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Colonel Sita Sangaré, président de la FBF : « Je n’ai jamais posé d’acte contre qui que ce soit et je ne le ferai jamais »

Publié le samedi 10 août 2019 à 00h10min

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Colonel Sita Sangaré, président de la FBF : « Je n’ai jamais posé d’acte contre qui que ce soit et je ne le ferai jamais »

Du 15 juin au 19 juillet 2019 s’est tenue, au Caire, en Egypte, la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Avant la clôture de la biennale du football africain, la CAF a tenu son Assemblée générale au cours de laquelle, elle a procédé à un renouvellement des membres du comité exécutif et pris d’importantes décisions. Absent à cette édition de la fête du football continentale, le Burkina Faso a été honoré, car le président de la Fédération burkinabè de football (FBF), colonel Sita Sangaré, a été élu membre du bureau exécutif pour un mandat de 4 ans. Il nous a accordé une interview dans laquelle il nous parle, entre autres, de la tâche qui l’attend à la CAF et la raison du choix d’un entraîneur burkinabè à la tête de l’équipe nationale.

Lefaso.net : Comment se porte le football burkinabè ?

Colonel Sita Sangaré : On peut dire que le football burkinabè est à la croisée des chemins, mais disons qu’il ne se porte pas si mal que ça. J’en veux pour preuve la multiplicité des compétitions à presque tous les échelons, chose qui ne se faisait pas avant. Si on veut juger de la santé du football sur la base des résultats, on peut se dire que le bilan est très mitigé. Mais nous, nous regardons sous un autre angle, notamment les efforts qui sont entrepris pour développer ce football.

C’est dans ce sens que je parle de multiplicité des compétitions, car on a des compétitions en 1re ,2e et 3e divisions pour les hommes et en 1re et 2e divisions pour les dames en championnat et en Coupe du Faso. Une chose important à noter, nous organisons aussi les compétitions des petites catégories et les échos qui nous parviennent du terrain sont extrêmement réconfortants, parce qu’il y a beaucoup d’engouement dans toutes les contrées de notre pays. Pour les jeunes, nous avons voulu que ces championnats (mimines, cadets et juniors) se déroulent dans toutes les ligues. Avec toutes ces actions, cela augure de lendemains meilleurs.

Peut-on dresser un bilan de votre présidence à la tête de la Fédération burkinabè de football ?

Il nous reste un peu plus d’une année pour la fin du second mandat, c’est vrai, on peut dire qu’on peut commencer à établir un bilan, mais nous pouvons dire que nous sommes pleinement satisfaits de ces deux mandats à la tête de notre football.

Quand nous regardons dernière, avant notre arrivée, on peut se demander quel était l’état de notre football. Parce que lorsque nous arrivions, il n’y avait pas de compétitions pour les 3e divisions ; le championnat de football féminin était irrégulier. Mais depuis notre arrivée, ces championnats se déroulent régulièrement et, mieux, nous avons ajouté une 2e division et la Coupe du Faso chez les dames.

Les championnats de petites catégories, qui ne se disputaient pas, connaissent une tenue régulière. Cette année, nous sommes passés à un cap supérieur par une organisation mieux élaborée. Nous avons travaillé également sur le plan des textes. Il faut rappeler qu’il y a de cela 3 ou 4 ans, nous avons adopté la Politique fédérale de développement du football, ce qui est extrêmement important, car c’est un legs pour les fédérations futures qui ne partiront pas du néant pour travailler. Au-delà de ce document qui est un référentiel, il y a eu la relecture de beaucoup de textes pour impulser l’encrage du football dans le paysage institutionnel de notre pays.

Sur le plan strict des résultats, il faut dire qu’on a vu des efforts de structuration au niveau des équipes nationales. Nous avons mis en place l’équipe olympique qui participe aux compétitions internationales. Notre équipe CHAN s’est qualifiée à deux reprises à des phases finales du CHAN, ce qui signifie que notre championnat est à un niveau certain de compétitivité.

Au niveau de l’équipe nationale A, vous avez pu suivre comment les Etalons nous ont fait vibrer en accédant par deux fois au podium de la CAN, en terminant 2e en 2013 et 3e en 2017. Il faut mettre à l’actif de cette équipe l’échec, d’un cheveu, à la qualification à la Coupe du monde. En ce qui concerne les petites catégories, il y avait comme un bémol, mais nous nous réjouissons de constater qu’à la dernière CAN des juniors, nous étions présents à la phase finale, même si la suite de la compétition ne s’est pas déroulée comme nous le souhaitions, cela nous permet de nous qualifier automatiquement aux Jeux africains qui se tiendront au Maroc. Donc nous pensons que sans verser dans un optimisme béat, les résultats ne sont pas si mauvais que cela.

