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Prévention des violences électorales : Les communicateurs catholiques sonnent le rassemblement à Abidjan

Publié le vendredi 26 juillet 2019 à 14h00min

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Prévention des violences électorales : Les communicateurs catholiques sonnent le rassemblement à Abidjan

À l’initiative de l’Union catholique africaine de la presse (UCAP-Burkina), des journalistes et communicateurs catholiques de onze pays d’Afrique se retrouveront à Abidjan en Côte d’Ivoire, du 8 au 16 août prochains, pour réfléchir autour du thème « Processus électoraux en Afrique : Rôle et responsabilité des médias dans la préservation de la paix sociale ». À quelques jours du départ de la délégation burkinabè, nous avons rencontré pour vous le président de l’UCAP-Burkina, par ailleurs président du comité d’organisation du Refresher 2019, Alexandre Le Grand Rouamba.

Lefaso.net : L’UCAP-Burkina organise, dans les jours à venir, une grande rencontre à Abidjan en Côte d’Ivoire. De quoi s’agit-il ?

Alexandre Le Grand Rouamba : Conformément à leur programme d’activités, les journalistes et communicateurs catholiques réunis au sein de l’Union catholique africaine de la presse (UCAP-Burkina) organise en terre ivoirienne une session sous-régionale de formation que nous appelons « Refresher Program ». C’est l’une de nos activités phares à l’instar de la « Semaine du communicateur catholique », de la retraite de carême et des ateliers de formation que nous organisons sur le plan national. C’est donc une tribune que l’UCAP-Burkina offre aux autres UCAP de la sous-région de renforcer leurs capacités, de fraterniser entre membres africains et de se partager les expériences.

Pourquoi l’UCAP-Burkina organise-t-elle une telle activité sur un sol étranger ?

Vous avez raison de vous poser cette question. L’UCAP-Burkina a la chance d’être beaucoup plus active que les autres UCAP des autres pays qui se battent comme elles peuvent. Elle est en quelque sorte la locomotive au niveau africain. Depuis quelques années, la section UCAP du Burkina a pris sur elle d’aider les UCAP sœurs à se redynamiser, à être plus opérationnelles. Nous avons donc choisi d’aller vers elles afin que directement, elles acquièrent une certaine expérience et profiter faire un plaidoyer auprès des autorités de l’Église et politiques du pays hôte afin qu’elles soutiennent davantage ces communicateurs catholiques.

Ce n’est donc pas la première fois que l’UCAP organise ce Refresher hors de ses bases. Nous l’avons fait en 2016, toujours en Côte d’ivoire, au moment où la section ivoirienne était « convalescente ». Nous y sommes allés, avec six autres pays. Les militants ivoiriens ont vu et ont adhéré, les autorités ecclésiastiques et politiques ont mieux perçu le bien-fondé de cette structure, d’où le régénérescence de l’Association ivoirienne des journalistes et communicateurs catholiques (AIJCCa). C’est après ce Refresher que l’AIJCCa a ressorti sa tête de l’eau, avec un bureau et des militants engagés.

Nous repartons donc en Côte d’Ivoire par devoir de reconnaissance à tous ces acteurs qui permettent d’avoir un bon « wagon » à la locomotive. L’année dernière, nous avions choisi d’aller au Benin, mais pour des contraintes propres aux confrères béninois, nous avons remis cela à plus tard. Il faut préciser que de façon intercalée, nous tenons la Semaine du communicateur catholique ici au Burkina, et qui réunit les mêmes pays. C’était le cas en 2017 à Banfora.

Y a-t-il un autre objectif au-delà de celle liée à la redynamisation des UCAP sœurs ?

Je dis tout sèchement « oui ». Le thème de cette rencontre en dit long : « Processus électoraux en Afrique : Rôle et responsabilité des médias dans la préservation de la paix sociale ». Nous sommes en 2019, à quelques mois de 2020, une année électorale pour beaucoup de pays en Afrique. Déjà, des populations sont inquiètes comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Bénin, au Togo, etc. L’objectif général du Refresher Program d’Abidjan est de contribuer à un meilleur traitement des informations avant, pendant et après les élections. L’UCAP-Burkina veut permettre à ces nombreux journalistes de onze pays d’avoir des outils pour mieux comprendre les enjeux des processus électoraux. C’est l’occasion de renforcer les connaissances des journalistes sur les textes législatifs qui encadrent les élections.

Il leur sera expliqué les dangers d’un travail partisan, surtout en période électorale. La rencontre d’Abidjan ambitionne de donner aux journalistes et communicateurs catholiques des astuces pour aider à éviter les conflits nés des élections. Outre Cela, un des objectifs est de renforcer les liens de fraternité et de confraternité entre journalistes et communicateurs de la sous-région. Mieux, nous concevons chaque fois le programme de sorte à ce que tous ensemble, au nom de notre foi commune, nous célébrions la fête de l’Assomption ensemble, dans une paroisse du pays d’accueil. Je vous avoue que c’est une étape très enrichissante.

Pourquoi avoir choisi un tel thème ?

