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Querelles de légitimité, accusations de corruption : l’opposition ne respire pas la forme

Publié le mardi 23 août 2005 à 08h17min

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Le mercure de la présidentielle est monté d’un cran en cette mi-août. A moins de trois mois de l’élection présidentielle, la scène politique donne de meilleurs signes de lisibilité. Le camp du président sortant, un front de 28 partis et d’une dizaine d’associations de la société civile fera face à au moins 14 candidats de l’opposition toutes tendances confondues.

Le morcellement est important. Les tentatives de regroupement dans ce morcellement donne l’illusion de plusieurs courants organisés capables d’alliance en cas de second tour. En réalité, il est le germe d’une rivalité potentielle. Les responsables de l’opposition plus que quiconque savent que dans cette présidentielle, derrière le président sortant, chacun de ses principaux ténors travaille à émerger à la seconde place.

L’incapacité à trouver un candidat consensuel est symptomatique de ce besoin de positionnement de chaque leader de l’opposition. Des divergences idéologiques importantes et des contentieux historiques rendent presque impossible l’unité autour d’un ténor dans l’opposition.

En effet, on voit mal un libéral bon teint, farouche adversaire de la révolution sankariste comme Hermann Yaméogo s’aligner derrière un Norbert Tiendrébéogo, ou même un Bénéwendé Stanislas Sankara faire de même après s’en être séparé pour créer l’UNIR/MS et vice versa. Aussi nous sommes de ceux qui sont prêts à prendre le pari pour 100 contre 1 que si par extraordinaire, il devrait se dérouler un deuxième tour de l’élection présidentielle, le candidat de l’opposition quel qu’il soit n’aurait pas le soutien total de l’Alternance 2005. En clair, ni Philippe Ouédraogo avec sa petite coalition, ni Ali Lankoandé avec son PDP/PS, ni Hermann Yaméogo et son semblant de mouvance ne fait et ne fera de sitôt l’unanimité au sein de l’opposition.

L’opposition est mal à l’aise sur un deuxième plan, celui de son intégrité morale. L’affaire des 30 millions de l’OBU et les accusations répétées de Laurent Bado l’ont plus que éclaboussée. Ses timides dénégations ne convainquent pas. Laurent Bado pourrait avoir raison. Beaucoup de nos opposants parlent de corruption la bouche pleine. C’est pourquoi là encore on parierait 100 contre 1 que le face-à-face réclamé par Bado Laurent n’aura pas lieu.

Le professeur dans ses dernières déclarations a montré qu’il est méticuleux dans la prise des notes. Dans le face-à-face réclamé, sa fameuse liste des opposants corrompus pourrait faire l’effet d’une bombe. Bombe d’autant plus ravageuse si les "mystérieux" envoyés du président se mettent eux-aussi à table avec le sens de la précision sur les jours des audiences et les sommes perçues par nos zorros de l’opposition.

Du reste, le périple sous-régional annoncé par "Alternance 2005" ressemble fort à un tourisme de la main tendue. On fera particulièrement attention à la première étape, celle d’Abidjan pour se demander que diable vont-il chercher dans cette galère ! Le maître des lieux qui ne cherche que les occasions de rendre à Blaise Compaoré, le chiot de sa supposée chienne de rébellion au Nord, ne se fera pas prier pour délier le cordon de la bourse contre quelques pics dont Hermann Yaméogo a le secret. Un autre acte de corruption en perspective. On attend d’être démenti !

Sur un troisième plan, les candidats de l’opposition souffrent d’une crise de légitimité au sein de leur famille politique et de leurs partis respectifs. Les démissions et les critiques virulentes contre Hermann Yaméogo sur la gestion de l’UNDD sont quasi-hebdomadaire. La querelle entre Philippe Ouédraogo et Soumane Touré pour le contrôle du PAI est loin d’être terminée. La situation est quasi identique à l’OBU entre Laurent Bado et Emile Paré. Ernest Nongma Ouédraogo continue de disputer le leadership dans la famille sankariste à Bénéwendé S. Sankara et à Norbert Tiendrébéogo du FFS qui s’est allié la Convergence pour l’Espoir...

Entre querelle de légitimité, accusations de corruption, rivalités de leadership, l’opposition ne respire pas du tout la pleine forme. A l’inverse, le camp présidentiel fait montre d’une grande sérénité et avance par étapes savamment calculées.

Tels sont les grands traits du relief politique national à moins de 90 jours de la présidentielle. A cette allure a-t-on besoin d’être un spécialiste en divination pour dire que l’historique ballottage de 1978 à peu de chance de se reproduire en novembre prochain ?

Djibril Touré
L’Opinion

P.-S.

Lire aussi :
Présidentielle 2005

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