Est-ce que vous briguerez un prochain mandat ?

Au niveau de football, il y a tellement de défis tous les jours que vous n’avez pas le temps de penser. A l’heure actuelle, la seule préoccupation qui est la mienne, c’est d’achever sereinement ce mandat. Nous venons de mettre sur pied un nouveau staff à la tête des Etalons A, où nous avons fait, de façon résolue, le choix de l’expertise nationale et nous sommes en train de veiller à ce que ce staff soit dans les conditions les meilleures pour amener les Etalons vers les horizons désirés. Il y a le championnat qui va démarrer bientôt dans un contexte de rareté des ressources et cette situation nous oblige à nous battre pour un bon déroulement de nos différentes compétitions et je vous assure que ce n’est pas une tâche facile, mais suffisamment absorbante pour penser à autres choses.

A la fin du premier mandat, c’est votre secrétaire général, Bertrand Kaboré, et votre conseiller en la personne d’Amado Traoré, qui se sont portés candidat et cette fois-ci, il nous revient que votre vice- président serait intéressé par la présidence. Quel commentaire vous en faites ?

Je pense qu’il ne faut pas que les gens se trompent. Les ambitions au niveau du football ou de toute autre activité sont normales et c’est même une bonne chose. Vous me parler de mon 1er vice-président ; nous travaillons ensemble depuis le début de cette mandature, mais je puis vous affirmer que c’est quelqu’un de grande valeur ; s’il se présente et qu’il est élu, ce serait une bonne chose pour notre football, parce que je connais ses aptitudes.

Encore une fois, c’est absolument normal que les uns et les autres puissent avoir des ambitions. Rien de grand ne se construit sans ambition, a-t-on coutume de dire ; et de ce point de vue, nous n’avons aucun problème. Mais ce que nous avons pu déplorer, c’est le jeu de cache-cache comme on a pu le constater de par le passé. Au football, il faut être le plus ouvert possible, être franc, car toute ambition est normale, elle doit pouvoir être déclarée pour ne pas jeter de l’anathème sur notre discipline ; dans certains milieux, les gens en arrivent à penser que c’est un monde de fourberie, or nous voulons démontrer que le football est une activité normale comme toute autre dans la vie.

Que représente votre élection au comité exécutif de la CAF pour vous et le Burkina ?

Nous pensons qu’il est important que les Burkinabè puissent être présents dans les sphères de décisions, et c’est extrêmement important. Nous avons toujours pensé que c’est une anomalie que le Burkina Faso ne soit pas présent au niveau de l’exécutif de notre football continental. En plus, le Burkina Faso a fait de nombreux efforts depuis de nombreuses années en étant suffisamment présent dans les différentes compétitions, malgré la faiblesse des ressources. Nous pensons à notre humble avis que cela militait en faveur d’une meilleure représentativité de notre pays sur la scène continentale. Nous pensons qu’au-delà de notre modeste personne, c’est une bonne chose pour notre pays tout entier et je suis reconnaissant à son Excellence le président du Faso pour les mots aimables à mon endroit lors de mon élection.

Quel sera votre rôle au sein du comité exécutif de la CAF ?

Etant dans l’exécutif, le rôle majeur, c’est de contribuer à la mise en œuvre des recommandations de l’Assemblée générale et de participer à la conduite du football au plan africain. Les membres du comité exécutif sont comme les membres d’un gouvernement. Nous devons aider le président du comité exécutif à mettre en action son programme, l’accompagner au mieux à travers les observations lors de la prise de décisions importantes qui sont soumises au comité exécutif. Les différents membres contribuent à la prise de décisions à travers leur éclairage, leurs conseils. Mais le dernier mot revient toujours au président de la CAF.

Comment appréciez-vous la présence des Burkinabè dans les instances internationales ? Il y a très peu de Burkinabè dans les postes de responsabilité à l’international ?

Je pense qu’il ne faut pas s’enfermer dans une certaine logique. Ce n’est d’ailleurs pas juste, en ce qui concerne la situation actuelle, de penser que Sita Sangaré est seul au niveau de la CAF. Il y une évidence, il ne peut pas avoir plus d’un Burkinabè au comité exécutif et aucun pays n’a plus d’un membre au comité. Mais nous pouvons dire que nous avons beaucoup d’autres Burkinabè qui interviennent.

