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Burkina Faso : L’UPC dénonce le « délitement silencieux du système de santé »

Publié le jeudi 12 septembre 2019 à 20h00min

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Burkina Faso : L’UPC dénonce  le « délitement silencieux du système de santé »

L’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) est convaincue que la santé est le capital le plus important sur la route du développement d’un pays. Au Burkina Faso, ce secteur connait une crise sans précédent depuis le mois d’Avril 2019 avec à la clé des grèves et des mouvements d’humeur dont les conséquences sont préjudiciables à la santé des populations. Le SYNTSHA a décidé du renouvellement de son mot d’ordre de boycott de certaines activités du 02 septembre au 27 Novembre 2019, de même que cinq autres syndicats de la santé qui maintiennent leur mot d’ordre. Au regard de la gravité de la situation et de l’impasse constatée dans cette crise, l’UPC a jugé nécessaire d’interpeller le gouvernement à travers cette déclaration.

L’UPC, dans sa déclaration en date du 16 mai 2019, attirait l’attention du gouvernement sur les conséquences fâcheuses qui pourraient résulter des grèves à répétition dans le secteur de la santé. A l’analyse de cette crise, il ressortait clairement une rupture de confiance entre les syndicats de la santé et le gouvernement du fait du non-respect par ce dernier des nombreux engagements pris auparavant. L’UPC invitait le gouvernement à tout mettre en œuvre pour garantir la santé des populations par une résolution rapide de la crise. Il invitait également les syndicats de la santé à ne pas rompre le fil du dialogue avec le gouvernement.

Depuis cette déclaration interpellatrice, les évènements suivants se sont succédés :
- Le SYNTSHA a effectivement observé une grève de 96 heures du mardi 21 Mai 2019 au vendredi 24 Mai 2019 ;

- quatre (04) autres syndicats du secteur de la santé (SYMEB, SYNTAHSS, SAIB, SYSFMAB) ont emboité le pas au SYNTSHA en observant une grève de 72 heures allant 22 au 24 mai 2019. Cette grève était suivie d’une suspension des activités de routine du 27 au 31 mai 2019.
- le bureau exécutif national (BEN) du syndicat des Médecins (SYMEB) réuni en conseil syndical le samedi 1er juin 2019 à Ouagadougou, décidait de la poursuite du boycott des activités.

- le SYNTSHA dans une correspondance datée du 02 juin 2019 informait le Gouvernement de l’organisation d’actions syndicales en vue de la satisfaction totale de sa plateforme revendicative. Ces actions s’étendraient du 07 juin au 1er septembre 2019 et renouvelables par tacite reconduction. Elles concerneraient : le boycott de la transmission des rapports statistiques, la non-participation aux missions et tournées, la non-exigence du paiement des actes posés au profit des usagers ;

- A sa suite, le Ministère de la santé produisait un communiqué sur l’illégalité juridique (références à l’appui) des mesures prises par le SYNTHSHA et les conséquences fâcheuses que cela pourrait engendrer sur le système sanitaire. Des actions auraient été initiées pour la mise en œuvre du protocole d’accord ; tous les actes préalables à la mise en œuvre de la Fonction publique hospitalière (FPH) pris et le paiement des agents contractuels propres des établissements publics de santé déjà effectif ;

- le 24 juin 2019 le syndicat des médecins (SYMEB) organisait une marche à Ouagadougou vers le Ministère de la santé pour réclamer l’examen de leur plateforme revendicative en souffrance depuis le 30 Avril 2019.
- le gouvernement ouvrait le 11 juillet 2019 des négociations avec les 6 syndicats de la santé (SYMEB, SYNTAHSS, SYNTSHA, SYSFMAB, SAIB, SPBF), sur la Fonction publique hospitalière ; et le 12 Juillet 2019 avec le SYNTSHA sur son protocole d’accord ;

- Depuis lors c’est l’impasse et le SYNTSHA a décidé de la reconduction de ses actions de lutte du 02 septembre au 27 novembre 2019. Il exige du gouvernement la reprise des négociations pour la mise en œuvre du protocole d’accord signé entre les deux parties.

L’UPC constate une dégradation sans précédent de la situation dans le secteur de la santé, privant les populations de soins adéquats : les consultations sont peu disponibles dans les formations sanitaires, les interventions chirurgicales devenues rares, les laboratoires peu fonctionnels, les équipements de radiologies devenus vétustes ou tout simplement en panne ne permettant plus de satisfaire à la demande des usagers.

