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Economie : Ces privatisations désastreuses

Publié le lundi 22 août 2005 à 08h41min

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Le sort de l’Onatel est scellé ! La nationale des télécommunications passera, elle aussi, à la trappe de la privatisation. C’est désormais une question de mois et ce fleuron de l’économie burkinabè connaîtra une profonde mutation dans son contrôle. L’État, qui jusqu’ici est le seul actionnaire, devra céder une part importante à d’autres partenaires.

Tout naturellement, le millier de travailleurs de l’office met en garde contre cette privatisation qu’il considère comme un bradage de biens publics.

Mais, comme le dit un proverbe du pays, à défaut de pouvoir combattre le voleur, il vaut mieux l’accompagner avec le colis. C’est ce que tente de faire le Syndicat national des télécommunications (Synatel). Impuissant face à la mesure de privatisation de l’Onatel, ce syndicat a organisé, courant semaine dernière, des journées de réflexion. Et puisqu’on ne mobilise que sur la base des intérêts de chacun, les travaux de soixante-douze heures, à ce qu’on dit, auraient été passionnants, voire passionnés.

Les cadres du Synatel ont même abouti à des conclusions intéressantes, mais elles ne restent que des propositions à soumettre à l’autorité compétente. Les résultats de leur conclave n’intéressent pas que le ministère de tutelle ; même la Commission nationale de la privatisation a tendu une oreille attentive. Le syndicat a été bien inspiré, en initiant ces journées de réflexion. Elles ne pèseront peut-être pas grand-chose dans la décision finale, mais elles auront au moins le mérite d’être la mauvaise conscience des autorités au cas où. Or, justement, personne ne peut mettre sa main au feu quant au succès de l’Onatel au plan social.

La série de privatisations réalisées jusque-là n’a laissé qu’un goût amer aux travailleurs. Le miracle tant annoncé n’a été qu’un mirage avec son lot de déflatés, de compressés. La dramatique situation des employés de l’hôtel Indépendance est là pour convaincre ceux qui veulent jouer les Saint-Thomas. La première structure hôtelière étatique de notre pays est passée, il y a peu, aux mains du privé ; de la Société burkinabè de promotion hôtelière, pour ne pas la nommer.

Au moment de la cession, les responsables de la société, avec l’appui des membres du gouvernement, avaient soutenu que les travailleurs de l’hôtel n’avaient aucune raison de s’inquiéter. Et comme pour donner un fond de vérité à leur propos, l’hôtel Indépendance avait obtenu des soutiens financiers massifs qui devaient lui permettre de rayonner davantage. Au lieu de cela, ce sont des temps difficiles que s’apprêtent à vivre ces travailleurs. On annonce, en effet, que la société s’est séparée de 77 personnes.

Il est peut-être souhaitable que le gouvernement tire les leçons de toutes ces situations inconfortables nées des privatisations. Pour ce faire, il lui faut aller au-delà des conseils de la Commission nationale de privatisation et de ceux des ’’experts’’ commis par les partenaires techniques et financiers. Dans l’intérêt de la paix sociale, il ne faut pas continuer à considérer les suggestions des organisations des travailleurs comme quantité négligeable. Dans le cas de l’Onatel, les syndicats proposent, par exemple, de faire appel à plusieurs entreprises pour l’ouverture du capital au lieu d’une seule. En outre, ils demandent que l’échéance soit repoussée de cinq ans pour ce qui est du monopole sur le fixe et l’international.

Cependant, il n’est pas inutile de rappeler aux travailleurs que le bien-être de l’entreprise leur incombe également. La misère que fait subir le ’’leader des télécommunications au Burkina’’ aux abonnés des boucles locales radio qui ont le malheur d’être en panne est aux antipodes de ses slogans. Abandonnés à eux-mêmes, lesdits abonnés sont contraints au paiement des diverses taxes sans aucun service en contrepartie.

Adam Igor

Journal du jeudi

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