Le Centre-Est connaît des flux migratoires sortants importants qui sont notamment dus à des raisons économiques dont le manque d’opportunités d’emploi dans la région. Le taux de pauvreté monétaire serait de 36,1% (selon l’INSD 2014) et le taux de chômage 19,5% (selon l’Enquête multisectorielle continue relative à l’emploi et au chômage).

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a ciblé cette région pour la mise en œuvre de son projet « Renforcement de l’employabilité et de l’entreprenariat des jeunes pour réduire les risques de migrations irrégulières dans la région du Centre-Est (JEM-Centre Est) ».

Ce projet, financé par les gouvernements de l’Italie et de la Belgique, vise à contribuer au développement socioéconomique mais aussi à freiner les migrations irrégulières vers les pays développés à travers la mise en place d’un système de crédit rotatif pour le renforcement de l’employabilité et les capacités entrepreneuriales des jeunes de la région. Il a permis de former 750 jeunes de la région pendant près d’une année. Ne pouvant financer que la moitié de ces jeunes, le projet JEM a procédé à une sélection des 375 jeunes pour financer leurs projets.

C’est dans cette lancée que s’est tenue la journée de networking ou de réseautage du samedi 27 juillet 2019, pour permettre aux 375 jeunes restants de rencontrer des structures capables de les accompagner dans la réalisation de leurs projets. La journée a été coparrainée par le président de la Délégation consulaire régionale du Centre-Est, Fasnewendé Minoungou dit Prince Akim, et le maire de la commune de Tenkodogo, El Hadj Harouna Welgo.

Selon la directrice projet de l’OIM Tenkodogo, Marie Stella Ndiaye, l’objectif est de mettre en contact les jeunes de la région, particulièrement les 375 non-financés, avec des structures ou institutions susceptibles de les accompagner dans la matérialisation de leurs projets, mais aussi de leur faire découvrir des initiatives et entreprises actives dans le même domaine d’activités.

Directrice projet de l’OIM a Tenkodogo, Marie Stella Ndiaye

Selon elle, l’OIM n’a pas vocation d’interdire les migrations, mais de trouver des alternatives pour que les jeunes qui ont décidé de rester puissent trouver leur bonheur sur place et ceux qui partent le fassent de manière régulière. Pour Marie Stella Ndiaye, les jeunes doivent comprendre que le meilleur endroit pour une personne pour s’épanouir, c’est sa zone natale.

Daouda Guinko, l’un des 375 jeunes, s’est spécialisé dans le transfert d’argent, et a son agence à Tenkodogo. Il a besoin d’argent pour renforcer son capital et avoir une base solide pour être plus compétitif. Isabelle Pingwendé Zougmoré, une jeune dame de Koupéla, a un projet d’élevage de volaille avec un besoin de financement d’environ 1,5 million de F CFA. Elle se dit prête et très déterminée pour la réalisation de son projet qui lui tient à cœur. Beaucoup d’autres jeunes porteurs de projets se sont exprimés à l’occasion de cette journée afin de susciter l’intérêt pour leurs projets auprès des dizaines de structures présentes à la journée.

Daouda Guinko, propriétaire d’une agence de transfert d’argent

L’Agence belge de développement (Enabel) a présenté son projet d’accompagnement des jeunes porteurs de projets de la région à hauteur de 15 milliards de F CFA pour les cinq années à venir. Ce fonds pourra servir de fonds de garantie auprès des institutions de microfinance pour l’octroi de crédits aux jeunes bénéficiaires ou d’accompagnement de ces jeunes à travers d’autres structures. Tout compte fait, l’Enabel recherche la meilleure formule pour que ses 15 milliards profitent pleinement aux jeunes et à l’économie de la région.

Isabelle Pengwendé Zougmoré, porteur de projet d’élevage de volaille

Les différents fonds d’appui du ministère de la Jeunesse, dont le Fonds d’appui à l’initiative privée des jeunes (FAIJ), le Fonds d’appui au secteur informel (FASI), le Fonds d’appui à la promotion de l’emploi (FAPE) et le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (FAFPA) ont présenté tour à tour leurs produits financiers. Ce sont des structures qui accordent des prêts à des conditions très souples aux secteurs privés, particulièrement aux jeunes et aux femmes. D’autres structures publiques dont le Centre des formalités des entreprises (CEFORE) et l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) ont aussi présenté leurs services.

Pour ce qui est des structures privées, ce sont des institutions bancaires et de microfinance dont Bank of Africa (BOA), Coris Bank, la Société générale Burkina Faso (SGBF), le groupe Graine SARL et la Première agence de microfinance (PAMF) qui ont, chacune, présenté sa structure et ses produits financiers aux prétendants aux crédits.

Le maire de la commune de Tenkodogo, Harouna Welogo, coparrain

Le maire de la commune de Tenkodogo, El Hadj Harouna Welgo, a exhorté ses filleuls à l’endurance, à l’humilité et à l’abnégation, seuls leviers pour réussir une entreprise.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net