LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Exploitation agricole familiale : La société civile plaide auprès des décideurs politiques et des entreprises pour plus d’accompagnement

Publié le dimanche 4 août 2019 à 06h15min

PARTAGER :                          
Exploitation agricole familiale : La société civile plaide auprès des décideurs politiques et des entreprises pour plus d’accompagnement

« L’agriculture est un secteur qui a besoin d’accompagnement et d’un investissement conséquent », estime le député Moussa Zerbo, et ce, dans un contexte où l’agriculture burkinabè, tous sous-secteurs confondus (agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique), contribue à plus de 35% à la formation du PIB national et emploie 86% de la population active. Cette agriculture repose aussi, et essentiellement, sur les exploitations familiales qui assurent plus de 90% de la production agricole nationale. Malgré cette réalité, le secteur ne semble pas bénéficier de tous les appuis nécessaires pour son développement. D’où cette journée de réflexion à Ouagadougou, le 30 juillet 2019, qui a mobilisé divers acteurs autour des Organisations de la société civile (OSC) œuvrant dans le domaine.

C’est conscient des aléas liés au secteur qu’a été mis en place un programme de plaidoyer intitulé « programme Voix pour le changement » avec pour but de permettre aux OSC d’exprimer plus efficacement des points de vue alternatifs ou dissidents en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle durable. L’atelier visait donc à susciter des réflexions et des engagements pour une réduction du coût du crédit agricole au bénéfice des exploitants familiaux pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable au Burkina. Il s’agit, par ce cadre, d’interpeller tous les acteurs institutionnels sur cette impérieuse nécessité de réduction des coûts du crédit agricole au Burkina pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable.

Pour le ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles, représenté à l’ouverture par son secrétaire général, Dr Lamourdia Thiombiano, l’initiative du programme Voix pour le changement permet sans doute une meilleure prise en compte des préoccupations du monde rural. C’est en cela également qu’il a félicité la maturité des organisations de la société civile pour avoir engagé cette action de plaidoyer pour la transformation des exploitations agricoles familiales pour une sécurité alimentaire durable au Burkina.

« Le secteur agricole joue un rôle prépondérant dans le développement économique et social du Burkina Faso », jauge l’autorité. L’agriculture burkinabè, tous sous-secteurs confondus (agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique), contribue à plus de 35% à la formation du PIB national et emploie 86% de la population active. Cette agriculture repose essentiellement sur les exploitations familiales qui assurent plus de 90% de la production agricole nationale.

« Dans son programme présidentiel, le président du Faso a mis un point d’honneur à l’augmentation des potentialités de production afin de faire reculer considérablement l’insécurité alimentaire à l’horizon 2020. C’est pourquoi, en intitulant l’objectif stratégique 3.1 du PNDES (Plan national de développement économique et social) intitulé ‘‘Développer durablement un secteur agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique productif et résilient, davantage orienté vers le marché’’, le gouvernement a placé la question de la modernisation des exploitations agricoles ainsi que de la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, au centre de ses priorités », rappelle Dr Thombiano.

Le représentant du ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles confie également que c’est dans cet élan que le gouvernement a mis l’accent sur l’ensemble des facteurs qui concourent à l’amélioration de la base productive et de l’environnement de la production, notamment la reconstitution du capital semencier, les aménagements hydro-agricoles, l’équipement rural adapté et une incitation des jeunes au retour à la terre. Cependant, relève le secrétaire général, l’agriculture fait face à de multiples difficultés, dont le faible accès des exploitants familiaux au crédit agricole. « Les banques devront davantage faire confiance aux agricultures qui constituent un segment de marché porteur », invite le département en charge de l’agriculture.

La directrice de la SNV (organisation néerlandaise de développement), Jeanette De Regt, elle, explique que son organisation met en œuvre une dizaine de projets dans le secteur de l’agriculture avec un focus sur le développement des chaînes de valeurs inclusives, la nutrition durable pour tous, l’agriculture intelligente face au climat, etc. « En plus du secteur Agriculture et l’élevage, nous travaillons également dans le secteur Eau hygiène et assainissement et le secteur énergie : promotion du biogaz, de l’énergie solaire et autres solutions énergétiques durables. Dans tous nos projets, nous prenons en compte : le renforcement des capacités des organisations paysannes et autres acteurs, la création d’opportunités d’emplois pour les jeunes et l’équité genre. Parlant du renforcement des capacités des organisations, le programme Voix pour le changement en est une illustration parfaite », explique-t-elle, ajoutant que ce programme financé par le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas vise à permettre aux OSC d’exprimer le plus efficacement leurs préoccupations et d’amener les décideurs politiques et les entreprises à plus de responsabilité et de redevabilité. La rencontre entre donc dans cette dynamique et vise à faire en sorte à faciliter l’accès des exploitants familiaux au crédit agricole à moindres coûts.

Député Moussa Zerbo, président de la Commission du développement rural, de l’économie et des changements climatiques (CDRECC), fait le constat que tout le monde n’est pas sensible à ces questions. C’est pourquoi, il souhaite que ces plaidoyers amènent les institutions financières à investir dans le secteur de l’agriculture.

« Le secteur est porteur. Il a besoin d’accompagnement et d’un investissement conséquent ; parce que, qui parle d’auto-suffisance alimentaire parle nécessairement d’agriculture. Comment arriver à une agriculture qui puisse nourrir le peuple burkinabè, sans qu’on mette le prix qu’il faut. (…). C’est à ce seul prix que nous allons pouvoir vaincre la famine, atteindre l’auto-suffisance alimentaire dans notre pays », soutient le député, pour qui, le secteur de l’agriculture est un investissement qui va profiter à tout le pays.

« C’est à juste titre que la Commission que dirige a déjà commencé ce plaidoyer par l’organisation d’une mission d’informations auprès d’une institution bancaire pour aller voir quelles sont les facilités que nous, parlementaires, pouvons entreprendre pour que les agriculteurs, les exploitants familiaux puissent avoir accès aux crédits », indique le député.

Réagissant à une préoccupation sur l’enjeu agriculture/foncier, député Zerbo lance la réflexion : « Lorsque nous avons fait le tour des exploitations familiales, la question récurrente des terres revient, notamment la sécurisation foncière. Aujourd’hui, il y a des gens qui sont assis sur des terres et qui, d’une raison ou d’une autre, sont appelés à les quitter ; parce que tout simplement ils n’en sont pas propriétaires, ils ne détiennent pas des documents pour attester que c’est leurs terres. La question foncière est effectivement très préoccupante dans la mesure où on n’a pas de garantie pour ce qui concerne ces exploitations familiales ; parce que d’un moment à l’autre, ils peuvent les perdre. C’est pourquoi nous avons invité les autorités locales (maires, préfets, etc.) à s’investir pour aider les producteurs à sécuriser les exploitations ».

Pour mémoire, le programme Voix pour le changement a été mis en place par la SNV, en partenariat avec l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires et des OSC intervenant dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

OHL
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Plongez dans l’univers infini de Space Fortuna Casino