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Journée internationale de l’avortement sécurisé au Burkina : « Il ne s’agit pas de faire l’apologie de l’avortement mais plutôt de la protection de la vie de la femme », ont souligné les panélistes

Publié le samedi 28 septembre 2019 à 23h45min

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Journée internationale de l’avortement sécurisé au Burkina : « Il ne s’agit pas de faire l’apologie de l’avortement mais plutôt de la protection de la vie de la femme », ont souligné les panélistes

La Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso (CAPSSR- BF) a animé, ce samedi 28 septembre 2019 à Ouagadougou, à l’occasion de la journée internationale de l’avortement sécurisé, un panel sous le thème : « Agissons : l’avortement est un soin de santé ». En marge de ce panel, la Communauté a lancé officiellement sa E-Campagne pour l’accès des femmes aux services d’avortement sécurisé au Burkina Faso.

Comme toujours, le débat sur l’avortement sécurisé ou non suscite beaucoup de débats au sein de la société burkinabè. Aujourd’hui encore, le débat sur ce sujet mobilise de nombreuses personnes. La preuve, la salle de conférence de l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a refusé du monde ce samedi 28 septembre à l’occasion du panel sur l’avortement sécurisé ou encore médicalisé organisé par la Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso (CAPSSR- BF). Un panel animé par trois spécialistes (le Dr Ousséni Compaoré, médecin, le Dr Nathalie Sawadogo, spécialiste en démographie et la magistrate Somkinda Traoré) qui ont décortiqué la problématique de l’avortement sur trois angles différents mais qui sont complémentaires. Il s’est en effet agi pour eux d’exposer sur le sujet en fonction de leur spécialité.

Le Dr Ousseni Compaoré, Gynécologue au CHR Blaise Compaoré

A cet effet, pour le premier panéliste, le Dr Ousséni Compaoré, selon l’OMS, une femme qui vit en Afrique subsaharienne présente près de 200 fois plus de risque de mourir de complication liée à la grossesse par rapport à une femme vivant en Occident. Et la majorité de ces avortements s’opèrent dans la clandestinité, ce qui est hautement générateur de complication et par ricochet de décès maternels de plus de 15%.

L’avortement clandestin cause plus de 47 mille décès dans le monde chaque année

Selon les statistiques disponibles, l’on estime à plus de 45 millions d’avortements dans le monde dont 9 millions en Afrique avec plus de 47 mille décès par an. Et pour la deuxième panéliste, le docteur Nathalie Sawadogo, spécialiste en démographie, au niveau du Burkina Faso, les annuaires statistiques de 2017 ont montré qu’il a été enregistré 40 988 avortements dont 38 925 spontanés, 1943 clandestins et 120 thérapeutiques et plus de 15 mille décès.

Etudiants, spécialistes du genre et medecins ont été mobilisés pour participer au panel sur l’avortement sécurisé au Burkina

Quant à la troisième et dernière panéliste à intervenir au cours de ce panel, la magistrate Somkinda Traore, elle s’est penchée sur ce que dit la loi burkinabè concernant l’avortement. Et contrairement à ce que peuvent penser les uns et les autres, l’avortement est interdit au Burkina Faso par la loi. Cependant, la loi a émis des exceptions, c’est-à-dire qu’elle permet l’avortement médicalisé, thérapeutique en cas de viol, d’inceste ou dans le cas d’une grossesse à risque.

Et dans ces cas, la victime doit saisir le procureur du Faso qui établit la détresse et il donne une autorisation à un médecin à pratiquer l’avortement sécurisé. Toutefois, si vous n’avez été victime d’un viol, d’inceste et que vous ne remplissez pas les délais de quatorze semaines, à ce moment si vous pratiquez l’avortement et vous enfreignez à la loi et que vous pratiquez un avortement clandestin, cela est puni par une peine d’amende ou d’emprisonnement allant jusqu’à plusieurs années.

La présidente de la CAPSSR-BF, Mariam Nonguierma, lancant officiellement la E-campagne pour l’accès des femmes aux services d’avortement sécurisé au Burkina

Ayant été face à des avis qui étaient contre l’avortement de quelque manière que ce soit, les panélistes ont fait savoir qu’il ne s’agit pas de faire l’apologie de l’avortement mais plutôt de faire l’apologie de la protection de la vie de la femme au Burkina Faso. Tout en précisant que cette tribune a été une occasion pour plaider, entre autres, pour l’assouplissement de l’arsenal juridique, des us et coutumes dans le cadre de l’avortement sécurisé au Burkina Faso afin de pouvoir réduire les décès maternels.

Par ailleurs, ce panel commémoratif de la journée internationale de l’avortement sécurisé a été marqué par le lancement officiel de la E-campagne pour l’accès des femmes aux services d’avortement sécurisé au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo.

Yvette Zongo
Lefaso.net

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