos jours, l’ISIS demeure une référence incontournable en matière de formation en cinéma et en audiovisuel dans la sous région.
Nous, soussignés précédemment cités,

Regrettons que ce projet ne tienne compte que des raisons économiques au détriment des enjeux stratégiques de la culture, de la politique, et du développement social.
Interpellons les intellectuels, les hommes de culture, les élus locaux et nationaux, le gouvernement burkinabè et les ministères concernés, sur la gravité de cette question.

Ce projet de fusion menace sérieusement la qualité de la formation des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel au Burkina Faso, partant la survie même du secteur.
Il sera regrettable que cette fusion vienne marquer un coup d’arrêt aux projets tels que :

- Regards croisés depuis 2006 (échanges entre écoles européennes et burkinabè)
- Cinenomad school depuis 2017 (échanges entre écoles de cinéma d’Europe, d’Asie, d’Amérique et d’Afrique)
- Adhésion de l’ISIS-SE en octobre 2019 au CILECT (Centre international de Liaison des Ecoles de cinéma et de Télévision)
En raison de tout ce qui précède, nous, signataires de la présente,
appelons Monsieur le Ministre à une concertation franche et constructive avec les professionnels du cinéma sur les enjeux de la formation avant toute initiative de cette envergure.

Nos salutations les plus respectueuses

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