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Collaboration entre FDS dans la lutte contre le terrorisme : Laurent Kibora propose le rouleau compresseur russe

Publié le mardi 10 septembre 2019 à 11h00min

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Collaboration entre FDS dans la lutte contre le terrorisme : Laurent Kibora propose le rouleau compresseur russe

« La collaboration entre les Forces de défense et de sécurité, une synergie vitale dans la lutte contre le terrorisme », c’est le thème d’une conférence publique animée par Laurent Kibora le 7 septembre 2019 à l’université Aube Nouvelle de Ouagadougou. Il a expliqué le rôle prépondérant mais souvent négligé que peuvent jouer les forces paramilitaires dans cette lutte de longue haleine. Logigramme de la collaboration entre Forces de défense et de sécurité ou rouleau compresseur russe, c’est ce qu’il propose.

Les personnels des GSP (gardes de sécurité pénitentiaire), des eaux et forêts, des douanes et de la police ne sont pas suffisamment impliqués dans la lutte contre le terrorisme, aux côtés des l’armée et de la gendarmerie. La synergie d’actions entre ces forces se fait attendre alors que la menace s’étend de jour en jour.

C’est le constat que fait le chercheur Laurent Kibora, spécialiste en sécurité et développement, qui a animé une conférence ce 7 septembre 2019. Les militaires, gendarmes, policiers, GSP, acteurs de la justice n’ont pas boudé ces échanges modérés par le directeur général des Editions, Sidwaya Mahamadi Tiégna.

Dans cette lutte globale, le conférencier soutient que toutes ces forces devraient agir en synergie. C’est une chaine, mais pour le moment, c’est une chaine dont certains maillons, notamment les corps paramilitaires, ne sont pas suffisamment utilisés. Foi de Laurent Kibora, il y a véritablement un problème de coordination.

La partition des gardes de sécurité pénitentiaire est essentielle. Par la détention des présumés terroristes, ils peuvent faire du renseignement pénitentiaire, et faire utiliser les informations récoltées pour faciliter les actions des autres maillons de la chaine.

Qui mieux que les eaux et forêts pour connaitre les forêts où se cachent souvent les malfaiteurs. Dans la région de l’Est par exemple, très boisée, les terroristes connaissent les arcanes de la flore dans laquelle ils élisent domicile et se déplacent allégrement et replient après avoir causé des dégâts. De par leur connaissance du terrain, les eaux et forêts peuvent guider, orienter. En plus, il ressort que certains grands braconniers bien connus des services des eaux et forêts travaillent avec les terroristes. Mais les eaux et forêts ne sont pas ou suffisamment consultés, pourtant leur avis est pertinent pour la réussite des missions dans ces zones.

La douane elle qui surveille les frontières peut contrôler les trafics et autres produits qui alimentent des filières terroristes.

La police est considérée comme étant le corps le plus rompu dans le renseignement efficace en plus de ses effectifs déployés sur l’ensemble du territoire. Son apport est tout aussi inestimable. Ensuite vient l’armée qui, avec sa logistique, ses compétences transversales, ses moyens terroristes et aériens dans le volet opérationnel. Et enfin la gendarmerie, aussi dotée d’un renseignement efficace, de la discipline de ses éléments, de sa connaissance tactique.

C’est donc le rouleau compresseur russe que propose le chercheur Laurent Kibora qui l’a soumis au débat. L’assistance a reconnu que la lutte contre le terrorisme ne saurait porter des fruits surtout si toutes les forces ne sont pas mises à profit. « Il ne faut pas qu’une seule entité pense qu’elle peut à elle seule venir à bout du terrorisme. Tant que les différentes composantes ne se mettent pas ensemble, ce sera encore plus difficile (…) Nos moyens sont limités », a pour sa part noté Mahamadou Sawadogo, chercheur, spécialiste des questions de sécurité qui a co-animé la conférence.

Surtout, Mahamadou Sawadogo a regretté que la Burkina Faso n’ait pas encore un centre d’études stratégiques en phase avec la nouvelle situation. « Il manque un centre national d’études stratégiques pour anticiper et comprendre le phénomène (…) Tant qu’on n’arrive pas à anticiper sur l’action des terroristes, ils vont tout le temps nous surprendre et avoir une longueur d’avance. L’Agence nationale de renseignement a des informations, mais on fait quoi de ces informations ; il ne suffit pas d’avoir des informations. Il faut des spécialistes pour analyser ces informations et anticiper », a poursuivi Mahamadou Sawadogo.