Le seul souci, à mon avis, c’est qu’on ne communique pas suffisamment. Nous avons le directeur technique national en la personne d’Ousmane Sawadogo, qui est instructeur certifié CAF ; des commissaires de match ; des membres de la commission de la CAF, notamment maître Issa Sama ; le directeur de cabinet de la fédération est membre de la Commission football jeune de la CAF. Il y a un certain nombre et j’ai bon espoir que ce nombre ira grandissant.

Votre élection s’est déroulée lors de la 41e assemblée générale de la CAF. Que peut-on retenir de cette assemblée ?

Il y a beaucoup de décisions effectivement qui ont été prises lors de cette Assemblée et on retenir essentiellement la question de l’élargissement de la participation des équipes nationales au niveau des petites catégories et au niveau des dames dont le nombre passera de 8 à 12 équipes aux phases finales. Cela est une bonne chose, parce ce que lorsqu’on veut amorcer le développement, il faut commencer par le bas. Après les seniors, il fallait harmoniser pour corriger cette erreur.

Depuis l’accession du président Hamad Hamad et consécutivement au forum sur le football tenu au Maroc, il avait été décidé de remodeler les compétitions et c’est cette recommandation qui avait été prise au niveau des seniors de passer de 16 à 24 équipes, avec un cahier de charges conséquemment réaménagé. Pour les petites catégories, le forum avait souhaité qu’on fasse une compétition zonale, mais en ce qui concerne la zone ouest, qui est la plus dynamique, nous estimions que cette mesure nous pénalisait.

Mais avec la décision de l’Assemblée de passer de 8 à 12 équipes, nous pensons que nos chances augmenteront. En effet, chaque zone désignera deux et non un représentant. Une autre grande décision prise l’Assemblée, c’est celle qui consiste à regarder de près les questions de marketing. Nous avons décidé de regarder, avec la FIFA, comment mieux vendre nos compétitions. En termes d’audience, la CAN est la 3e plus grande compétition sportive au monde et malheureusement, la CAF ne gagne pas grand-chose au niveau des droits audiovisuels et une approche a été faite auprès de la FIFA qui s’est engagée à regarder la question pour aider la CAF à mieux commercialiser ses compétitions.

Quelles appréciations faites-vous du groupe des Etalons pour les éliminatoires de la CAN Cameroun 2021 ?

Il y a deux ans, à l’issue du tirage au sort, les gens ont estimé qu’on avait un tirage facile à ce sujet. Je vous invite à revoir mes interviews de la période. J’avais bien dit qu’il n’y a pas de petites équipes. Fort heureusement, à quelque chose malheur est bon ; cette période douloureuse des éliminatoires a pu montrer à la face du peuple burkinabè mon constat.

En sus, la dernière CAN a pu démonter à certains experts qu’effectivement, toutes les équipes se battaient pour leur honneur. Vous avez vu des équipes comme Madagascar, le Burundi tirer leur épingle du jeu au cours de cette phase finale. Ayant été bien vaccinée, je pense que notre équipe nationale fera tout pour ne pas tomber dans les mêmes travers que la dernière fois. En tout état de cause, au niveau du comité exécutif de la FBF et du ministère des Sports et des Loisirs, nous avons échangé et nous allons travailler patiemment à reconstruire une équipe nationale compétitive à même de tirer leçon des erreurs du passé pour garantir notre présence à la CAN 2021 au Cameroun.

Je tiens à remercier du fond du cœur le ministre Daouda Azoupiou qui a toujours été à nos côtés. Il a notamment permis qu’on puisse participer à la dernière journée FIFA à travers un match disputé contre la République démocratique de Congo (RDC) en Espagne. Il nous permettra encore de jouer des matches à la prochaine journée FIFA en septembre, dont un avec les Lions de Atlas du Maroc et le 2e est en négociation. Ce sont d’énormes efforts compte tenu du contexte difficile que traverse le Burkina Faso et nous apprécions à leur juste valeur ces efforts.

Au niveau de la haute compétition, lorsqu’on veut aller loin, il faut ménager sa monture, il faut disputer des rencontres amicales qui permettront au staff de se faire une idée des meilleurs joueurs au niveau des différents compartiments. En ce qui nous concerne, on a un nouveau staff et il en a évidemment besoin pour jauger les valeurs réelles des uns et des autres pour pouvoir dégager un groupe solide des Etalons. Ce tirage au sort nous a permis de voir que ces pays sont loin du Burkina Faso et c’est un détail qui ne nous a pas échappé. Avec le ministère de tutelle, nous pensons que des pistes de réflexion ont été ébauchées et la prise en compte de ces aspects nous permettra d’aborder sereinement cette phase qualificative pour la CAN 2021.

Pourquoi le choix d’un entraîneur local pour les Etalons A, alors que votre choix au niveau du comité exécutif portait sur un expatrié ? Dame rumeur dit que vous n’aviez pas le soutien de Kosyam, d’où le choix d’un local.

