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Immobilier : les grands écarts du bail

Publié le vendredi 12 août 2005 à 07h50min

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L’immobilier est l’un des secteurs les plus cotés en ce moment au Burkina.C’est à qui construira le plus rapidement. Et comme c’est très souvent le cas, les concessions sont occupées avant même d’être achevées. Dans ces conditions, et en l’absence d’un cadre réglementaire, la spéculation devient le mode de gestion favori.

A Ouagadougou, il faut débourser entre 10 et 20000 FCFA pour un modeste studio. Dans la catégorie des appartements, il faut compter entre 50 et 100000FCFA par mois, voire plus. Concernant la vente de terrains, ce sont les agences de construction immobilières qui occupent le terrain avec des parcelles pour lesquelles les prix se négocient en millions de FCFA. En fonction de son emplacement, le prix peut évoluer souvent dans des limites qui dépassent l’entendement.

Connaissant le pouvoir d’achat d’une population qui a déjà fort à faire avec l’augmentation du coût de la vie, autant rejeter aux calendes grecques tout projet d’avoir un chez-soi. De plus en plus, c’est donc l’exception qui tient lieu de règle dans le monde de l’immobilier. Le vendeur est roi, et peut fixer le prix de sa marchandise au gré de ses humeurs.

Dans ce yo-yo, ce sont les zones périphériques qui sont impitoyablement exploitées. On appelle cela « les non lotis ». Véritable no man’s land, chacun s’y installe comme il l’entend, en attendant le prochain lotissement. Celui-ci en effet, devant consacrer l’attribution définitive de la parcelle. Des baraquements construits à la hâte et très souvent inhabités, des cloches portant des numéros d’habitation...les pratiques dans « les non lotis » laissent à désirer, et le seront aussi longtemps qu’il n’aura pas été mis fin à cette exploitation anarchique de la terre.

La revanche du foncier sur les maires

Ziniaré, Ouahigouya, Réo...Koudougou, les révocations de maires se suivent et se ressemblent. Si ce n’est pas un conseil municipal déchaîné qui manifeste son ras-le-bol, c’est le ministère de l’administration territoriale qui « prend ses responsabilités. » Et presque partout, la même critique revient, semblable à « l’arme du crime » que les prochaines victimes se passent de main en main : « mauvaise gestion des lotissements. »

Pour ce qui est de la dernière révocation en date (celle du maire de la commune de Koudougou), il est reproché à Marcellin YAMEOGO d’avoir non seulement « entrepris les travaux de lotissement sans en référer au Ministère de tutelle », mais d’avoir surtout débordé la cadre des limites communales. Certains ironisent même en affirmant que la commune de Koudougou à désormais un bras à Réo (l’une des communes voisines.) Un bras long d’une « quinzaine de kilomètres » dit-on.

Quoi qu’il en soit, et au-delà des interprétations que l’on peut faire de part et d’autre sur ces révocations de maires à la pelle, il demeure un fait : le foncier est présent, de gré ou de force. Une patate chaude que les convives ont visiblement de la peine à avaler. Il vrai que la terre surtout en Afrique, est difficile à gérer en dehors de son contexte culturel : elle est sacrée. « Si tu te moques du bananier en t’asseyant sur son tronc, il se moquera de toi en te mouillant les fesses », conseille un proverbe bien connu. Il n’est malheureusement pas sur que demain soit la veille.

Juvénal Somé
Lefaso.net

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