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Artisanat d’art de Kalanexpo : L’esprit de la brousse burkinabè dans des créations uniques

Publié le mardi 24 septembre 2019 à 09h00min

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Artisanat d’art de Kalanexpo : L’esprit de la brousse burkinabè dans des créations uniques

Pays d’art et de culture, le Burkina Faso est aussi une réserve exceptionnelle de ressources forestières. Malheureusement, les populations locales ont parfois peu conscience de ce don de la nature. Au lieu d’être protégés, les arbres verts sont massivement abattus, souvent brûlés ou réduits en cendre de bois. C’est ainsi que Marie, en collaboration avec son époux Soumaïlia Kanla, s’est engagée à préserver ce patrimoine naturel et unique et à le valoriser à travers le monde. Nous avons rencontré Marie Kanla, cofondatrice de Kalanexpo, qui nous fait découvrir son art.

Marie Kanla est la cogérante de l’entreprise Kalanexpo qu’elle a créée avec son époux Soumaïla Kanla, ébéniste-designer originaire de Fada N’Gourma. Passionné de l’arbre et de l’art sous toutes ses formes, le designer s’est formé au métier d’ébéniste en France avant de redéposer ses valises au Burkina Faso, son pays d’origine, pour le servir à sa manière. Sa femme Marie décide de l’accompagner dans cette noble entreprise. C’est ainsi qu’ils créèrent ensemble Kalanexpo en 2016. Aujourd’hui, à travers leur entreprise sociale, tous deux s’adonnent entièrement au travail du bois et à la lutte contre la déforestation et le trafic du bois exotique.

Les objets d’art faits à base de bois morts

« La charité bien ordonnée commence par soi », a-t-on coutume de dire. La région de l’Est est une terre aux grandes forêts et aux savanes claires. C’est dans cette région de légende qu’est né l’ébéniste et designer Soumaïla Kanla. « Il a voulu d’abord valoriser le patrimoine forestier de chez lui et je lui ai témoigné mon soutien », déclare son épouse, qui est elle aussi passionnée de l’art en général et du bois en particulier.

Kalanexpo, une entreprise sociale et environnementale

Pour Marie Kanla, Kalanexpo est une entreprise écologique dont le but premier est de préserver les ressources forestières du Burkina à travers la valorisation du bois mort auquel ils donnent une seconde vie. En moyenne,100 000 hectares de forêts disparaissent chaque année. Kalanexpo s’est donc donné pour mission de rendre utiles les bois morts. Les essences utilisées sont l’acacia, l’acajou, l’asamela, le bois de fer, le fadouk des savanes, le karité, le neem, le palmier rônier, l’ébène d’Afrique, le bubinga, le doussier, le dattier du désert, le bois perdrix, le teck. A la question de savoir en quoi consiste ce travail, Marie Kanla répond : « Nous travaillons à partir de bois précieux séché sur pied et le transformons en produits de forte valeur ajoutée. Nous créons également des objets, du mobilier ou des sculptures au design unique, qui subliment l’esprit du bois ».

Le couple sillonne la brousse à la recherche d’arbres secs pour les transformer en objets d’art. Grâce à un savoir-faire exceptionnel, Marie et son époux mettent à nu la beauté du bois et révèlent son esprit éternel à travers des créations. Sculptée dans les essences rares au Burkina Faso, chaque œuvre réalisée témoigne de l’histoire du peuple gourmantché. Au sein de l’entreprise, le bois sec est transformé en planches, stylos, chevron, tabourets, étagères, placards, tables, buffets, tasses de thé, couteaux. Ces articles sont commercialisés à l’étranger et au Burkina. Les chefs-d’œuvre sont proposés à des particuliers et à des architectes d’intérieur. Les revenus sont ensuite investis dans la pépinière qui est aussi une œuvre du couple Kanla.

L’entreprise souhaite former des professionnels au découpage, au sciage et à la sculpture du bois. A ce jour, Kalanexpo dispose d’une équipe de cinq intérimaires et d’un apprenti. Pour beaucoup, le métier d’artisan est pour ceux qui n’ont pas réussi à l’école. Mais pour Marie, cette conception est erronée car il faut bien avoir un bagage intellectuel lourd pour exercer ce métier.

Le projet a bénéficié de l’accompagnement de plusieurs partenaires dont « Entrepreneurs en Afrique » qui soutient les Africains ayant étudié en France et qui souhaitent retourner dans leurs pays pour travailler. L’entreprise est aussi accompagnée par l’Ecole supérieure du bois, qui analyse les essences forestières utilisées avant la transformation. Marie a été lauréate du concours de « Occitane pour Elles » en 2019, un programme qui accompagne les entreprises sociales dans leur fonctionnement et leur structuration. Le CIRAD aussi soutient le projet, toute chose qui va permettre à Kalanexpo de mettre en place un « label bois morts » pour prouver aux clients la légalité et la transparence des bois que Kalanexpo exploite. Il y a aussi un chercheur qui suit le travail du couple pour caractériser quinze essences qu’utilise Kalanexpo.

Un métier qui nécessite beaucoup d’efforts physiques et financiers

« Le monde de l’entreprenariat n’est pas toujours facile ; il y a des hauts et des bas. Il faut beaucoup de courage car, très souvent, on part de zéro dans l’espoir de devenir un héros dans le domaine ». C’est ce que pense Marie de l’entrepreneuriat. Pour la co-promotrice de Kalanexpo, les difficultés majeures sont la mobilisation des fonds et le manque de formation qualifiée des employés qui travaillent avec eux.

Le couple Kanla a plusieurs projets en tête : pouvoir booster la production et la vente en ayant des machines beaucoup plus performantes ; rendre effective la mise en pace d’une galerie à Ouagadougou à la Zone du bois, qui constituera la vitrine de Kalanexpo au niveau du marché local ; mettre en place une boutique en ligne pour que la visibilité de l’entreprise s’étende au-delà des frontières ; améliorer l’impact environnemental et social de l’entreprise en embauchant plus de personnel et en lui donnant une formation qualifiée.

Kalanexpo est basée à Fada N’Gourma mais la galerie sera bientôt installée à la Zone du bois, à Ouagadougou.

P. M. OUEDRAOGO

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