C’est totalement faux on ne peut pas voir les choses de cette manière. Je le dis tout net, il n’y a eu aucune interférence de Kosyam par rapport à cette situation. Vous savez, le dire ainsi signifierait que nos plus hautes autorités ne prennent pas à cœur les défis qui se posent à notre pays. Nous pensons qu’il y a un gouvernement avec un ministre des Sports qui est responsable de toutes les questions sportives, qui rend compte au gouvernement et au chef de l’Etat.

Maintenant, nous, les fédérations, nous sommes des associations élues par nos membres et nous travaillons avec notre le ministère des Sports auquel nous rendons compte des différentes étapes de la vie de notre structure. En ce qui nous concerne, lorsque le contrat du coach Duarté arrivait à échéance, nous avons tenu des réunions au niveau du comité exécutif et nous avons informé également le ministre.

Notre interlocuteur, c’est le ministère des Sports et des Loisirs, nous ne sommes pas suffisamment grands pour sauter et être rattachés à la présidence du Faso. Nous avons rendu compte et je puis vous garantir que le ministre Azoupiou ne nous a jamais dit que Kosyam souhait telle ou telle chose ; et d’ailleurs, lui non plus n’a pas interféré sur le choix du comité exécutif. Nous lui avons rendu compte et nous lui avons expliqué dans quel contexte les négociations de sont déroulées. C’est vrai, je dois le reconnaître, car les réflexions peuvent évoluer : à un moment donné, en ce qui nous concerne, nous avions pensé faire recours à l’expertise africaine, mais les réflexions évoluant, nous nous sommes dit « pourquoi pas prendre un local si nous pouvons faire recours à l’expertise africaine ? ».

Des regrets pour la non-participation à la CAN 2019 ?

On vient de sortir de la CAN sans le Burkina et cela est assez douloureux, car nous étions plutôt dans une dynamique positive et depuis un certain nombre d’années, nous nous qualifions régulièrement. Ce qui a sans doute fait croire à certains que c’était un fleuve tranquille et donc les uns et les autres étaient déçus de ne pas nous voir à ce niveau, d’autant plus qu’on est passé de 16 à 24 équipes. Mais je pense que toute chose à une explication et nous sommes en train de travailler pour que cette tache noire soit effacée le plus rapidement possible ; c’est-à-dire être présent dès la prochaine CAN au Cameroun en 2021.

Qu’est-ce qui est prévu pour la nouvelle saison qui débute en août prochain ?

Je peux dire que la subvention des clubs sera revue à la hausse conformément aux engagements que nous avons pris face aux électeurs. Pour la 1re division, la subvention va passer de 12 500 000 à 15 000 000 et la 2e division de 3 à 5 millions. Je pense qu’il y a d’autres innovations qui seront débattues au niveau de l’assemblée générale, donc je vous donne rendez-vous à l’issue de l’assemblée pour voir les grandes décisions qui ont été retenues.

Quelles sont vos relations avec le colonel Yacouba Ouédraogo et par extension Amado Traoré et Bertrand Kaboré ?

En ce qui me concerne, je n’ai jamais posé d’acte contre qui que ce soit et je ne le ferai jamais. J’ai réaffirmé ma disposition à la discussion constructive, parce que je n’ai pas d’agenda gâché et donc cette disposition d’esprit demeure. J’invite les uns et les autres à revoir leur façon de penser. Vous êtes observateur et si on vous dit qu’il y a quelque chose que le président Sangaré a posé comme acte, je pense que cela va être difficile. Vous n’avez jamais vu le président Sangaré faire des sorties médiatiques contre qui que ce soit.

Je suis moi-même surpris de voir des déclarations surtout que ce sont des aînés. Mais je pense que le football burkinabè est plus important que nos modestes personnes. J’ai de bons rapports, je suis d’une certaine éducation ; notamment je respecte mes aînés et il y a certain nombre avec qui nous avons des relations très cordiales et d’autres ont des a priori que je dis totalement infondés, et je les invite à se ressaisir et à venir participer pleinement au développement du football. C’est le seul combat qui mérite d’être mené.

Je répète que Sita Sangaré n’a d’animosité contre personne et il n’a posé aucun n’acte contre qui que ce soit. Je le dis et j’insiste que toute personne qui posera des actes contraires au développement du football, conformément aux textes, nous serons obligés d’agir. On ne regarde pas le visage X ou Y. il ne faut pas penser qu’il y a des passes droites au niveau de notre football. S’il y a des actes qui sont posés, bien évidemment, les structures compétentes feront leur travail. C’est pour cela les acteurs du football nous ont confié un mandat. C’est pour ne pas être complaisant envers qui que ce soit et cela est très important.

