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Déplacés internes au Bam : Après les violences, la faim

Publié le mercredi 24 juillet 2019 à 23h55min

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Déplacés internes au Bam : Après les violences, la faim

La province du Bam, dans la région du Centre-Nord, accueille actuellement plus de 10 000 déplacés internes. Ils viennent essentiellement de la région du Sahel, en proie à des attaques terroristes. Sans site d’accueil, les déplacés sont dispersés un peu partout. Nous sommes allés le lundi, 22 juillet 2019, visiter le camp de fortune du village de Sankondé, dans la commune de Kongoussi. Focus sur ces populations qui n’ont que la misère comme compagnon.

22 juillet 2019. La rosée venait à peine de sécher quand nous foulions le sol de Sankondé. C’est un village de la commune de Kongoussi, dans la province du Bam, région du Centre-Nord. Il est juste au bord de la route nationale 15 (axe Kongoussi-Ouahigouya), à dix minutes de la cité du haricot vert. Ce lundi matin, rien de spécial dans ce village. C’est le moment des travaux champêtres. Les hommes sont déjà en route pour les champs. Les enfants amènent les animaux en brousse. Les femmes préparent le déjeuner. C’est ainsi que fonctionne ce village du Burkina Faso en ce moment.

Au pied de la colline, ce sont ces paillotes recouvertes de bâches, qui servent de maisons aux déplacés

Tout a commencé le jour du Ramadan

Mais à Sankondé, les déplacés ne suivent pas forcément ce rythme de vie. Leur quartier général est reconnaissable au modèle de construction des habitations. Nous nous en approchons. Ce sont des maisons faites avec des paillottes recouvertes de bâches. Ici vivent une centaine d’âmes depuis bientôt trois mois. Ils ont tous fui le terrorisme au Sahel. Juste à côté, sous un karité, est assis un vieux. Nous déclinons notre identité et le motif de notre visite. Il nous souhaite la bienvenue et se présente comme étant Sidiki Ouédraogo.

A LIRE AUSSI : Déplacés de Sirgadji : Rahouf, l’enfant de quatre ans qui a fui les terroristes

Comme tous les jours depuis son arrivée, il ne sait pas quoi faire de ses journées. Après avoir divulgué notre identité, il nous invite à prendre place. Il se mure dans un long silence. Le sexagénaire est tout triste. Il se rappelle : « Nous étions à Sirgadji. Tout a commencé le jour du Ramadan. Des hommes sont venus nous interdire de prier à l’heure habituelle. D’habitude, nous prions à 9h00. Nous avons décidé ce jour d’anticiper la prière à 6h30. Ils sont revenus. Ils ont massacré onze personnes ».

Dans ces maisons de fortune, le froid et la chaleur s’alternent les nuits et les jours

Au Sahel, hommes comme femmes sont tués

C’est le début du calvaire. « Les hommes sont traqués. Les animaux sont emportés. Les greniers sont pillés. Les maisons sont brûlées. La fuite s’est imposée à nous. C’était une question de vie ou de mort. Pour sauver notre peau, nous avons pris la route des terres de nos grands-parents », poursuit-il. C’est ainsi qu’avec 200 000 FCFA, le vieux Sidiki a payé les services d’un camion pour transporter ses trois femmes et ses treize enfants. Cap sur Sankondé.

À quelques mètres de là, une femme, Gansore Salamata, pile du mil. Elle a dû aussi prendre ses jambes à son cou. « Les terroristes ne trient pas. Ils volent et violent. J’ai vu des femmes se faire battre copieusement jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ils n’avaient pas de pitié. Ce n’était pas de l’amusement », confie-t-elle. Le soleil est maintenant au zénith. Ses rayons brulent notre peau. Nous faisons un pas en avant tout en esquivant de la boue. Juste à côté, nous entendons le cri d’un enfant. Le ventre bedonnant, il tient un bol vide. Il court derrière sa mère. À notre vue, celle-ci essaie de se cacher. Elle n’a pas pu trouver de quoi donner à son enfant pour le petit-déjeuner. Jusque-là aussi, le déjeuner n’est pas encore servi.

La nourriture se fait rare. Cette femme se demande comment elle va faire pour nourrir ses quatre enfants

« Nous avons faim »

Si ces braves hommes et femmes ont pu échapper aux culasses des kalachnikovs ainsi qu’aux balles assassines, ils sont loin d’être sortis de l’auberge. Moussa Ouédraogo témoigne : « Nous sommes venus les mains vides. Nous n’avons pu rien emporter. Nous avons abandonné nos greniers ». Moussa n’aura pas le temps de terminer sa narration. Un groupe de personnes assises sur un banc non loin de là reprend en chœur : « Nous avons faim ».