La crise à des conséquences dévastatrices sur l’activité chirurgicale à un niveau jamais égalé au Burkina Faso. Les blocs opératoires des CHU de Ouagadougou (Yalgado, Tengandogo, Bogodogo) et de Bobo Dioulasso sont saturés du fait du nombre élevé d’évacuations sanitaires locales et en provenance de l’intérieur du pays.

Une autre conséquence de cette crise et pas des moindres est celle portant sur la qualité de la formation des paramédicaux et des médecins dans les formations sanitaires. Les étudiants en médecine, les élèves des écoles nationales de santé publiques (ENSP) et des écoles privées de santé pourraient voir leurs formations sérieusement compromises.

Pourtant, il est unanimement reconnu que la performance d’un système de santé passe nécessairement par des infrastructures et des équipements adéquats, des ressources humaines en quantité, en qualité et motivées. L’UPC est au regret de constater qu’un « génocide silencieux » est en train de se produire dans les formations sanitaires avec la complicité de tous à commencer par le Gouvernement à qui le peuple a pourtant donné mandat pour garantir sa santé.

Le SYNTSHA a renouvelé son mot d’ordre jusqu’au 27 Novembre 2019 et le silence que l’on constate est inacceptable.
L’UPC l’a déjà dit et le répète : les conséquences dévastatrices des attaques terroristes contre le peuple Burkinabè expliquent le fait qu’il ne puisse plus s’accommoder d’une autre crise, surtout dans un secteur aussi sensible que celui de la santé.

L’UPC, devant ces constats, :
- Recommande au Gouvernement d’avoir un regard diligent sur ce secteur très sensible qu’est la santé et y réaliser des investissements structurants ;
- invite prestement le Gouvernement à reprendre sans délai les négociations avec les syndicats de la santé afin de trouver rapidement une solution à la crise qui perdure ;
- invite le Chef de l’Etat à s’impliquer personnellement dans la résolution de cette crise pour respecter le droit constitutionnel à la santé des populations dont il est le garant ;

- encourage le haut conseil pour le dialogue social (HCDS) qui avait déjà rencontré le ministère de la santé en Mai 2019 au sujet de cette crise, à s’impliquer de nouveau pour une sortie heureuse ;
- requiert l’intervention du Médiateur du Faso et de toutes les autres institutions (étatiques ou non étatiques) pouvant jouer un rôle dans la résolution rapide de cette crise qui n’a que trop duré.

En tout état de cause, le développement de notre pays passe forcément par la résolution de cette crise dans le domaine de la santé. Aucun peuple ne peut espérer se développer s’il n’est en bonne santé car, comme le disait le philosophe britannique Francis BACON : « un corps sain est un hôte et un corps malade est un geôlier ».
L’UPC, dans les jours à venir, ira à la rencontre des protagonistes de la crise afin de voir quelles solutions consensuelles pourraient être trouvées pour une sortie de crise.

Ouagadougou le 10 septembre 2019
Pour le Bureau politique national de l’UPC
Le Secrétaire National chargé de la Santé
Dr Steve Léonce ZOUNGRANA (MD, MPH, Msc)

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Vos commentaires

  • Le 13 septembre 2019 à 08:31, par koh En réponse à : Burkina Faso : L’UPC dénonce le « délitement silencieux du système de santé »

    oui c’est bien mais ce n’est pas arrivé et aux syndicats ? Il faudrait leur adresser un mot. l’UPC oublie que le MPP ne pas rester éternellement au pouvoir. IL faut souvent se dire qu’un jour on peut être dans cette SITUATION.
    Je remarque qu’au B F on comprend trop les choses et ce sont les conséquences des excès de compréhension que nous vivons aujourd’hui.

  • Le 13 septembre 2019 à 09:31, par HUG En réponse à : Burkina Faso : L’UPC dénonce le « délitement silencieux du système de santé »

    Merci à l’UPC pour cette sortie. Les pauvres vivent un calvaire de nos jours car en réalité le système de santé connait une paralysie. A ce niveau la responsabilité est partagée car le serment d"Hippocrate est bafouée. On travaille à 1000% dans les cliniques et centre de santé privés et on laisse les pauvres personnes mourir dans les centres de santé publique et cela pour une question de fonction publique hospitalière. Quant à l"Etat, il faut dire qu’il ne sert à rien de signer des accord populistes tout en sachant qu’il serait difficile de les mettre en oeuvre. Avec les enseignants on s’est empressé de les satisfaire à 100% parce qu’on avait peur de l’année blanche.