Qu’est-ce qui explique les changements au niveau des vice-présidences de la CAF après l’Assemblée générale ?

Je ne saurais répondre à cette question. Je pense que le président Hamad est le mieux placé pour vous donner des explications. Mais dans une association, c’est plutôt une dynamique. Lorsque vous commencez, vous n’êtes pas obligés de continuer de la même manière ; vous pouvez être amenés, pour différentes raisons, d’apporter des retouches au sein du bureau. Je précise que la composition du bureau est à la discrétion du président de la CAF.

Les réformes entreprises par le président Ahmad Ahmad sont beaucoup remises en cause. Comment expliquez-vous cela ?

Il faut dire que par nature, l’être humain est conservateur et n’aime pas les reformes ou les changements. Lorsque vous voulez bousculer les vieilles habitudes, ça pose problème. Je dois dire que le président Ahmad, fort heureusement, n’est pas seul dans cette volonté de reformer notre institution. Cela a été décidé à l’écrasante majorité des membres de la CAF. Nous avions estimé que le reformes étaient indispensables pour le bon développement du football en Afrique.

Les reformes, on les mène avec plus ou moins de bonheur. L’être humain peut commettre des erreurs, mais le plus important, c’est l’idée générale qui sous-tend ces réformes. Nous souhaitons faire des réformes pour le bien du football africain. Vous avez remarqué que, sur le terrain, le football a beaucoup évolué ; il y a l’exemple de la VAR.

En conclusion, on ne peut plus diriger le football comme il y a 5 ou 10 ans et cela nécessite des réformes courageuses qui heurteront certaines sensibilités. Mais il faut être persévérant, il faut dialoguer, expliquer et toujours expliquer le bien-fondé. Quand vous parlez des réformes des deux finales, vous pensez que c’est calqué sur le modèle européen ? Je ne le pense pas. C’est des choses que nous avons constatées de nous-mêmes et en tout état de cause, nous pensons qu’il n’y a pas de honte à copier ce qui est bien et même si certains pensent que c’est pour imiter les Européens.

Nous avons vu dans la pratique qu’il faut s’adapter et vous prenez le cas de la finale entre l’Espérance et le WAC, c’est parce que la compétition se joue en aller-retour. Depuis longtemps, il y a des voix qui s’élèvent au niveau du comité exécutif pour qu’on puisse organiser ces phases finales en un match et sur terrain neutre ; laquelle décision vient finalement d’être prise au regard malheureusement de ce qui s’est récemment produit.

Expliquez-nous exactement quel sera le rôle de madame Fatma Samoura ?

De prime abord, on peut penser tout ce que l’on veut de cette décision, mais pour avoir été au Caire et avoir débattu en long et en large des contours de cette décision au niveau du comité exécutif en présence du président de la FIFA, je puis vous assurer que ce n’est pas une idée au relent néo-colonialiste qui a guidé la prise de cette décision. Parce que quand on parle de colonisation, c’est d’abord une imposition ; or, dans ce cas, c’est bel et bien la CAF qui a sollicité l’expertise de la FIFA en tant qu’instance-mère du football sur le plan mondial en partant seulement du fait que la FIFA a déjà connu une grave crise qu’elle a su juguler.

De ce constat, au niveau de la CAF, nous avons une espèce de crise et nous souhaitons non pas que la FIFA solutionne, mais qu’elle vienne aider la CAF par son expertise pour résoudre le problème qui risque de toucher au fondement du football en Afrique si elle n’est pas résolue. Donc, c’est moins une recolonisation de l’Afrique ; il s’agit d’un appui de notre structure mondiale à travers son expertise. Ce que je peux ajouter, c’est que le champ d’action de madame Fatma Samoura et de son équipe a été délimité pour mener une espèce d’audit sur les aspects organisationnels, de gouvernance.

Son activité sera encadrée, car il y a onze points qui ont été dégagés et de façon consensuelle. C’est une feuille de route qui a été élaborée et mise à sa disposition, laquelle feuille de route a été examinée et amendée par le comité exécutif avant sa signature par les deux présidents. Au demeurant, madame Fatma Samoura et son équipe déposeront régulièrement des rapports et travailleront sous la supervision du président Ahmad Ahmad. Donc vous voyez que ce n’est pas une espèce de gouverneur qu’on va nous amener. Il faut que les gens voient ça plus sous l’angle d’un expert qu’on commandite pour faire un travail.

Propos recueillis par Juste Ephrem ZIO
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