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Procès du putsch de 2015 : « Il faut se méfier des donneurs de leçons », requiert Me Patrick Monté

Publié le mardi 20 août 2019 à 22h59min

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Procès du putsch de 2015 : « Il faut se méfier des donneurs de leçons », requiert Me Patrick Monté

La journée de mardi, 20 août 2019 a été quasiment consacrée aux plaidoiries des avocats de l’ancien bâtonnier, Mamadou Traoré. Au terme de leur démonstration, la défense a demandé l’acquittement de son client, Me Mamadou Traoré (bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina lors des évènements).

Après les avocats du général Djibrill Bassolé , c’était au tour de l’ancien bâtonnier (2012-2015), Mamadou Traoré, d’occuper le barreau.

Me Moussa Coulibaly et Me Patrick Monté ont demandé au tribunal d’acquitter leur client ; parce que les charges retenues contre lui ne sont pas fondées. Rappelons que Me Traoré est poursuivi pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat ; meurtres, coups et blessures volontaires.

Me Moussa Coulibaly s’est focalisé sur la pièce produite par les opérateurs de téléphonie et qui indique que le bâtonnier a, dès les premières heures des évènements, reçu des appels du président sénégalais, Macky Sall. L’avocat a d’abord démontré que la pièce a été obtenue de façon « illégale et frauduleuse » avant de revenir sur les dépositions de certains accusés, à la décharge de son client.

Pour lui, le Parquet militaire a, sur cette pièce, « commis un faux ». La démarche du Parquet viole des principes fondamentaux de droit, relève-t-il.
« La décision de votre juridiction sera historique, mais à condition qu’elle ne juge pas sur la vraisemblance », a conclu Me Coulibaly par cette adresse au président du tribunal.

A sa suite, Me Patrick Monté. « Je ne suis pas venu devant vous aujourd’hui, le cœur léger. Je plaiderai le cœur lourd », campe l’avocat, retenant que l’accusé Traoré se trouve devant le tribunal par l’acharnement de certains individus.

D’ailleurs, s’interroge-t-il, comment un civil peut être accusé de meurtres, coups et blessures volontaires, alors qu’il n’est pas armé et ne participe pas non plus à des opérations de maintien de l’ordre ? « C’est ridicule ! (…). Il faut que les accusateurs publics reprennent un peu de la dignité et de la hauteur », s’insurge Me Monté, qui dit donc avoir l’impression que le dossier a été construit à l’envers, avec pour seule motivation d’inculper à tout prix son client.

« Tout est construit pour fabriquer un coupable », s’étonne Me Monté. L’avocat confie qu’en pratiquement quatre décennies d’exercice du métier, il a rarement vu autant d’acharnement sur un accusé. D’autant que, de son avis, le Parquet aurait pu féliciter Me Mamadou Traoré pour avoir posé des actes ayant contribué à un dénouement heureux des évènements du 16 septembre 2015.

Me Patrick Monté est aussi revenu sur les infractions dont est accusé son client, en démontrant qu’elles ne sont pas fondées. « Il faut se méfier des donneurs de leçons. Ce qui se passe est particulièrement important pour l’histoire du pays », présente-t-il avant de faire ressortir qu’une infraction ne peut pas être virtuelle, il faut que celui qui l’évoque en apporte la démonstration.

« Lorsqu’on ne peut pas prouver la culpabilité de mon client, l’élégance des débats voudrait qu’on dise que les faits ne sont pas avérés et les infractions non constituées », recommande l’avocat. Il regrette donc que le Parquet se soit limité à des « spéculations » plutôt que de pousser une analyse sur les éléments factuels et de droit positif.

Me Monté qui dit noter une volonté du Parquet de voir la mort professionnelle, et même physique, de son client, demande qu’il soit simplement acquitté pour infractions non constituées.

C’est sur le mot de fin de l’accusé lui-même, Me Mamadou Traoré, que le président du tribunal a suspendu l’audience du jour pour la reprise mercredi, 21 août 2019 à partir de 9h. Dans ses premiers propos, l’ancien bâtonnier a d’abord dit être soulagé par le déroulement du procès car, explique-t-il, il avait été dit que lui et ses conseils faisaient tout pour bloquer le procès. D’où ses remerciements et félicitations au président du tribunal pour la conduite du jugement. Ensuite, il dit avoir été « fortement secoué » par l’approche de certains de ses confrères avocats de la partie civile.

OL/JTB
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