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Foncier au Burkina : La Banque mondiale apporte son expertise

Publié le vendredi 13 septembre 2019 à 12h01min

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Foncier au Burkina : La Banque mondiale apporte son expertise

La représentation de la Banque mondiale a organisé ce vendredi 13 septembre 2019 à Ouagadougou un atelier de dissémination d’un rapport sur le secteur foncier. Des représentants d’organisations de la société civile, de la chefferie coutumière et du ministère de l’Agriculture et des aménagements hydro-agricoles ont pris connaissance du contenu du rapport.

Le rapport est une requête du gouvernement burkinabè. La Banque mondiale s’est chargée de son exécution. Ce vendredi 13 septembre 2019, le contenu de l’étude sur la situation du foncier au Burkina Faso a été présenté à une centaine de personnes représentant des OSC, la chefferie coutumière et le ministère en charge de l’Agriculture et des aménagements hydro-agricoles.

Pour André Teyssier, auteur du rapport, ce dernier fait l’état des lieux du secteur foncier au Burkina Faso et formule de suggestions. Le Burkina est marqué, selon les experts, ces dernières années, par une pression sur le foncier. « La population sera de 20 à 40 millions dans 30 ans contre 9 millions en 1990. Ce qui laisse présager un risque de perte de 15% des terres agricoles dans les 10 prochaines années au détriment des 7 millions de personnes pauvres en milieu rural », ont-ils fait remarquer.

Il existe aussi, selon le rapport, une compétition souvent de nature conflictuelle pour la terre entre les autochtones et les migrants et une urbanisation galopante, facteur de risques sociaux. « Les populations citadines sont passées de 1,2 million en 1990 à 5,7 millions en 2016. Ce qui provoque une pression croissante sur les terres rurales en périphérie des villes et une spéculation foncière active », a indiqué M. Teyssier.

Le rapport fait aussi remarquer que le niveau de formalisation des droits fonciers reste faible en milieu rural. Seuls 17000 titres fonciers ont été délivrés, 77% des ménages ne disposent d’aucun document officiel attestant de leur droit sur leurs terres. En milieu urbain, un tiers des propriétaires a un permis urbain d’habiter (PUH).

Pour résoudre ces problèmes, le Burkina a adopté en 2009 une loi sur le foncier. Seulement, 10 ans après le vote de ladite loi, son application reste limitée. Environ 20% des communes disposent de services fonciers ruraux fonctionnels et 3 250 APFR (Attestations de possession foncière rurale) ont été délivrées soit une moyenne de 52 APFR par commune.

Des suggestions pour mieux gérer le foncier

A la lumière de leur étude, les experts ont formulé six propositions visant à mieux prendre en compte la question du foncier. Il s’agit entre autres de la poursuite de la décentralisation, d’un plan d’actions pour une meilleure reconnaissance des droits fonciers de la femme, etc.

Pour Christophe Rockmore, parlant au nom du représentant résident de la Banque mondiale au Burkina, la gestion du foncier est nécessaire pour la rentabilité agricole. « Une gestion foncière transparente motive les agriculteurs à investir sur leurs parcelles, dès lors qu’ils ont l’assurance de pouvoir les exploiter à long terme », a-t-il souligné.

Lamourdia Thiombiano, secrétaire général du ministère de l’Agriculture et des aménagements hydro-agricoles, a salué la réalisation de ce rapport dans la mesure où il va permettre de juguler le problème foncier et éviter surtout les conflits agriculteurs-éleveurs qui font des victimes.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 septembre 2019 à 17:31, par rabo En réponse à : Foncier au Burkina : La Banque mondiale apporte son expertise

    « Une gestion foncière transparente motive les agriculteurs à investir sur leurs parcelles, dès lors qu’ils ont l’assurance de pouvoir les exploiter à long terme » dixit M. Christophe Rockmore, parlant au nom du représentant résident de la Banque mondiale au Burkina.
    De quels agriculteurs parle t-on ?
    Parler d’exploiter des terres à long terme pendant que celles-ci sont exploitées depuis des générations par nos parents me semblent contradictoire.
    Le Burkina est un pays agricole, avec près de 80% de sa population, et de plus analphabète majoritairement.
    Confier la question du foncier à des organismes comme la Banque Mondiale est le meilleur moyen de mettre en place un système de dépossession progressif de la terre, entre les mains des paysans, au profit des grandes firmes et accessoirement de nos dirigeants politiques et opérateurs économiques. Car, qui possède l’information possède le pouvoir.
    Ils ont pris le temps pour maitriser notre culture et maintenant ils savent comment nous utiliser les uns contre les autres pour dominer nos mondes.
    Ne mettons pas aujourd’hui, entre leurs mains, aussi facilement, d’autres pans entiers de notre vie.
    Nos intellectuels gagneraient, par leurs écrits, à éclairer davantage le peuple sur les enjeux cachés des études de cette nature.

  • Le 16 septembre 2019 à 09:12, par Danton En réponse à : Foncier au Burkina : La Banque mondiale apporte son expertise

    Moi je vous dis que l’agitation des « bailleurs de fonds » sur la question du foncier n’a qu’un seul but : asservir definitivement l’Afrique en rachetant toutes ses terres. La terre a toujours été exploitée en Afrique noire par les sociétés sans que cela génère aucun conflit majeur. Et ce depuis des siècles sinon des millénaires.Aujourd’hui on voudrait nous faire croire qu’il faut partager la terre entre ceux qui l’exploitent de manière traditionnelle et octroyer d’hypothétiques titres de possession ? Mais comment se fera ce partage ? Comment éviterons-nous les conflits fratricides si nous tombons dans ce piège ? Mes frères, mes soeurs, réveillons-nous pendant qu’il est temps. On ne touche pas à nos terres ! Danton.

  • Le 16 septembre 2019 à 13:18, par KingBaabu En réponse à : Foncier au Burkina : La Banque mondiale apporte son expertise

    @Danton. Je valide. C’est la dernière trouvaille pour mieux nous empêcher de décoller. Si nous n’y prenons garde, nos descendants se retrouveront à travailler sur nos propres terres comme salariés des chinois et autres occidentaux. Toute leur stratégie actuelle rime à dire ceci : toute personne qui exploite la terre devarit avoir un titre de propriété sur une portion de celle-ci. Et dès qu’il y a un titre de propriété, la terre devient un bien marchand qu’on peut vendre à volonté. A ce jeu, les puissances d’argent dicteront leur loi, obligeront les pauvres paysans à « bazarder » pour des miettes. Aidez-nous autrement si vous voulez vraiment aider, mais de grace laissez-nous gérer nos terres comme nous l’avons toujours fait.

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