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Privatisation de l’aéroport de Donsin : « Dans le projet de contrat de délégation proposé par le groupement actuel, le contenu fait froid dans le dos », Syndicat de l’aviation civile

Publié le mercredi 9 octobre 2019 à 23h50min

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Privatisation de l’aéroport de Donsin : « Dans le projet de contrat de délégation proposé par le groupement actuel, le contenu fait froid dans le  dos », Syndicat de l’aviation civile

Le projet de convention de délégation de service public de l’aéroport international de Donsin semble avoir laissé des acteurs sur le carreau : le Syndicat unique de la météorologie et de l’aviation civile. Cette exclusion a poussé le syndicat de à entreprendre des mouvements avec l’annonce d’une grève de 48H les 11 et 12 octobre 2019. Pour comprendre le dossier sur le projet de l’aéroport international de Donsin, Lefaso.net est allé à la rencontre du secrétaire général du Syndicat unique de la météorologie et de l’aviation civile (SUMAC), Ahmed Lamizana.

Lefaso.net : Où en est-on avec le dossier concernant la privatisation de l’aéroport de Donsin ?

Ahmed Lamizana : Nous sommes à une phase où l’institution qui est chargée de trouver un délégataire après moult revers, a fait un projet de convention de délégation de service public pour l’aéroport international de Donsin et ce projet est en cours d’examen actuellement dans une commission dont nous avons été écartés. Le projet est en train d’être examiné pour adoption.

Pourquoi avez-vous été écartés de cette commission ?

Nous avons été écartés tout simplement parce qu’ils estiment que nous sommes dérangeants pour eux car nous avons toujours su en toute lucidité faire les critiques les plus objectives et nécessaires qui vont permettre au projet d’être un projet ambitieux pour le peuple burkinabè.

Parlez-nous de ces critiques que vous jugez objectives ?

Pour nous, il faut dire que l’opération a commencé le 10 décembre 1997 lorsque le gouvernement, lors d’un conseil des ministres, a décidé de façon unilatérale, sans suivre la réglementation, de privatiser l’aéroport international de Ouagadougou. En son temps déjà, l’ancien S.G a dénoncé cette opération par un écrit d’une page et a déclaré illégaux le forfait et le bradage du domaine public de l’Etat. Et le gouvernement avait fait machine arrière pour s’octroyer une loi prise à l’assemblée nationale lui permettant de privatiser l’aéroport international de Ouagadougou.

Nous avons dit que vous vous êtes prémuni d’une loi certes qui encadre la chose. Nous avons dit que pour un projet, il faut faire une étude de faisabilité et lorsque le gouvernement a décidé de faire l’étude, il a pris un consultant en son temps qui a fait le travail et a déposé son rapport. De ce rapport, le consultant a dit que pour faire la privatisation de l’aéroport international de Ouagadougou, il va falloir licencier le personnel et aussi octroyer des ressources aux structures régaliennes qui sont chargées de veiller à la bonne marche de l’aviation civile au Burkina Faso.

Ces ressources n’étaient pas suffisantes pour pouvoir faire fonctionner ces structures. En plus, l’assemblée nationale leur avait dit que pour pouvoir privatiser il faut qu’il n’y ait ni licenciement ni compression ni baisse de salaire ni pertes de temps et d’avantages acquis. Et dans ces conditions le gouvernement avait dit que ce ne serait pas possible et a abdiqué en 2004.

Qu’en est-il du cas de l’aéroport de donsin ?

Ils sont revenus à la charge en 2010 avec l’opération de l’aéroport international de Donsin et là aussi nous avons également demandé au gouvernement de faire une étude de faisabilité. Et on a demandé l’étude de faisabilité avec la participation de tous les acteurs parce que nous connaissons le dossier et on avait des critiques à faire.

Malheureusement, il faut reconnaitre qu’au sein du système, le gouvernement a voulu faire un passage en force. Et ils sont arrivés à un point où en 2014, avec la transition, nous avons rencontré le Premier ministre. Et nous lui avions expliqué qu’en réalité le nouveau concessionnaire qui arrive vient pour faire moins que celui qui est en train de partir, à savoir la DAAN.

