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Téléphones portables : « Il est urgent de règlementer et d’encadrer leur usage dans les services publics »

Publié le mardi 3 septembre 2019 à 20h30min

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Téléphones portables : « Il est urgent de règlementer et  d’encadrer leur usage dans les services publics »

C’est certain, le téléphone portable a des avantages incontestables. Il favorise la résolution de certains problèmes aussi bien dans les familles que dans les services publics et la société. Il permet de faire des échanges commerciaux sans se déplacer, d’envoyer ou de recevoir de l’argent en quelques minutes, de faire des recherches dans bien de domaines en particulier dans celui de l’apprentissage.

Avec ce moyen de communication, il est possible partout ou presque dans le monde, de donner ou de recevoir des nouvelles/des informations en temps réel, de contribuer utilement à la sensibilisation des populations, d’organiser des évacuations sanitaires dans des délais raisonnables. Avec cet outil de communication, des distances sont réduites sinon supprimées, le monde est devenu petit. Nous pouvons multiplier à souhait les bienfaits des téléphones portables.

Bref, l’apport de ces téléphones dans le bien-être individuel et collectif des populations est indéniable. Cependant, le meilleur outil de travail au monde utilisé de façon inappropriée, pourrait être nuisible plus que tout autre à chacun et à tous. Et les téléphones portables sont en passe de devenir une véritable menace contre notre beau pays le Burkina Faso. En particulier, les Android. Il est urgent de règlementer et de mettre un dispositif susceptible d’encadrer leur usage dans les services publics. C’est un impératif de le faire en particulier dans les trois secteurs qui portent tous les espoirs dans notre pays : l’éducation, la santé et la sécurité.

Dans l’éducation dispensée à l’école, les téléphones Android occupent plus certains enseignants que leurs élèves. Si l’on commandite une étude sur le sujet dans ce secteur, les résultats édifieront tout le monde sur l’impact négatif de cet outil dans le déroulement du programme d’enseignement dans bien de classes. C’est notre milieu et nous savons à quel degré les jeunes et mêmes les moins jeunes enseignants comme nous, sont devenus accros au téléphone portable.

Nous sommes nombreux dans l’enseignement à partager, il faut l’avouer, cette attitude incivique et contre productive. L’usage à des fins autres que ceux de l’apprentissage par les enseignants et les élèves du téléphone portable en particulier Android en classe, est en passe d’être plus nuisible à notre système éducatif que l’absentéisme et les retards de beaucoup d’enseignants et d’élèves. Placez une caméra cachée dans une classe une demi-journée et vous serez édifié.

Dans le secteur de la santé, la situation n’est pas plus reluisante. Il y a quelques temps, c’était les téléviseurs installés dans ce secteur qui irritaient les parents des patients. Pas besoin d’expliquer pourquoi. De nos jours, Facebook et les autres « services du Net » ne sont pas loin d’être causes de tout ce qu’un patient et sa famille redoutent ou pourraient redouter.

Pour s’en convaincre, il suffit de faire un petit séjour de quelques heures dans une formation sanitaire, en ville comme en campagne. Ici également, placez une caméra cachée quelque part pour vous convaincre que nous exagérons peut-être.

S’agissant du troisième domaine, tout le monde a pu observer partout à travers le pays, le comportement de nos jeunes Forces de défense et de sécurité (FDS) à des postes de contrôle routiers. Parfois, l’on se demande si certains pensent même à leur propre vie, au regard de l’intérêt qu’ils portent à leur Android au détriment de leur sécurité eux-mêmes (en ces lieux supposés dangereux) et du contrôle des usagers de la route qu’ils sont venus « sécuriser ». Souvent, vous sentez la colère monter en vous et vous avez envie de demander à certains de ces jeunes FDS qu’est-ce qu’ils foutent en ces lieux ?

Plus grave, il arrive de voir sur les réseaux sociaux, des images de soldats morts. Les mauvaises langues attribuent certaines publications de ces images à des compagnons survivants. Personnellement, nous peinons à croire à cette pratique. Un être humain normal ne peut pas filmer le corps de son compagnon mort violemment et mettre cela sur les réseaux sociaux.

L’éducation en Afrique suggère la pudeur même face à la dépouille d’un ennemi. Dans aucun corps, l’esprit de corps n’est aussi perceptible et fort comme dans l’armée. Nous ne défendons personne. Mais s’il se trouve que nous nous trompons, il est utile que les familles, les amis et les responsables de chaque FDS prennent leurs responsabilités pour minimiser de tels comportements.

Un soldat est un homme permanemment en alerte, ou qui doit l’être, un homme que rien ne distrait, un homme que la perte d’un compagnon est à la fois une douleur et une raison de continuer dans un engagement renouvelé. Et un soldat qui part au front doit lui-même se dire, je vais pour défendre ma vie, celle de ma famille et de mes compatriotes.

Comme je sais que je ne peux pas m’empêcher de regarder les réseaux sociaux si j’ai mon portable avec moi, je suis accroc comme on aime à le dire, au nom de mon engagement à défendre ma patrie, je laisse mon Android à ma femme ou à mon frère ou à ma maman… Je monte au front avec mon appareil simple. Il s’agit de ma vie, de celle de ma famille et de mes compatriotes. Il s’agit de défendre l’humanité.

Si c’était même les discours rassembleurs des chefs militaires qu’on filmait et qu’on mettait sur les réseaux sociaux, on pourrait comprendre. Comme celui que nous avons pu écouter ce 29 août 2019 sur les réseaux sociaux, dans lequel le colonel Giles Bationo, chef d’état-major général de l’armée de terre du Burkina Faso, rappelait à des soldats, dans une caserne, le sens de leur engagement et de leur devoir. Nous avons admiré la pertinence et la profondeur des mots de cet élégant, admirable et patriote colonel. Même si nous aurions souhaité qu’on ne diffuse pas l’adresse d’un chef de guerre à ses soldats.

Insistons sur notre crainte que les téléphones Android portent véritablement préjudice à nos soldats et à notre pays, si l’on ne prend pas des dispositions urgentes pour interdire ou règlementer formellement leur présence dans les écoles, dans les formations sanitaires, dans les casernes et particulièrement au front. Il faut trouver un moyen pour permettre aux agents de santé et aux soldats de garde ou au front de communiquer avec leurs familles. Sans les Android.

Pour terminer, disons que les rapports des FDS avec les Android que l’on observe dans la société et à des postes de contrôle sur les routes, ces rapports nuisibles à leur efficacité, faut-il s’en convaincre, suggèrent que l’on prenne les dispositions nécessaires afin de leur permettre de se consacrer entièrement à leur mission : se défendre et défendre leur pays.

Il en est de même dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Dans la vie des hommes comme dans celle des nations, arrive toujours un moment où le destin de chacun et de tous tire sa source dans sa capacité à s’affranchir de certaines dépendances et à se convaincre que rien n’est impossible. Même se libérer de l’emprise des téléphones portables. Pour survivre afin de mieux vivre et permettre aux autres de vivre dignement. Ce n’est qu’un point de vue.

Elhadji BOUBACAR
Tél : 78 64 08 70

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