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Habitats spontanés à Ouagadougou : La population de Garghin toujours dans le désarroi

Publié le samedi 6 juillet 2019 à 23h55min

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Habitats spontanés à Ouagadougou : La population de Garghin toujours dans le désarroi

Le foncier divise et les exemples sont légion au Burkina Faso. À Garghin, quartier situé dans l’arrondissement n°12 de Ouagadougou, les résidents de la zone à habitats spontanés et les autorités n’ont apparemment pas trouvé la solution à leur crise qui date de 2009. En tout cas, c’est ce qui ressort des explications sur la situation.

L’on se rappelle encore cette « chaude matinée » du samedi 13 avril 2019 à Garghin, quartier situé dans l’arrondissement n°12 de Ouagadougou. Ce jour-là, dès 5h du matin, les résidents de la zone à habitats spontanés (communément appelée non-lotie) étaient sur la voie pour empêcher l’accès dudit quartier aux gendarmes qui venaient pour les déloger. Ainsi, la Route nationale n°6 était bloquée. Suite à l’intervention des autorités compétentes, notamment le maire de l’arrondissement 12 et les ministres de la Sécurité et de l’Habitat, la situation a été calmée.

Albert Soubeiga

Genèse de la situation

Il faut noter que l’installation des premiers habitants de la zone non-lotie de Garghin remonte à 2004. À leur installation, à en croire l’un des résidents, Albert Soubeiga, ils ont trouvé cinq maisonnettes avec des gardiens délimitant la zone de la société Bâtiments travaux publics et maintenance (BTM). Ils étaient hors de cette zone, nous confie-t-il. À l’époque, ils ont été rassurés par ceux qui leur ont vendu les terrains (propriétaires terriens) que la limite de BTM s’arrête au niveau des maisonnettes.

À partir de 2009, l’entreprise BTM et ses voisins ne parlaient plus le même langage. Des maisons inhabitées ont été détruites par la société immobilière. Des pourparlers ont commencé, impliquant les autorités administratives et les deux protagonistes.

Selon Albert Soubeiga, la situation s’est compliquée pour les résidents à partir de février 2016, date à laquelle la société BTM leur a présenté des papiers légalisés de la zone litigieuse. Et c’est à partir de ce moment qu’ils ont commencé à recevoir de multiples sommations de déguerpir.

Au cours des tentatives de résolution définitive de la crise, les résidents ont été recensés du 10 au 14 avril 2017, afin de bénéficier d’un autre site de logement. Les chiffres ont fait un état de 1 550 résidents et 375 non-résidents, soit un total de 1 925 recensés. Le conseiller de la mairie de l’arrondissement 12, Tanga Joachin Yerbanga, insiste qu’il s’agit de 1 550 familles.

Conseiller de la mairie de l’arrondissement 12, Tanga Joachin Yerbanga

Situation actuelle

Le samedi 29 juin 2019, le maire de l’arrondissement 12, Rasmata Nadembega, de passage à Garghin, a annoncé l’octroi de 500 parcelles comme solution à cette crise. « 500 parcelles en 2019 pour 1 550 résidents dénombrés en 2017 ! C’est très insuffisant (32,25%) pour notre nombre », s’indigne le conseiller Tanga Joachin Yerbanga. Et de préciser que le ministère de l’Habitat n’a pas associé la municipalité dans cette prise de décision.

Pour Albert Soubeiga, la déception se lisait sur tous les visages. « Ainsi, l’espoir d’environ 2 000 chefs de famille d’avoir un chez-soi vient de s’envoler avec cette information », lâche-t-il amèrement, avant de qualifier cette solution de « suicidaire ».

Travaux de voirie sur le site de relogement de la population de Garghin

Pendant ce temps, faut-il le rappeler, la société BTM dispose de papiers légaux : deux titres fonciers n°2574 et n°2575, l’ordonnance n°47-3 et la signification commandement de libérer les lieux. En tant qu’entreprise immobilière, BTM est appelée à exploiter son site puisqu’elle est dans la légalité. Chose que Albert Soubeiga et Tanga Joachin Yerbanga disent comprendre « parfaitement ».
De l’autre côté, l’équation n’est toujours pas résolue. Qu’ont-ils commis comme crime pour mériter un tel traitement ? Y a-t-il deux sortes de citoyens au Burkina Faso en 2019 ? Les résidents s’interrogent.

Des litiges autour du foncier ne sont pas une première au Burkina Faso. Le récent cas des villages Djongolo et Sitiéna, dans la région des Cascades, nous rappelle la nécessité de résoudre cette situation pendant qu’il est encore temps.

Cryspin Masneang Laoundiki
(lcryspin@yahoo.fr)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2019 à 17:52, par NEYA IBRAHIME En réponse à : Habitats spontanés à Ouagadougou : La population de Garghin toujours dans le désarroi

    La faute revient à frères qui sont assis dans les bureaux climatisés et signent les papiers sans se déplacer sur le terrain pour vérifier la réalité.Monter des papiers c’est la théorie , qu’ils prennent souvent le temps de sortir constater la réalité avant de signer ces papiers. Ces signataires ne sont -ils pas des marionnettes des politiciens ? Leur poste a été marchandé.Voila pour avoir apposer une signature sur un papier tu scelles la vie de tout un peuple .Tu en as fait des malheureux durant toute une vie.On doit savoir souvent dire NON au nom de l’intérêt général et non pour des gains personnels. Quelle conscience !

