Les différents acteurs de la chaîne de production et de commercialisation du riz sont réunis à cette assemblée générale constitutive de la Coordination interprofession de la filière riz de l’Afrique de l’Ouest. Cette coordination regroupe les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Au cours de cette rencontre, il s’agira pour tous les acteurs (producteurs, transformateurs, étuveuses, commerçants) d’explorer des pistes de solutions en vue de rendre la filière riz solide et durable en Afrique de l’Ouest. Il en est attendu un « instrument de concertation multi-acteurs, de négociation avec les pouvoirs publics, tant au niveau national que sous-régional ».

Concrètement, ces acteurs réunis entendent mener des échanges francs autour des préoccupations du secteur, avec les autorités sous-régionales. L’objectif visé est de travailler à augmenter la production nationale de riz, et de faire de cette céréale la première habitude alimentaire du pays. Et pour les acteurs, cela se justifie par l’arrivée du riz parmi les céréales les plus consommées dans la sous-région. En effet, la consommation domestique de riz blanc est passée de 11 millions de tonnes en 2008/2009 à 18 millions de tonnes en 2016/2017, a expliqué Georges Kiénou, président de la Coordination interprofession de riz du Burkina (CIR-B).

Pendant ce temps, l’Afrique de l’Ouest a produit 9,9 millions de tonnes en 2017 contre une production de 6,6 millions de tonnes les années antérieures. Le Burkina Faso a, quant à lui, une production moyenne nationale estimée à 336 420 tonnes.

Les potentialités non mises en valeur

L’une des caractéristiques de la dépendance alimentaire de la zone ouest-africaine est l’accroissement de la quantité des denrées alimentaires importées. Ainsi, l’Afrique de l’Ouest est passée d’une importation de riz de 5 millions de tonnes en 2008/2009 à 18 millions de tonnes en 2016/2017. Pour remédier à cette situation, la coordination invite les pouvoirs publics à accompagner le secteur rizicole. Car l’importation de riz a coûté 61,9 milliards de francs CFA en 2013.

Les acteurs estiment que les superficies jusque-là emblavées dans la production de riz restent en deçà des potentialités. Pour Ibrahim Coulibaly, président du Réseau des organisations paysannes de l’Afrique de l’ouest (ROPPA), le potentiel de terres irrigables est estimé à 9,2 millions d’hectares, dont moins de 20% sont mises en valeur.

Pour lui, il suffirait d’adopter des politiques cohérentes qui protègent la production locale, et cinq années pourraient suffire pour atteindre une autosuffisance alimentaire en riz, voire une exportation du surplus.

Il prend l’exemple de la Thaïlande qui ne dispose pas de terres irrigables à grande échelle, mais qui est un exportateur de cette céréale. Ibrahim Coulibaly pense donc que les États doivent jouer leur partition en mettant en place des lignes de crédit, des systèmes de garantie pour faciliter l’acquisition d’équipements.
Le producteur est capable d’aller très vite à l’autosuffisance mais il faut que les segments soient soutenus pour que le riz se trouve sur le marché et que les consommateurs aient un riz de qualité dans la régularité, a-t-il conclu.

Mariam Ouédraogo
Lefaso.net