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La saga sankariste : qui veulent-ils convaincre ?

Publié le lundi 15 août 2005 à 09h25min

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L’approche de l’élection présidentielle de novembre 2005 et la date anniversaire de la révolution d’août 1983 ont été une énième occasion pour les héritiers du président Thomas Sankara d’étaler au grand jour leur ridicule. La CPS par là, l’UNIR/MS par ci, le FFS et la Convergence de l’espoir pour finir.

Le tableau donnait pourtant la désespérance. Outre la litanie des mêmes griefs contre le pouvoir, on aura en vain cherché la volonté d’une remise en cause d’une autocritique dix-huit (18) ans après l’échec de leur père spirituel. Si d’autres sankaristes ont mis une sourdine (l’impayable Nana Thibaut et l’inclassable Nayagtigoungou Congo Kaboré) c’est qu’ils auront compris que ce disque-là est rayé depuis fort longtemps.

On ne reviendra pas sur l’histoire et surtout pas pour redire que la situation politique du monde d’aujourd’hui s’accommode très mal des discours gauchisants. Sans doute, il fut un temps où toute la jeunesse africaine a rêvé et a cru au communisme triomphant.

C’est justement là où le bât blesse aujourd’hui pour nos grands sankaristes. De quel discours sont-ils au juste porteurs ? Les statistiques officielles font état de l’existence de douze partis se réclamant du sankarisme, mais qui choisissent de s’ignorer comme jamais, voire de se vouer mutuellement une "acrimonie haineuse".

Au moment où ils clament chacun, être porteur du changement, capable de réaliser cette alternance, on cherche mais en vain à aller au-delà de la déclaration pieuse. La vérité à écouter la litanie répétitive du même message, c’est que les sankaristes sont au bout du rouleau. Ils semblent s’être enfermés dans une camisole de force et cherchent comment en sortir. Mais le piège s’est refermé, d’où ces mines fatiguées, lasses et partant incapables de porter un souffle éteint depuis belle lurette.

La preuve par neuf

Ils le chantent à chaque fois, mais au fond d’eux-mêmes, le cœur n’y est pas. Cette unité, pierre angulaire incontournable de tous les rassemblements avec la presse organisée par les sankaristes. La question revient à chaque fois invariable : à quand l’union de cette multitude disant avoir le même idéal ? La réponse prouve que cette unité ne se fera jamais, puisqu’elle révèle le narcissisme chevillé au corps de chaque sankariste.

En déclarant chacun, "je suis prêt à aller à l’unité avec quiconque regarde dans la même direction que moi", on ne peut que conclure à la mission impossible. Car, l’observateur lui ne manque pas de se demander dans quelle direction regardent au juste les sankaristes ?

Pendant que Norbert Tiendrébéogo parlait "d’unité possible si chacun joue franc jeu" (sic), Bénéwendé Sankara admet que "la division est un problème dans la réalisation de l’Alternance car pendant que certains luttent, d’autres attrapent les pieds". Si ce n’est qu’en matière de lutte, il est admis d’attraper les pieds, comment ne pas y voir un tacle appuyé contre ses camarades d’un parti avec lequel, il avait eu des divergences insurmontables lors des législatives de 2005 et qui restent encore aujourd’hui une fracture irréductible.

C’est connu que trop de paroles nuisent à la chanson et si les sankaristes étaient convaincus de leur discours, le spectacle triste de "un 4-Août pour mille commémorations" aurait fait place à une unité d’action pour une unité de pensée, comme justement jadis les révolutionnaires aimaient à dire. A moins que les sankaristes du 21e siècle n’avaient plus rien de révolutionnaires.

Opération coup d’épée dans l’eau

La particularité sankariste, c’est qu’on repart de toutes leurs sorties politiques avec le sentiment d’avoir perdu son temps. De la déclaration écrite de la CPS (une de plus) aux conférences de presse du FFS et de l’UNIR/MS, il n’y a rien eu de nouveau à l’horizon.

Innover et créer est-ce là deux si difficiles exercices pour autant de sommités et de surcroît capables de faire l’alternance ? Il faut croire !

Si par son "cent jours pour convaincre et vaincre", Bénéwendé Sankara semblait avoir sorti un lapin de son chapeau, l’enthousiasme est vite retombé lorsque son contenu a été dévoilé. Puisqu’il est déjà en campagne (depuis le 4 août en tout cas) le minimum aurait été de distribuer son programme sur brochures afin que l’électeur avisé et la presse puissent en analyser la substance.

