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Santé au Burkina : Des acteurs outillés sur les flexibilités de l’accord ADPIC pour faire baisser le coût des médicaments

Publié le vendredi 13 septembre 2019 à 13h00min

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Santé au Burkina : Des acteurs outillés sur les flexibilités de l’accord ADPIC pour faire baisser le coût des médicaments

Du 12 au 14 septembre 2019, se tient à Ouagadougou un atelier national de renforcement de capacité sur les flexibilités de l’accord sur les Aspects de droit de propriété intellectuelle qui touche au commerce (ADPIC), l’accès aux médicaments et la production locale de génériques.

C’est un secret de polichinelle que de dire qu’en Afrique, l’accès aux médicaments, notamment aux nouveaux produits pharmaceutiques, est un défi. Et ce au regard de leur coût, alors que les pays africains subissent la double charge des maladies infectieuses couplées aux maladies chroniques non transmissibles qui constituent un véritable fardeau économique pour les pays. A titre illustratif, les anti-cancéreux sont hors de portée pour la plupart des patients, les obligeant à renoncer aux traitements. Par exemple, le TAXOTERE (DOCETAXEL) 80 mg injectable coûte 114 141 F CFA, alors que le salaire moyen dans notre pays est de 115 000 F CFA.

Le coût élevé de ces médicaments s’explique souvent par les brevets pharmaceutiques qui octroient un monopole à leurs titulaires et cela se traduit par des prix des médicaments inaccessibles pour les populations.

Toutefois, l’accord sur les Aspects de droit de propriété intellectuelle qui touche au commerce (ADPIC) de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) prévoit des flexibilités pour remédier au monopole de la propriété intellectuelle en octroyant aux pays les moins avancés la possibilité de ne pas appliquer la protection des brevets pharmaceutiques et des données des essais cliniques au moins jusqu’au 1er janvier 2033. Les pays en développement ont droit à d’autres flexibilités telles que l’octroi de licences obligatoires et l’application de critères stricts pour limiter le nombre de brevets de produits pharmaceutiques délivrés.

Des résolutions de l’ONU et des instruments régionaux appellent donc les pays africains à utiliser les flexibilités de l’accord sur les ADPIC pour promouvoir l’accès aux médicaments ainsi que la production locale de génériques. Cela inclut la feuille de route adoptée en 2012 par les Chefs d’Etat de l’Union africaine sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale pour la réponse au SIDA, à la tuberculose et au paludisme en Afrique, ainsi que le plan d’affaires pharmaceutique de la CEDEAO. Ce qui devrait contribuer à la réalisation de la couverture sanitaire universelle.

Dr Liliane Gounabou, représentante de la ministre de la Santé

A en croire la représentante de la ministre de la Santé, Dr Liliane Gounabou, « pour notre population et pour le projet de gratuité des soins promis par le Chef de l’Etat, il est urgent de saisir cette opportunité pour faciliter l’accès et la production locale de génériques qui est un projet très cher également pour le chef de l’Etat. D’autant plus que ces flexibilités ont été utilisées avec succès dans d’autres pays pour faire baisser les prix des médicaments. »

L’atelier ouvert ce jeudi 12 septembre 2019 sera donc le lieu de renforcer les capacités nationales à l’utilisation des flexibilités de l’accord sur les Aspects de droit de propriété intellectuelle qui touche au commerce (ADPIC) pour promouvoir l’accès aux médicaments et la production locale de génériques.

Safiatou Simporé, fondatrice de l’ONG YOLSE, initiatrice de l’atelier

Safiatou Simporé, fondatrice de l’ONG Yolsé santé publique et innovation, qui travaille sur les questions d’accès aux médicaments et de propriété intellectuelle, initiatrice du présent atelier, espère ainsi que des recommandations fortes sortiront des trois jours de travaux. Il s’agit notamment de l’adoption de textes sur la mise en œuvre de la flexibilité. « Nos recommandations, c’est vraiment que les responsables politiques prennent leurs responsabilités, qu’ils fassent en sorte que les flexibilités puissent être mises en œuvre au Burkina. A travers les flexibilités, on peut s’approvisionner à des médicaments innovateurs dans d’autres pays qui coûtent moins cher ou le Burkina peut aussi produire ses propres médicaments. », souhaite Mme Simporé.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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