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Abattage clandestin des porcs à Ouagadougou : La police municipale arrête des bouchers à Cissin

Publié le jeudi 25 août 2005 à 07h17min

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La police municipale de Ouagadougou a mis la main sur des abatteurs clandestins de porcs à Cissin le 24 août 2005. Plus que le caractère clandestin, c’est l’insalubrité indescriptible qui entoure l’activité qui rebute.

Un décor digne des films d’horreur. C’est le spectacle qu’il nous a été donné à voir ce 24 août 2005 dans la matinée, à Cissin secteur n°17, rue 17-33, porte 216. Des carcasses de six (6) porcs posées pêle-mêle sur des morceaux de tôles et de ferrailles. A côté, des boîtes de tomate usées et petits plats remplis du sang des animaux destiné à la préparation du « boudin » dont raffolent des Ouagalais. En outre, des bidons de 20 litres et des bouteilles contenant du pétrole utilisé pour enlever les poils des bêtes à défaut d’eau chaude comme a indiqué M. Nicolas Sana, usager de l’abattoir clandestin. Et ce n’est pas tout, l’aire d’abattage héritée sur les ruines d’une maison est occupée en grande partie par une flaque d’eau boueuse qu’un système de canalisation n’arrive plus à convoyer dans une fosse sceptique construite en dehors de la concession, au pied du mur de l’enceinte. Au fond de la cour, un gros tas de déjection des porcs abattus attend des mois avant d’être enlevé. Ajouté à cela, une autre aire, toujours dans la cour, pleine de déchets liquides jouxtant des latrines.

Toute cette atmosphère n’est pas faite pour être en phase avec ses voisins ni avec les lois de la cité. Ce qui a amené la police à fouiner dans le secteur. Tout est parti d’un soupçon d’un agent.

En effet, le sieur Adama Palo de la Brigade cycliste de la police municipale a, la semaine dernière, aperçu un jeune qui transportait un porc abattu qu’il disait acheminer à l’abattoir pour des contrôles d’hygiène.

Des fours à Gounghin et Zogona

Mais celui-ci n’a pas voulu lui indiquer là où la bête a été abattue. « Alors, j’ai sillonné un peu partout dans le secteur ce jour-là, sans résultat. Et ce matin (Ndlr 24 août 2005) à 6 heures 30 mn j’ai pris la décision d’enquêter. De fil en aiguille, j’ai découvert l’abattoir clandestin et ils étaient en train d’abattre » , a-t-il expliqué.

Ainsi, quatre personnes ont été prises la main dans le sac. « Nous sommes nombreux à tuer les porcs dans cette cour » a laissé entendre Nicolas Sana, sans pour autant vouloir préciser leur nombre.

Veuve Bouda en dépend

Qu’à cela ne tienne, la dizaine d’usagers de l’abattoir de la cour des Bouda s’y rallient, tuent leurs bêtes, se dispersent vers les abattoirs officiels avant d’investir leurs lieux de vente à Gounghin et à Zogona.

« Nous ne vendons que de la viande au four et notre viande n’est pas chère puisque nous coupons des morceaux de 200 F CFA » a dit M. Sana. Sauf quand ils ont une commande et « nous allons à l’abattoir frigorifique et livrons après notre viande avec notre véhicule » a-t-il ajouté. Cependant, nos interlocuteurs n’ont pas voulu nommer les buvettes, bars et autres débits de boissons devant lesquels ils vendent leur « porc au four ».

La famille Bouda est dans le secteur de la viande de porc depuis de longues années. L’activité était menée par Moïse Bouda de son vivant. Après sa mort il y a 5 ans environ, des collaborateurs du défunt mari ont continué le travail, avec cependant beaucoup moins d’application, aucune règle d’hygiène n’étant observée. Mais la survie de veuve Alimata Bouda née Congo et de ses douze (12) enfants dont 10 filles, tous mineurs selon la mère en dépend. « Du temps de mon mari, la cour était beaucoup plus propre et le transport de la viande se faisait avec son véhicule » a reconnu Mme Bouda.
« Je vis des cotisations que les bouchers me versent et je peux gagner environ 1000 F CFA par jour. J’ai déjà eu ce matin 200 F CFA avec lesquels j’ai acheté quelques condiments » a révélé Mme Bouda.

Des nuisances pour le voisinage, elle en est consciente, elle qui rappelait souvent les jeunes à observer certaines règles d’hygiène dans sa cour. Le choléra elle en a aussi entendu parler.

Mais la famille pouvait rester tranquille car ce ne sont pas les voisins qui ont à souffrir des odeurs qui les inquiéteraient. Mlle Ouédraogo Tatiana dont les parents sont des « voisins de mur » dit que les comportements de bon voisinage font que les nuisances ne sont jamais sources de bagarres. « On peut comprendre la voisine parce qu’elle vit de cela » a lancé Mlle Ouédraogo. La police municipale, qui s’est déportée en force sur les lieux, a interpellé les abatteurs et saisi la viande. Le directeur adjoint de la police municipale de Ouagadougou M. Sita Bila a expliqué que s’il y a sanction à prendre il reviendra au service d’hygiène de se prononcer.

Souleymane SAWADOGO (passisley@yahoo.fr)

Sidwaya

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