Lire aussi : Déplacés de Silgadji à Ouagadougou : « On nous a demandé de retourner d’où nous venons »

Le principal souci demeure donc la nourriture. Depuis qu’ils sont installés dans ce village, l’État burkinabè n’a pas encore fait un geste dans ce sens. « Tout ce que nous avons aujourd’hui provient de personnes de bonne volonté », nous fait remarquer un jeune. Sous le magistère du chef du village, les populations locales apportent du soutien aux déplacés en fonction de leurs moyens. Naaba Tigré explique : « nos déplacés manquent de tout. Il n’y a pas de nourriture, il n’y a pas d’habits, ni de ressources financières. J’en appelle à l’aide ».

Les populations de Sankondé sont généreuses. Elles ont mis à la disposition des déplacés, un grand espace pour leur installation

Des conditions de vie très difficiles

Dans cette concession, l’intimité n’existe presque plus, surtout pour les femmes. Il n’y a pas de toilettes dignes de ce nom. « Pour nous laver, des fois, nous préférons attendre la nuit. Pour nos besoins naturels, c’est pareil. C’est dans la nature, entre les arbres, qu’on se satisfait », nous souffle une jeune femme, la trentaine. Elle poursuit : « Nous manquons de matériel de couchage. Nos maisons sont invivables. Le jour, on ne peut pas rester à l’intérieur. Il fait très chaud. La nuit, il fait un froid de canard ».

L’État tarde à réagir

Pour mieux comprendre l’absence de réaction des autorités, nous retournons à Kongoussi. Là, le conseil communal nous apprend qu’il est conscient de la situation. Il entend prendre des dispositions pour juguler le problème. À l’Action sociale, l’heure est à l’enregistrement des déplacés. « C’est sur la base des recensements que nous pourrons orienter notre aide. Pour le moment, l’objectif est de faire un premier pas pour lever l’urgence », nous confie une source proche de la direction provinciale de l’action humanitaire du Bam.

Les déplacés n’ont plus d’intimité. Ce sont quelques bois implantés dans le sol recouverts de bâches qui servent de toilettes

Du côté du haut-commissariat du Bam, Nous apprenons que l’État a fait son possible avec le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR). Ce qui bloque la répartition demeure un problème de logistique. Mais, « le plus gros souci, demeure l’éparpillement des déplacés. Cela est dû au fait qu’il n’existe pas un site aménagé pour les accueillir », a laissé entendre notre source.

Notre source nous a indiqué également que la province bénéficie de 24 000 kg de niébé (480 sacs de 50 kg de niébé), 40 000 kg de riz (800 sacs de 50 kg), 48 000 kg de mil (480 sacs de 100 kg de mil). Le soleil s’apprête à se coucher. Nous aussi, nous reprenons la route de Ouagadougou. Nous nous rappelons des visages des déplacés de Sankondé. Ils y avaient de l’amertume. Néanmoins, Ils ont espoir, que demain, sera meilleur !

Lire aussi : Reportage sur les déplacés internes de Sankondé : Le journaliste de Lefaso.net y retourne avec des vivres

Dimitri OUEDRAOGO
Bonaventure Paré (Photos)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 24 juillet 2019 à 09:59, par Réflexion En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Le Burkina Faso doit se refaire et j’encourage les médias à intensifier et à privilégier ces genres de publications qui présentent des situations souvent méconnus du grand public. J’avoue ne pas trop comprendre le rôle de l’action sociale et les soit-disant "mesures d’urgences" établies par les autorités. Si ce ne pas pour gérer ces genres de cas de façon diligente à quoi sa sert d’avoir tout un ministère qui coûte extrêmement cher au budget de l’Etat et quand vient l’heure de les voir à l’oeuvre, ils brillent par leur silence ou pire pas des propos condescendantes. Vivement que les priorités dans ce pays soient revues : au lieu de payer des V8, accorder des sommes colossales à une catégorie de la population, faire des missions très souvent inutiles,... on devrait soutenir ces personnes qui en plus de fuir la mort, se sentent délaisser par leurs propres frères. Enfin, j’aimerais lancer un appel à certaines personnes comme Alino (qui par ces actions a permis de rendre la dignité à certaines personnes) de lancer une large collecte nationale de moyens (financier, matériels,...) pour soutenir ces personnes qui vivent dans la précarité. A quand le Burkina digne et intègre !!