Le nouveau veut tout simplement prendre l’aéroport de Ouagadougou, construire avec les ristournes l’aéroport de Donsin et abandonner l’aéroport de Bobo et les aérodromes secondaires. Le gouvernement de la transition a dit que dans ces conditions il fallait abandonner la privatisation de l’aéroport. Cela était la troisième tentative de privatisation de l’aéroport qui a abouti encore à un échec.

Avec toutes ces tentatives, nous restons sereins et lucides car étant des experts du domaine, nous comprenons le dossier dans sa complexité et nous avons toujours soulevé des questions pertinentes. Malheureusement, nous n’avons jamais été écoutés jusqu’à ce que la transition mette un terme à cette privatisation.

Actuellement avec ce gouvernement, qu’est-ce qui coince dans ce dossier ?

Il faut dire que ce gouvernement est aussi en train de revenir à la charge avec la pression des bailleurs de fonds et l’opération est de nouveau en cours avec l’adoption d’une stratégie révisée. Dans cette nouvelle stratégie révisée, nous n’avons pas encore été associés. Ils ont créé un comité de pilotage clandestinement et ce comité a fait adopter une nouvelle stratégie en conseil des ministres.

Est-ce vous ne sortez pas un peu tard pour informer l’opinion nationale sur cette question de privatisation ?

Ce n’est pas tard parce que nous croyons que c’est le bon moment pour alerter l’opinion nationale. Comme nous l’avons expliqué, certes nous sommes les travailleurs du domaine et nous avons besoin de faire fonctionner l’aéroport mais tout l’aéroport est un patrimoine qui appartient à tous les Burkinabè.

Il faut signaler qu’il y a un projet de contrat de délégation qui est en cours de signature et si nous ne jouons pas notre rôle historique maintenant, je vous assure que les Burkinabè n’auront que leurs yeux pour pleurer parce que dans le projet de contrat de délégation proposé par le groupement actuel, le contenu fait froid dans le dos.

Par exemple, dans le nouveau contrat de délégation, le Burkina ne pourra plus développer un aéroport dans un périmètre de 400 km et c’est écrit noir sur blanc. Nous avons exigé de voir le projet de contrat de délégation et cette partie y figure. Comment peut-on comprendre qu’au 21e siècle, après les indépendances, qu’un groupement comme Meridiam Marseille qui vient de l’étranger propose au Burkina un pays souverain de ne plus développer un aéroport sur un périmètre de 400 km ?

Cela veut dire tout simplement que l’aéroport de Bobo Dioulasso est mort parce que la ville est à 360 km. Je vous précise qu’avec le système actuel, on fait en sorte que les ressources gérées par le gestionnaire permettent de prendre en charge l’aéroport de Bobo et les autres aérodromes.

Mais le groupement Meridiam Marseille vient dire qu’il va prendre Donsin et abandonner celui de Bobo et les autres aérodromes. Je qualifie cela de culot de dire ça à un pays. Et pour cela, nous demandons à ce que groupement soit purement écarté parce qu’il n’est pas du tout crédible. Ce comportement est une insulte au peuple burkinabè.

Que peut-on retenir de cette rencontre avec le chef du gouvernement ?

Le Premier ministre est dans une dynamique de dialogue social comme nous. Et lors des rencontres que nous avons eues avec les autres ministres comme celui des Infrastructures et des Transports, il y a eu des propositions assez intéressantes.

Vous tenez votre assemblée générale ce jeudi ; qu’est-ce qu’on peut en attendre ?

Nous en tant que leader, nous ne pouvons pas prendre de décision. Il faudra que nous repartions à la base pour mettre les promesses en appréciation et c’est à l’issue de cette rencontre que nous allons donner suite à notre mouvement avec peut-être la suspension de la grève. Mais si on remarque une mauvaise volonté de l’autre partie, nous allons réactiver la démarche.

Propos recueillis au téléphone par Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net

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