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Extrémisme violent au Burkina : La foi chrétienne sollicitée pour préserver le vivre-ensemble

Publié le dimanche 16 juin 2019 à 23h07min

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Extrémisme violent au Burkina : La foi chrétienne sollicitée pour préserver le vivre-ensemble

« Attaques terroristes et perturbations du vivre-ensemble au Burkina Faso : fondements socio-politiques et exigences du témoignage chrétien ». C’est sous ce thème que le Service pastoral pour la formation et l’accompagnement des responsables (SEPAFAR) a organisé, le dimanche 16 juin 2019 au Centre cardinal-Paul-Zoungrana de Ouagadougou, une activité dénommée « Messe des cadres et responsables catholiques ». Un panel et une messe présidée par Mgr Gabriel Sayaogo ont constitué le programme de la journée.

Au menu de la messe des cadres et responsables catholiques, il y a eu un panel sur le thème de l’activité et une communion eucharistique à l’intention de tous les participants. Le panel, constitué de deux thèmes, a été modéré par Gérard Tarbagdo, commissaire de police et expert sécurité au Centre national d’alerte précoce du Premier ministère.

Le premier thème, « Attaques terroristes et perturbations du vivre-ensemble au Burkina Faso : fondements socio-politiques et pistes de solutions », a été développé par Mahamoudou Savadogo, enseignant-chercheur à l’Université Gaston-Berger du Sénégal. Le second thème, « Témoignage du Christ en temps de terrorisme : défis de la foi, défis du vivre-ensemble », a été développé par l’abbé Valentin Dabiré, professeur de théologie morale, sociale et politique au Grand séminaire Saint-Jean-Baptiste de Wayalghin.

Abbé Valentin Dabiré, deuxième panéliste

« Depuis 2016, le nombre d’incidences extrémistes triple chaque année avec une localisation rurale des groupes terroristes et un recrutement local », a dit Mahamadou Savadogo. En effet, il note qu’en 2016, il y a eu 37 incidents sécuritaires environ, 94 en 2017, 310 incidents en 2018 et 335 de janvier à mai 2019. Le nombre de provinces touchées a également progressé, passant de cinq provinces en 2016 à douze en 2017, puis à seize provinces en 2018 et 2019. Mahamadou Savadogo a ensuite classé les groupes terroristes qui opèrent au Burkina Faso en deux grands groupes avec des caractéristiques différentes.

Mahamoudou Savadogo, premier panéliste

Il s’agit du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) créé sept mois après le G5-Sahel et réunissant cinq grands groupes. Il y a ensuite le Groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS) qui est l’un des groupes les plus radicalisés et les plus violents. Il note que ces groupes se focalisent dans des zones où l’État a très peu investi et utilisent ces défaillances pour avoir des adeptes, exacerber la tension communautaire. Aussi, ils s’érigent souvent en groupes d’autodéfense.

Il note comme menace l’isolement de chaque religion dans l’avenir, ce qui risque d’exacerber la situation. Pour lui, le dialogue interreligieux va peut-être mieux, mais celui intra-religieux est en train de s’effriter, une situation alimentée par des tensions à l’intérieur même des religions. Comme solution, M. Savadogo propose la promotion du sentiment d’appartenance à un même peuple et une gouvernance équitable et vertueuse.

L’abbé Valentin Dabiré, quant à lui, a noté que les attaques terroristes, qu’elles soient sporadiques ou chroniques, blessent véritablement l’unité nationale, compromettent la paix sociale et le vivre-ensemble. Il déclare que la situation dans laquelle se trouve le pays est marquée par une banalisation du mal, ce qu’il a appelé le péché personnel de chacun. Les actes d’incivisme, le manque de respect généralisé, la corruption, les injustices structurelles et même les critères de choix de dirigeants, sont selon lui une banalisation du mal qui contribue à alimenter des tensions sociales. Dans ce contexte, le chrétien doit prendre toutes les mesures qui sont à sa disposition pour que le droit des innocents soit respecté.

Mgr Gabriel Sayaogo, évêque de Manga

La messe a été célébrée à la suite du panel par l’abbé Anatole Tiendrébeogo, aumônier du Service pastoral pour la formation et l’accompagnement des responsables (SEPAFAR). Il a axé son homélie sur les exhortations du thème de l’activité qui avait un certain parallélisme avec les textes liturgiques du jour. Arrivé en cours de messe, l’évêque de Manga, Mgr Gabriel Sayaogo, a présidé la suite de la messe jusqu’à son terme. Le dimanche 16 juin était aussi célébrée la solennité de la Sainte-Trinité dans l’église catholique. Comme l’Esprit, le Fils et le Père sont un, chaque peuple doit également tendre vers l’unité et la complémentarité, a recommandé Mgr Gabriel Sayaogo.

Le SEFAPAR étant un cadre de réflexion, de concertation et d’action pour tous ceux qui participent aux prises de décisions, plusieurs responsables de services et d’institutions et des anciens diplomates ont pris part à l’activité. La vision du SEPAFAR est de former des consciences pour une citoyenneté responsable, selon son coordonnateur Célestin Yanogo.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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