S’il est vrai que les élites politiques, religieuses et sociales ont une grande responsabilité à jouer en vue de protéger les populations contre toutes les formes de violence, il appartient aux animateurs des médias et de la communication sociale de jouer également leur rôle. En effet, il n’est nul besoin de rappeler le rôle capital des médias dans la préservation et la consolidation de la paix et de la cohésion sociale. Les journalistes et communicateurs catholiques sont à juste titre interpelés et voudraient, à travers les réflexions qui seront menées à Abidjan, mieux comprendre les problématiques soulevées par toutes ces questions actuelles en vue d’apporter une contribution efficiente.

Vous savez, l’élection dépend aussi, en grande partie, des informations dont disposent les électeurs sur les questions techniques, institutionnelles et logistiques liées au déroulement du processus électoral ainsi qu’à la connaissance, par le public, de ceux qui sollicitent les suffrages de leurs concitoyens et des programmes qu’ils proposent. Or, seuls des journalistes libres et indépendants peuvent pleinement assurer la responsabilité d’informer. Cela suppose qu’eux-mêmes soient à la hauteur de l’évènement du point de vue de la pratique du journalisme, qu’ils aient été, au préalable, dûment formés à cette fin, et, enfin, qu’ils puissent exercer leur métier en toute sérénité. La question électorale demeure extrêmement sensible et le vote reste encore synonyme de tensions, de crises et de conflit. C’est pourquoi il y a quatre sous-thèmes à développer. C’est tout le sens du rendez-vous d’Abidjan.

Qui sont les participants à cette rencontre ?

Je vous disais tantôt que le « Refresher » était destiné aux pays de la sous-région. L’intérêt d’une telle rencontre a dépassé les frontières de notre sous-région. Ainsi, nous aurons au total onze pays que sont le Burkina Faso qui est l’organisateur, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Sénégal, le Togo, le Mali, le Niger, le Bénin. À eux s’ajouteront l’Ouganda, la Tanzanie et le Soudan du Sud. Tous ces onze pays ont confirmé leur participation. Il y a exactement 100 participants dont 33 du Burkina Faso qui séjourneront à Abidjan du 8 au 16 août 2019.

Outre ces participants, et au regard du thème, nous avons pensé qu’il fallait associer à nos échanges des représentants de certains partis politiques burkinabè et ivoiriens, surtout que la diaspora burkinabè votera pour la première fois en 2020. Ainsi, nous avons écrit aux partis politique comme le MPP, l’UPC, le CDP, l’UNIR/PS et le NTD pour qu’ils désignent deux de leurs représentants sur place pour venir écouter le message de paix, de non-violence et de concorde des communicateurs catholiques. Du côté de la Côte d’Ivoire, des partis politiques feront le même exercice.

On imagine que cela nécessite une mobilisation de fonds…

La spécificité de notre association est que chaque membre contribue pour la réalisation des activités. Pour cette rencontre d’Abidjan, tout militant ou sympathisant de l’UCAP-Burkina est tenu de verser la somme de 100 000 F CFA. Il est évident que cette somme ne peut pas couvrir tous les frais pour une telle durée. Mais c’est l’expression de son adhésion à l’évènement. Là au moins, le participant sait qu’il ne doit pas s’attendre à des per diem. Il revient au bureau de l’UCAP-Burkina de rechercher le complément. Ce n’est pas aisé, mais comme c’est une œuvre de foi, le désespoir fait place à l’abnégation et à la providence. Nous profitons dire merci à ceux qui nous aideront à conduire cette activité à son terme.

C’est l’occasion pour moi, au nom de tous les 100 participants et au nom de l’UCAP-Burkina, de dire un grand merci à l’AIJCCa, la structure sœur de Côte d’Ivoire, d’avoir consenti de nous accueillir. C’est un engagement qu’il faut mentionner et saluer. Notre reconnaissance aussi va aux autorités ecclésiastiques et politiques du Burkina Faso pour leur accompagnement sur le plan administratif, toute chose qui permettra au « contingent » burkinabè de voyager sereinement.

Avez-vous quelque chose d’autre à ajouter ?

Tout comme la liberté religieuse qui est l’acceptation des différences religieuses, il en est de même de la liberté d’expression qui est l’acceptation des différences d’opinions, entres autres donc, de choix politiques. Malheureusement, en Afrique, l’on tend très souvent à opposer, dans un rapport conflictuel, les religions et les partis politiques, lorsque les ethnies ne sont pas actionnées. Parfois, un raccourci est vite pris en faisant un parallèle entre une communauté religieuse, un groupe ethnique et un politique ou une tendance politique. Ces situations, déplorables, sont parfois sources de violence.

C’est généralement à la veille d’une année électorale ou pendant une année électorale que ces éléments sont actionnés, avec comme pic la campagne électorale, suivie du scrutin électoral. La porte aux différentes violences est ainsi ouverte. C’est cette porte que les journalistes et communicateurs catholiques souhaitent voir fermée.

Propos recueillis par Marcus KOUAMAN
(kmagju@gmail.com)
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