  • Le 6 juillet 2019 à 22:55, par gohoga En réponse à : Habitats spontanés à Ouagadougou : La population de Garghin toujours dans le désarroi

    Toute cette pagaille est née suite à la loi 034/2009 qui dit que la population est propriétaire des terres rurales sans documents. Conséquences les plus forts du village se proclament propriétaires terriens sans aucun titre. Ils vendent à plusieurs acquéreurs sans état d’âme. La population du Burkina n’est pas suffisamment mûr pour que l’État les confie la gestion du foncier. Notre législateur nous a créé un gros problème.

    • Le 7 juillet 2019 à 06:35, par Larba En réponse à : Habitats spontanés à Ouagadougou : La population de Garghin toujours dans le désarroi

      C’est ceux qui s’installent anarchiquement qui cré ses problèmes. En 2004 il ne peut même pas avoir 500 habitants sur ce site d’autant dit qu’une partie de Nagrin même était inhabité a perte de vue. Et si l’entreprise était déjà là avant 2004 ils faudra vous méprendre aux propriétaires terriens qui ont joué double jeux.

  • Le 7 juillet 2019 à 09:48, par Le Forgeron En réponse à : Habitats spontanés à Ouagadougou : La population de Garghin toujours dans le désarroi

    Bonjour,

    Je voudrais tout simplement dire que l’ETAT est complice dans cette situation car les lotissements sont suspendus à Ouagadougou jusqu’à nouvel ordre.
    Pourquoi des entreprises privées peuvent déloger les habitants pauvres d’une zone pour viabiliser et vendre à d’audres citoyens plus riches ?
    Donc c’est mieux de dire que le lotissement est privatisé et non suspendu car si l ’administration publique ne peut pas faire un lotissement à ouagadougou ce n’est pas un privé qui pourra avoir le droit de le faire. C’est une situation que l’Etat doit revoir tout de suite pour éviter ce conflit foncier.
    Les promoteurs immobiliers doivent aussi arreter leurs travaux et attendre la levée de la suspension des lotissements. Ou bien ces promoteurs immobiliers ne sont pas soumis aux mêmes lois du Burkina Faso ?

    Cordialement,

  • Le 8 juillet 2019 à 09:30, par Nongasida En réponse à : Habitats spontanés à Ouagadougou : La population de Garghin toujours dans le désarroi

    Bonjour chers internautes,
    Je pense que l’on peut trouver une solution à l’habitat spontané au Burkina Faso. Ma lecture de a situation est que le problème se trouve dans l’implantation de ce genre d’habitat. Les gens s’entassent dans des habitats de 40 à 100 m² et veulent des parcelles à la fin. Si l’Assemblée nationale décide de légiférer sur cette situation en proposant aux propriétaires fonciers de délimiter nécessairement 25 m x 25 m (soit 625 m²) par personne candidate à un non loti. Ceci serait la condition sinequanone d’une prise en compte en cas de projet de lotissement, il n’y aurait plus aucun problème au moment de la viabilisation. on peut aussi leur enjoindre de laisser des voies tracées pour faciliter la circulation. Si cette information est diffusée dans toutes les langues sur les radios de proximité, je pense que cela nous aiderait beaucoup.

    Ensemble, trouvons-y une solution durable à ce problème qui pourrit la vie à tout le monde.

  • Le 8 juillet 2019 à 14:14, par Nongasida En réponse à : Habitats spontanés à Ouagadougou : La population de Garghin toujours dans le désarroi

    L’habitat spontané répond à une situation de pauvreté pour laquelle on n’a pas de solution miracle pour l’instant. A mon avis, on ne peut que gérer les conséquences en attendant. Je pense même que cette situation est une partie de nous. On doit s’y reconnaître. Il nous faut aller plus loin en modifiant notre constitution pour intégrer toutes les couches sociales dans notre assemblée nationale ou tout au moins dans le conseil économique et sociale : agriculteurs (les vrais), ouvriers, commerçants.... Ces instances où on décide de ce que doit être le Burkina Faso aujourd’hui et demain n’inclue pas les vrais représentants de la population burkinabé. L’AN ou le CES sont composé d’intellectuels qui composent sans leur entourage. Tant ce sera ainsi, il n’y aura pas d’amélioration. Ils n’y aura pas de prise de conscience dans ce pays. On dit en tradition qu’on ne peut tout de même coudre un chapeau à quelqu’un en son absence !!!! Quelle que soit la justesse de votre appréciation, il y a de fortes chances que le chapeau ne convienne pas à la tête qui doit la porter. Même dans nos conseils communaux, il y a une grande frange de la population qui n’est pas représentée, à qui on ne rend pas compte, qui manque de considération en faite. C’est pour toutes ces raisons que la politique est devenue une affaire de commerce où chacun y va pour servir ses propres intérêts bien-sûr sous l’étique de représentant du peuple. Il nous faut repenser la démocratie ou tout au moins l’adapter à ce que nous sommes. Parmi les premiers députés de l’Assemblée Nationale de Haute-Volta, il y en avait qui y venaient pieds nus. Mais cela n’a enlevé en rien leur contribution à bâtir le Burkina d’aujourd’hui. Quand je pense que certains burkinabé estiment qu’il faille exiger au moins le baccalauréat pour être député à l’AN, cela me chagrine quelque peu. D’aucuns ont traité les députés de la transition de parvenus, de ceci et cela, je me dis que le Burkina ne reconnait pas tous ses fils. Il nous faut nous déconnecter de cette civilisation de papiers et privilégier la compétence. Sans cela, on ne fait que se tromper.
    On ne pourra pas construire le Burkina Faso sans les autres ou alors, on construit un Burkina Faso d’inégalités et ne soyons pas surpris de la réaction des laissés pour compte.

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