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IQRA : L’association qui offre une seconde chance aux couches vulnérables

Publié le lundi 5 août 2019 à 23h50min

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IQRA : L’association qui offre une seconde chance aux couches vulnérables

Offrir une éducation de qualité aux couches défavorisées, notamment les enfants fréquentant les foyers coraniques, ceux en situation de rue et les femmes. C’est l’ambition d’IQRA, une organisation de la société civile qui s’est donnée pour mission de contribuer à l’instauration d’une paix et d’un développement socio-économique et culturel durable au Burkina Faso et dans la sous-région. Au cours d’un déjeuner de presse organisé ce samedi 3 août 2019 à Ouagadougou, IQRA a dressé le bilan de ses réalisations.

Créée en 2010, IQRA qui signifie littéralement en arable « lis », intervient au Burkina depuis 2015. « Après avoir pris connaissance des résultats de l‘étude sur les foyers coraniques organisée par le CERFI que j’ai moi-même cordonnée, nous avons constaté qu’il y’avait urgence d’intervenir et nous avons mené un certain nombre de projets », a noté la coordonnatrice d’IQRA, Hawa Guira/ Bissira. En 2013, dit-elle, le Burkina enregistrait 7502 foyers coraniques abritant 149 000 enfants hors du système formel d’éducation.

Alertée par la situation de ces enfants, IQRA, avec l’appui de l’ambassade des Etats-Unis, a initié en 2015, le projet « seconde chance », un projet qui entend contribuer à l’éducation des enfants hors du système formel. A travers l’ajami, (un système d’alphabétisation qui consiste à transcrire les langues locales avec des caractères arabes), la passerelle (réintégration du système éducatif à partir de la classe de CE1), la promotion de l’hygiène et de l’assainissement, le projet exécuté au départ dans les régions de la Boucle du Mouhoun (Dédougou) et du Centre-Nord (Kaya), a été reconduit et étendu à d’autres zones pour une seconde phase.

Il s’agit notamment de trois localités du Burkina à savoir Fada N’Gourma dans la région de l’Est, Namissiguima dans le Nord, Seytenga dans le Sahel ; et d’une localité du Niger (Téra dans la région de Tillabéri). A ce jour, ce sont 4632 apprenants issus des foyers coraniques qui ont vu la qualité de leur enseignement s’améliorer.

Outre le projet « seconde chance », Mme Guira soutient que l’action d’IQRA s’est poursuivie dans d’autres provinces à travers notamment, le Projet d’appui pédagogique aux foyers coraniques (PAPEFECO) exécuté dans la province du Séno, avec l’appui technique et financier de l’ONG EIRENE internationale ; le Projet d’amélioration de l’inclusion sociale des apprenants des foyers coraniques par l’éducation et le dialogue ». Financé par l’Union européenne, le présent projet est mis en œuvre depuis juillet 2018 dans les régions de la boucle du Mouhoun, les Hauts-Bassins, le Nord et le Sahel.

« C’est un mieux très sensible »

Au départ, avoue la coordonnatrice d’IQRA, son association a dû faire face à la réticence des maîtres coraniques. C’est un milieu qui est très sensible. « Ils voulaient être rassurés que nos méthodes n’allaient pas avoir de l’influence sur l’enseignement coranique, mais nous ne changeons rien à ce qu’ils font déjà. Nous ne touchons pas à l’enseignement du Coran », a-t-elle indiqué, précisant : « Nous faisons comprendre aux maitres coraniques que c’est nécessaire pour un enfant, s’il veut s’insérer dans le monde professionnel, de pouvoir avoir d’autres formes d’apprentissages ».

Et le peu que l’on puisse dire, au vu des résultats engrangés, c’est qu’IQRA a réussi à convaincre les différents acteurs aussi bien au Burkina qu’au Niger. En termes de résultats, souligne Haoua Guira/Bissiri, 70% des maitres coraniques n’appliquent plus le châtiment corporel, 4000 enfants ont été alphabétisés par le biais de l’ajami, la mise en place de 10 centres de passerelles avec 669 apprenants de foyers coraniques dont 313 déclarés aptes à intégrer l’école formelle.

Au titre des acquis, figurent également, la délivrance de 1249 actes de naissance et 250 cartes d’identité au profit des apprenants des foyers coraniques, la formation de 179 maitres coraniques en pédagogie, gestion administrative ainsi que sur les valeurs de paix, de non-violence et la citoyenneté.

Par ailleurs, dans un contexte marqué par le terrorisme, la coordonnatrice d’IQRA confie que les actions de l’OSC s’inscrivent également dans la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation. « Si un enfant n’a pas reçu d’éducation, il est en proie à ces maux. Ces différentes formations entendent changer la mentalité des jeunes », a-t-elle dit, avant de témoigner.

« Un jour, nous avons évoqué la question sécuritaire avec eux. Il y a un groupe d’enfants qui trouvait que c’était bien de tuer les gens parce qu’ils ne sont pas musulmans (..). Ce n’est pas sûr que dans ces milieux, on évoque le sujet, on apprend à mémoriser le Coran et c’est tout, peut-être même que le maitre coranique n’est pas outillé sur la question et nous nous sommes dit, aujourd’hui ce sont les boites qu’ils nous tendent, demain ça peut-être une arme ». Et Haoua Guira / Bissiri de conclure : « Il faut contrecarrer ça et c’est ce que nous faisons au niveau d’IQRA. Nous leur donnons l’amour qu’il faut, la considération qu’il faut ».

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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