  • Le 24 juillet 2019 à 10:17, par HUG En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Triste réalité. Que fait les autorités du ministère de l"action humanitaire ? Quand, je vois quelqu’un ri aux éclats, j’ai le cœur serré car à coté il y’a des déplacés dans leur propre pays et qui rencontre des problèmes pour se nourrir. Vivement que l’Etat s’il n’est pas capable de prendre en charges ces personnes doit faire appel à l’aide nationale et internationale. Courge aux déplaces , nous sommes de cœur avec vous.

  • Le 24 juillet 2019 à 14:27, par TOTO En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Je tiens, avant tout, à dire ma profonde tristesse devant une telle souffrance et ma compassion à l’endroit de ces déplacés .
    Cependant, il faut que le Burkinabé, pour ne pas dire l’homme noir comprenne que sa survie dépendra désormais de sa capacité à faire usage de son cerveau, sans attendre de l’aide. s’entêter à continuer le style de vie de nos grand-parents est tout simplement suicidaire dans ce 21ième siècle. et si les populations ne se donnent pas cette, pour le changement, l’Etat doit maintenant imposer, sous peine de disparaître lui aussi, et avec lui, tout le reste.
    1. Qu’ont fait, en temps de paix et d’abondance, les chefs de famille des ces populations déplacées, pour parer à l’éventualité d’une situation comme celle-ci ? Nous savons ce qui se passe au village, pour beaucoup quand la saison a été bonne : on s’achète une grosse moto et on prend une autre épouse. Mais on ne songe pas à mettre de côté quelque chose pour la vieillesse ou pour les jours de calamité. Les mentalités doivent changer de gré ou de force. Il faut imposer ce changement pour gagner en temps. L’Etat devrait mantenant imposer à tout chef de famille d’avoir un compte d’épargne avec l’obligation d’y verser au moins 25.000 frcs par an. Il faudra aussi étudier la possibilité de rendre obligatoire l’inscription à l’assurance volontaire...
    2. Quand je regarde ce edifications de fortune, j’ai mal. Certes, ce sont des trucs provisoires. Mais supposons que les assaillants reviennent en ces lieux. la destruction sera encore plus facile. En Europe, on peut encore voir des villes fortifiées et des châteaux, construits il y a plusieurs siècles, en temps d’attaques. On construisait des forteresses où pouvaient se refugier des populations entières avec des facilités de se défendre contre l’agresseur. Mais regardez les constructions, chez Nous, dans les villages. Or avec les cailloux des collines justes derrière les habitations (par exemple, derrière ces habitations de fortune sur la photo), on peut, sans argent, faire des édifications plus sécurisées contre le feu, le vent, la pluie, les agresseurs…. Hélas, on préfère rester désoeuvré toute la journée et accuser l’Etat de ne rien faire ou d’être lent à réagir. l’Etat doit interdire la construction de résidence en paillotte, avec un délai d’execution de 5 ans. Il est absolument possible de consruire avec desdes cailloux sauvages, sans frais et aucune famille au Burkina faso n’est incapable de le faire.
    J’ai encore beaucoup à dire, mais j’ai mal....

    • Le 24 juillet 2019 à 16:45, par YAAM SOBA En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

      Quand les européens construisaient leurs forteresses ils n’avaient pas faim comme ces déplacés. Saviez-vous comment on construit une fortetesse sans équipements adéquats ?
      Vous dites de construire des clôtures avec des cailloux ; à quoi ça servira puisqu’au moindre choc ça va tomber. Au lieu d’accuser ces pauvres déplacés, il faut situer la responsabilité de l’Etat.

  • Le 24 juillet 2019 à 16:41, par YAAM SOBA En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Lorsque l’on voit des burkinabé abandonnés à leurs propres sorts, il y a de quoi avoir honte de ce régime moribond. Quelle indignation !!!!

  • Le 24 juillet 2019 à 16:55, par Jean-Paul En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Tout simplement triste de voir que "les uns mangent et les autres regardent". On se bat dans les ministères pour des perdiems en organisant des séminaires, ateliers, missions, tous inutiles. L’occasion de manifester de la solidarité à des compatriotes en difficulté est arrivée. C’est vraiment frustrant de vivre dans un pays de merde.

  • Le 24 juillet 2019 à 18:30, par OUEDRAOGO Patoinsamdo Mathieu En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Merci à lefaso.net d’avoir réalisé un reportage sur le vécu quotidien de ses déplacés de Sankonde et des localités environnantes. Pour ceux qui pensent que les populations doivent apprendre à ne mas tout attendre de l’État, je dirai ceci : que puisse faire des populations sommées de quitter leurs domiciles en moins de 72h auquel cas vous laisserez votre peau ? Je pense qu’il faut avoir de la compassion pour ces personnes pour qui tout se conjugue désormais au passé. Merci encore à lefaso.net pour pour cette interpolation et ce cri de coeur. Vivement que votre appel soit entendu pour que ces déplacés internes retrouvent la joie de vivre.

