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Athlétisme : « Fabrice Zango est à la porte d’une médaille olympique », estime Christian Sanou, son premier coach

Publié le mardi 1er octobre 2019 à 18h30min

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Athlétisme : « Fabrice Zango est à la porte d’une médaille olympique », estime Christian Sanou, son premier coach

Le dimanche 29 septembre 2019, le Burkinabè Hugues Fabrice Zango décrochait la médaille de bronze en triple saut, au mondial d’athlétisme à Doha. Cette nouvelle performance a mis l’athlète sous le feu des projecteurs. Pour mieux découvrir le parcours du recordman d’Afrique de triple saut, nous avons rencontré celui qui a taillé la pierre : Christian Désiré Sanou, le premier coach de Fabrice Zango. Le conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire, entraîneur national des sauts niveau 4 et conférencier de la Fédération internationale d’athlétisme niveau 2, nous livre, dans cet entretien, ses sentiments après la nouvelle médaille décrochée par sa perle.

Lefaso.net : Quels sont vos sentiments après la performation de Hugues Fabrice Zango ?

Christian Désiré Sanou : Je tiens d’abord à remercier tous les acteurs qui tournent autour du sport et qui ont une pensée particulière pour l’athlétisme. Parce que ce c’est grâce aux efforts conjugués de tout le monde que cette performance a été réalisée. Personnellement, je trouve que c’est une performance mondiale, et parlant de performance mondiale, ça me fait penser à une chose. En son temps, quand j’étais chef de service au niveau du sport scolaire, le ministre Jean-Pierre Palm avait déclaré qu’il reste persuadé que la 1re médaille mondiale du Burkina viendra d’une autre discipline que le football et notamment l’athlétisme.

Aujourd’hui, cela se concrétise et je suis heureux et convaincu que les autres sports peuvent apporter leur contribution. Je voudrais dire que cette performance mondiale ne s’est pas façonnée du jour au lendemain, mais c’est un processus avec l’aide de beaucoup de personnes, en commençant par l’athlète lui-même, ses parents, ses entraîneurs. Il a accepté de relever le défi et cela paye aujourd’hui. La médaille de bronze, pour une première fois, c’est bon à prendre, mais je vous avoue qu’on visait l’or.

Car au vu de sa forme actuelle, du travail abattu, il vaut les 18 mètres. La compétition étant ce qu’elle est, avec tous les aléas, on se contente de ce nouveau record d’Afrique. La performance est salutaire et Fabrice se classe parmi les trois meilleurs mondiaux et on ne peut que lui souhaiter une bonne chance et continuer à l’accompagner ; il est maintenant la perle de toute la nation. Et vous savez qu’en sport, c’est maintenant que le plus dur commence ; il y a la gestion de sa carrière avec un ensemble de choses qui entrent en ligne de compte.


Cliquez ici pour lire aussi Fabrice H. Zango, médaillé de bronze au triple saut à Doha 2019 : « Comptez sur moi pour Tokyo 2020 ! »


Comment avez -vous découvert Fabrice Zango et qu’est-ce qui vous a fait croire en lui ?

C’est par un coup de hasard que j’ai découvert Fabrice. Il était en son temps élève au collège de la Salle et c’est lors d’une compétition d’athlétisme… C’est un coup de chance, car il a suivi ses camarades. Lors de la compétition, il m’a impressionné par ses performances avec son âge, malgré sa technique qui était assez rudimentaire. J’ai senti en lui la capacité de produire de bonnes choses avec la vitesse qu’il possédait. Après la compétition, nous avons échangé et je l’ai invité à venir se joindre à moi avec les autres athlètes qui étaient sous ma coupe.

Nous avons ainsi commencé le travail en nous fixant un certain nombre d’objectifs. Je l’ai accompagné comme je pouvais avec les premières chaussures, les collants, les autres accessoires nécessaires pour les entraînements. Doucement, il était assidu et il progressait. De 12 mètres à ses débuts, il est à 14 la même année, puis à 15 et à 16 mètres. Je rappelle que quand il quittait le Burkina pour la France, Fabrice était à 16,81m, une performance qui le plaçait déjà à un rang mondial, même s’il n’est pas encore médaillable. Cela veut dire que nos nationaux peuvent aussi faire du bon travail, même du très bon travail, malgré les conditions, pour peu qu’ils soient soutenus. J’ai cru en lui à cause de sa discipline. Il est très sérieux et concentré.

Peut-on s’attendre à voir d’autres Fabrice bientôt ?

Sur ce sujet, je peux vous assurer qu’il y a plein de Fabrice en gestation, pour peu qu’ils soient accompagnés. Je pense que vous n’avez pas à avoir d’inquiétude pour cela. On peut produire de bonnes choses et le vide ne va pas se créer quand Fabrice sera à la porte de la sortie. Nous sommes déjà en train de préparer de nombreux jeunes pour lui succéder valablement.

Il y a deux ou trois qui tendent vers 16 mètres avec 4 à 5 ans d’entraînement. Et je pense qu’en ce qui concerne cette relève, l’avenir s’annonce rose pour les sauts. Et à mon avis, on pourrait mettre sur pied une école de saut comme les Cubains l’ont fait. C’est n’est pas extraordinaire, pour peu qu’on ait seulement les moyens.


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Jusqu’où pensez-vous qu’il puisse aller sur cette lancée ?

A mon niveau, je rêve d’une médaille olympique. En ce sens que lorsque vous prenez les performances et vous faites une analyse technique des derniers jeux jusqu’à ces derniers mondiaux, il y a des jeux qui se sont gagnés à moins de 18m. Et pour moi, il est à la porte d’une médaille olympique. Maintenant, c’est la gestion de la préparation qui va déterminer le reste de ce qui sera fait. Pour les Jeux olympiques, il ne faut pas attendre en 2020 avant de le préparer.

Les jeux, c’est dès maintenant et pour cela, il faut avoir un plan de préparation qui va intégrer beaucoup de facteurs et de paramètres. Un élément important à ne pas négliger, c’est les frais que cela engendre. Il y a quelques années de cela, lorsque l’Ivoirienne Ahouré a obtenu sa médaille aux Jeux olympiques, la même année, l’Etat ivoirien, pour l’athlétisme, a dépensé un demi-milliard. C’est pour dire qu’une médaille a son prix. Il faut savoir mettre les moyens à la disposition de tous ceux qui participent à la formation de l’athlète en question, pour qu’il puisse judicieusement se préparer et être à l’aise pour continuer à se produire.

Propos recueillis par Juste Ephrem ZIO
Lefaso.net

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