Pour lui, dans la lutte contre l’extrémisme violent, il ne suffit pas de tuer les terroristes, il faut empêcher leurs actions, voir comment ils arrivent à s’enraciner, à convaincre les populations de les rejoindre. « Ce n’est pas le rôle de l’ANR. Il faut une synergie d’actions de tous les acteurs. Les philosophes, géographes, mathématiciens, sociologues… ».

Des participants ont suggéré que la justice soit placée au centre de ce rouleau compresseur. Laurent Kibora, tout en appréciant les contributions, a souhaité que les différentes entités militaire et paramilitaire présentes s’en inspirent pour que le rouleau compresseur russe renforce la synergie vitale dans la lutte contre le terrorisme.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 11 septembre 2019 à 05:30, par Atrap Le Moize En réponse à : Collaboration entre FDS dans la lutte contre le terrorisme : Laurent Kibora propose le rouleau compresseur russe

    Merci au conférencier Laurent Kibora et aux co-animateurs pour ces propositions. Je pense que vous avez raison car cette lutte ne peut seulement être l’affaire des FDS et des autorités mais aussi de tous. Je l’ai déjà dit dans un de mes posts sur ce forum. Tout burkinabè doit se mettre debout pour qu’ensemble, on ne laisse aucune faille où l’ennemi puisse s’infiltrer. Comme on le dit dans notre langage populaire soyons l’arbre et son écorce où on ne peut pas s’insérer. Mon opinion cependant est que les FDS ne peuvent pas toutes seules décider de travailler ensemble de façon tactique et coordonnée sans que cela ne soit décidé à un niveau supérieur. Il faut que cette dynamique soit impulsée par le politique à travers la hiérarchie de ces FDS. Toutes nos FDS ont du mérite et on le voit tous les jours à travers les actions posées. Si on pouvait même créer plus de FDS, on le ferait parce que sans elles, nos sociétés seraient dans un chaos total. Quand je dis qu’il faut impliquer tout le monde, je donne des exemples. Les pisteurs (ou guides) de chasse connaissent mieux des zones boisées comme l’Est, le Sud-Ouest et certaines parties du Nord de notre pays. Ces pisteurs de chasse ont des connaissances encore plus affutées du terrain que les personnels des Eaux et forêts. Idem pour les vétérinaires qui parcourent les brousses pour effectuer leur travail. Dans le sahel, on a des gens qui connaisse les zones désertiques et qui peuvent même traverser tout le Sahara sans boussole ou GPS et cela, dans toutes les directions. Également, nous devons tracer les produits chimiques, (très souvent des engrais destinés à un usage agricole) qui servent à fabriquer les engins explosifs qui tuent de plus en plus sans distinction. Il faut savoir d’où ces produits sont achetés ou acheminés. Nos autorités devraient aussi songer à investir dans du matériel de vision infrarouge pour permettre à nos FDS de voir dans l’obscurité et aussi du matériel de détection de mouvement. Ces derniers pourraient aider à la sécurité de nos bases militaires sur le terrain comme celle de Koutoukou. Quand vous allez sur internet, il y a tellement de gadgets qui très souvent ne coutent pas cher mais peuvent servir dans un cadre militaire. Les drones dont beaucoup parlent ont une autonomie de vol limitée à cause des batteries ; ils peuvent cependant servir lors des opérations de terrain mais pas pour une surveillance 24/24. Nous devons investir dans les moyens qui sont à notre portée et qui ne sont pas forcément conçus pour une utilisation militaire. Dans les pays développés, les gens utilisent des technologies créées au départ pour autre chose qu’ils détournent et adaptent à un contexte militaire. Très souvent, les résultats sont fantastiques. Il faut qu’on sorte des sentiers battus et du classique. La situation avec laquelle on doit découdre n’est pas classique. Je lance un appel aux autorités. Mettez en place un cadre de réflexion car en matière de nouvelles technologies, notre jeune génération est très douée dans ce domaine et pourrait être mise à contribution. Vous verrez que de bonnes idées au cout abordable pourraient émerger pour nous aider dans cette guerre inique et injustifiée.

  • Le 16 septembre 2019 à 03:35, par helene En réponse à : Collaboration entre FDS dans la lutte contre le terrorisme : Laurent Kibora propose le rouleau compresseur russe

    Il faut faire simplement faire appel à Auguste Denise Barry. Ce n’est pas une question de fierté, mais de patriotisme.« »

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