Car, on se doute bien, qu’il ne s’agit pas de distiller des vœux pieux ou de verser dans un populisme démagogique, comme c’est hélas le cas au travers des discours.

Chacun se plait en effet à visiter à plus soif le nom du peuple. Mais lorsqu’il est question de déclamer le comment résoudre ses problèmes, on s’étonne de voir chacun faire dans des généralités banales, cette manie du discours passe-partout sans sève ni saveur.

Il semble en tout cas que les "cent jours" serviront à expliquer le programme (mais lequel ?), à dynamiser les structures du parti (à trois mois de la présidentielle ?) et à donner le point de vu du parti sur l’actualité (est-ce bien opportun ?). Autant donc de questionnements pour situer au juste ce dont il est vraiment question. Quel est l’essentiel doit être le maître-mot. Nos présidentiables le distinguent-ils vraiment de l’accessoire ?

Quitte à placer le 4 août 2005 sous le signe de la présidentielle, les sankaristes ont raté l’occasion de sortir des sentiers battus.

Seule reste à l’arrivée de cette journée, la tare congénitale de la division. C’est bien peu comme acquis pour affronter une élection présidentielle.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 15 août 2005 à 13:17 En réponse à : > La saga sankariste : qui veulent-ils convaincre ?

    on peut certes dénoncer la division entre les sankaristes sans arriver à juger malhonnetement le bilan de leur inspirateur, je parle bien sur du capitaine Thomas Sankara. Merci.

    • Le 15 août 2005 à 16:05, par sougri En réponse à : > La saga sankariste : qui veulent-ils convaincre ?

      Qu’il repose en paix, je parle bien de sankara,

      Laissons les sankaristes d’aujourd’hui continuer à se foutre des burkinabé, ils arriverons certenaiment à leur point de chute. Leur propre mort politique.
      je vous demande seulement d’effacer ce nom de vos différents partis, car vous ne le mériter pas.

      • Le 16 août 2005 à 14:56, par Che En réponse à : > La saga sankariste : qui veulent-ils convaincre ?

        de quel pays béni parles tu ?Un pays qui sème la mort dans d’autres pays(Sierra léone, Libéria) ?Le peuple burkinabè est béni et fera en sorte que Blaise et toute sa clique jusqu’à leurs enfants et beaux parents soient hors d’état de nuire un de ces jours.Il faut la même chose en Cote d’Ivoire et dans tous ces pays qui ne respectent pas la vie.Soro,Alassane, Bédié et Gbago sont de la même veine que Blaise et Ould Taya.Attendez de voir une rebellion ici avant de juger Blaise.n’oubliez pas qu’il a tué son plus que frère.est ce un humain un tel homme.Non c’est un criminel.Tout comme les autres imbus de pouvoir et d’honneur

  • Le 28 août 2005 à 17:53, par Idrissa En réponse à : > La saga sankariste : qui veulent-ils convaincre ?

    C’est vrai que l’objectivité est très difficile partout ailleurs, surtout dans le journalisme d’opinion, mais il est quand même possible de garder un peu de lucidité dans ses commentaires. Surtout quand on se dit journaliste car, celui qui vous lit attend de tirer un minimum de bénéfices de votre oeuvre. Taxer le bilan des quatre ans de la révolution d’échec, c’est être aveugle. Même les rectificateurs ont conclu à un bilan globalement positif de la Révolution démocratique et populaire (RDP). Il faut leur demander les actes du Mémerandum sur les 4 ans de la RDP réalisé en 1988.
    Chacun est libre d’aimer Sankara ou de le detester mais de grâce, il faut éviter de dénigrer inutilement l’homme. Il s’est donné corps et âme pour le Burkina et l’Afrique. Aujourd’hui, si nous ne pouvons pas l’honorer pour ça, la décence voudrait qu’on se taise. On peut bien critiquer les partis qui se réclament de son style politique, leur incapacité à s’unir (encore que là aussi, ce n’est pas leur spécificité. Combien de partis se réclament de Blaise au Burkina ?) et la propension de chaque leader à excommunier les autres. Cette critique est d’ailleurs nécessaire dans une démocratie. Toutefois, il faut éviter de confondre les angles d’analyse. Si vous voulez parler des partis sankaristes, contentez-vous de ça. Si vous voulez parler de Sankara et de son oeuvre, soyez clair dans vos intentions et dans votre approche. Enfin, ce n’est pas en dénigrant Sankara que l’on arrivera à polir l’image de Blaise.

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