  • Le 13 septembre 2019 à 12:27, par SAA En réponse à : Burkina Faso : L’UPC dénonce le « délitement silencieux du système de santé »

    Du vrai n’importe quoi cette déclaration de l’UPC. Dr Steve Léonce ZOUNGRANA (MD, MPH, Msc) Secrétaire National chargé de la Santé de l’UPC écrit en tant que DOCTEUR gréviste ou c’est toujours critiquer pour prouver que l’UPC aussi existe ?

  • Le 13 septembre 2019 à 13:41, par Le Dargolais En réponse à : Burkina Faso : L’UPC dénonce le « délitement silencieux du système de santé »

    Dr Steve Léonce ZOUNGRANA, on reconnais le maçon au pied du mur. Tout parais très simple si on suit le match à la télé. Est-ce que vous arrivez à satisfaire tout ce que vos enfants vous demande ? Même nos propre enfants, ils nous demandent souvent des choses qu’on est dans l’impossibilité de le faire. Mais je pense que c’est le cas pour le gouvernement et les syndicats.

  • Le 13 septembre 2019 à 15:57, par ô pays mon beau peuple En réponse à : Burkina Faso : L’UPC dénonce le « délitement silencieux du système de santé »

    Cette démarche de médiation est louange si elle est sincère. Mais il faut que les syndicats sachent ceci : tous les problèmes qu’ils soulèvent sont là depuis des décennies et si les gens sont sincères et aiment leurs pays , ils doivent savoir qu’il faut planifier la résolution des problèmes graduellement dans le temps. Sinon , si c’est les grèves et autres marches, qu’ils ajoutent à cela des rampes, des roulades , des Appuis Tendus Renversés(ATR), on ne va jamais , jamais vider les caisses de l’Etat pour une infime partie de la population au détriment de l’immense majorité paysanne et les autres du secteur informel. Quand on rappel à chaque fois que des engagements non respectés par l’Etat , c’est de l’hypocrisie pure et simple. Quand les engagements se prenaient le budget de la défense n’était pas au niveau actuel dû aux attaques terroristes. Même au niveau des accords internationaux, le respect des délais est liés aux conjonctures. Même le FMI peut retarder l’exécution de contrat si les conjonctures ne sont pas favorables. Il y a un adage populaire de chez nous qui dit : quand un débiteur règle sa dette parce que le créancier l’ a vexé , c’est parce qu’en réalité il avait de quoi payer sinon il a beau subi toutes les formes d’humiliation et le créancier n’aura rien.

    • Le 17 septembre 2019 à 10:36, par saugust En réponse à : Burkina Faso : L’UPC dénonce le « délitement silencieux du système de santé »

      Mon cher, vous pensez aider le pays peut-être de cette façon, mais c’est tout le contraire vous faites en réalité. Si vous étiez au pays en 2017, vous êtes donc au courant de ce qui se passe : Quand on veut réajuster, un accord, les protagonistes se retrouvent et analysent objectivement la situation. Dans ce cas, toutes les parties savent vers où on s’achemine ; si au contraire, une partie interpèle l’autre pendant deux ans sans réponse, qu’est-ce que vous voulez qu’on pense ? Si on enjambe ces accords non mis en oeuvre et on fait d’autres propositions plus coûteuses (FPH) en phase de mise en oeuvre, est-ce un problème de moyens ? Mon ami, c’est purement et simplement de la déconsidération vis-à-vis du plus grand nombre de travailleurs du système de santé et dans un contexte de crise sécuritaire. Toutes les personnes averties de la question telle que le Docteur ZOUNGRANA connaissent où se trouve le problème. Si comprendre c’est accepter d’être piétiner par celui qui était sensé te protéger, je réfuse d’être compréhensif ! pourquoi pour des questions de carrières et de fonctionnement des services de santé on a pas d’argent et pour donner des milliards sans agir sur les compétences le gouvernement est prompt ? pourquoi personne ne se préoccupe de comment sont former les professionnels des soins infirmiers et obstétricaux au Burkina et tout le monde s’empresse de dénoncer l’incompétence des agents de santé ? en tout cas, si votre santé ne vous préoccupe pas, nous ne voulons plus jouer ce rôle.

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