  • Le 25 juillet 2019 à 06:13, par Kiriki En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Bjr. Je n’ai plus rien a ajouter. Merci a REFLEXION, HUG ,TOTO ....... et assurement bien dautres. Vous ecrivez bien et abordez ce problème avec pertinence et simplicité a la fois. Vivrement que les jeunes s’attachent a lire. On n’est pas tjrs obligé de commenter. On peut juste lire pour s’informer au près des autres qui comprennent déjà ce qu’il se passe. La conscientisation des generationd montantes est indispensable pour que les contrees africaines connaissent un véritable changement. La conscientisation ne signifie pas que nous auront réglé les aspects ekementaires du développement de base.
    Elle sera une force, un bouclier, pour que ces generations changent radicalement les façons de faire. Je félicite vos interventions parce qu’ielles ne font de sermons oisifs. Vous êtes fluides à lire et a comprendre et surtout vous parlez du problème des apportez des solutions. S’il vous plaît n’arrêtez d’apporter vos contributions . Ça va être lent mais il faudra répéter et ne pas hésiter à publier l’article sur Facebook. J’ai remarqué que bcp de jeunes ne lisent même pas l’actualité. Ce qui n’est même pas noraml

  • Le 25 juillet 2019 à 06:48, par Moktar En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Triste réalité. Mais le Faso.net peut-il aussi un jour tendre le micro aux populations peuls du Sahel qui eux sont pris entre 2 feux ? Sinon 3 ? Une grande partie de la réalité de cette guerre est inconnue de la majorité des burkinabe. Il y a beaucoup de larons qui profitent de cette insécurité.

  • Le 25 juillet 2019 à 07:07, par Kiriki En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    Bjr. Mr OUEDRAOGO P. MATHIEU. J’ai lu votre écrit. Nous sommes tous affligés et frustrés devant la situation de ces personnes parce que c’est injuste d’abord ce qu’elles sont entrain de traverser. Mais le problème c’est que leur situation impliquent que des inconvénients. Vous comprenez ? L’internaute qui a écrit que les populations ne doivent plus compter sur l’état burkinabe et doit apprendre a se projeter aussi dans l’avenir ne fait qu exprimer son exaspération parce que cet etat la même sest tjr montré tellement fragile, vulnerable, incompétent, ne disposant daucune optique d’anticipation, ne disposant daucune politique de priorité par rapport aux réalités et aux urgences. Tenez Mr OUEDRAOGO P MATHIEU, je vous donne un exemple. Voilà des circonstances où tout burkinabe aurait applaudi ce groupuscule de cretins quon appele gouvernement, si ils mettaient en place les ecoles sous paillotes. Une solution qui cadre bien avec les circonstances. C’est un exemple où personne ne verrait l’école sous paillote dun mauvais oeil parce quen ce moment on sait que c’est une mesure palliative.
    Bien sûr que l’état est obligé de se pencher sur la situation de ces personnes, mais vous et moi savons ce qui les attend après coup.
    C’est la que vous comprendrez l internaute qui a en fait proposer a l’état des mettre en place un processus de systeme dassurace et depargne obligatoire permettra à lavenir à tout autre individu de rester accroché à une sorte de quelque chose, plutôt que de vivre le désespoir, le désarroi, parce que du jour au lendemain tu te reyrouves projetter dans un grand vide où tu planes loin de ta petite maison paisible, de ton champ de ton. .....
    Donc relevez vous au niveau d’information de cet internaute. Je compte sur vous

  • Le 25 juillet 2019 à 11:30, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Personnes déplacées au Bam : Après les violences, la faim

    ’’À quelques mètres de là, une femme pile du mil. Elle a dû aussi prendre ses jambes à son cou. « Les terroristes ne trient pas. Ils volent et violent........’’.

    - Madame vous mentez ! N’accusez pas les terroristes car on n’a jamais entendu qu’ils violent même s’ils tuent les gens. Ne les poussez pas à violer les femmes désormais avec vos gros mensonges hypocrites !!

    - Et puis tout ce beau monde peut se rendre à KOSSYAM pour exiger les restes de Mr et Mme leurs Excellences les KABORÉ pour manger. Ils ont autant burkinabè non ?

    Par Kôrô Yamyélé

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