Le concept EZF se veut une stratégie de création et de lancement d’activités génératrices de revenus sans faire recours à un financement externe. Le projet vise ainsi à doter les bénéficiaires de connaissances et techniques nécessaires pour démarrer, sans financement extérieur, un projet entrepreneurial dans le domaine de l’agrobusiness.

La caravane « entreprendre à zéro franc » est une initiative conjointe de la Fondation africaine pour le développement de l’entrepreneuriat et le développement économique (FAFEDE) et de l’Agence de financement et de promotion des petites et moyennes entreprises (AFP-PME).

C’est une caravane qui va concerner toutes les 13 régions du Burkina Faso. Le projet cible ainsi les jeunes, femmes et hommes, désireux d’entreprendre, mais faisant face aux difficultés financières et sans préparation préalable à la conduite d’un projet entrepreneurial. Il a pour objectif de transformer la femme et le jeune Burkinabè en une « armée d’entrepreneurs de classe mondiale, au service du Burkina Faso, de l’Afrique et de l’humanité ».

A en croire ses initiateurs, le projet ambitionne de former 200 000 personnes sans emploi ou issues de divers corps de métiers, de tout âge et des deux sexes, à l’entrepreneuriat à travers la méthode EZF.

Pour cette première phase de la caravane, ce sont au total 10 000 personnes qui seront formées dont au moins 30% de femmes à l’entrepreneuriat suivant le concept EZF, avant la fin de l’année 2020.

En effet, face au chômage, les jeunes et les femmes rencontrent d’énormes difficultés à accéder à l’éducation, à la santé mais surtout à l’emploi et autres opportunités économiques.

Afin de créer des conditions favorables de croissance économique plus inclusive à même de réduire le chômage et le sous-emploi des jeunes, plusieurs stratégies et actions ont été mises en œuvre pour favoriser la création et le développement d’entreprises, particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME).

Ainsi, des financements ont été alloués à des promoteurs d’entreprises et des porteurs de projets à travers des dispositifs spéciaux. Cependant, force est de constater que l’impact de ces financements reste faible et de nombreux bénéficiaires peinent à respecter leurs engagements.

C’est ainsi que l’Agence de financement et de promotion des petites et moyennes entreprises (AFP-PME) en partenariat avec la Fondation africaine pour le développement de l’entrepreneuriat et le développement économique (FAFEDE) a initié cette caravane de formation sur le concept « entreprendre à zéro franc » dans les 13 régions du Burkina Faso au profit de dix mille jeunes et femmes avant fin 2020. Le concept EZF se veut une stratégie de création et de lancement d’activités génératrices de revenus sans faire recours à un financement externe.

Pour le directeur de lAgence de financement et de promotion des petites et moyennes entreprises, Honoré K. Kietyeta, ce lancement constitue un pas en avant dans la lutte pour l’inclusion financière et l’insertion économique des femmes et des jeunes des provinces dans le développement socio-économique de notre pays. Par ailleurs, il a indiqué que l’Agence de financement et de promotion des petites et moyennes entreprises est un établissement public de l’État de la catégorie des fonds nationaux de financement.

Elle accorde des accompagnements financiers sous forme de crédits et des accompagnements non financiers que sont les formations, l’appui conseils et les services d’incubation de projets ce, sur l’ensemble du territoire burkinabè. Selon lui, l’approche EZF est révolutionnaire parce qu’elle promeut le changement de paradigme, d’approches et même de mentalité.

« Pendant de nombreuses années, nous avons formé voire formaté les porteurs de projets à la course vers l’endettement, à savoir comment séduire ou convaincre les banquiers, à monter des business plans où l’on commence par perdre de l’argent avant de devenir riche après 3 ou 5 années de lutte. Oubliant que ceux qui sont sollicités pour combler ces trous, ont surtout le choix entre financer quelqu’un qui perd de l’argent et quelqu’un qui en gagne déjà. La démarche EZF vous apprend avec des outils et une méthodologie simple, comment démarrer sans attendre un financement extérieur à partir du moment où vous avez une bonne idée et savez comment procéder », a-t-il expliqué.

Toutefois, il a affirmé que la présente caravane inscrite dans le plan d’action prioritaire du ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, apparait comme une opportunité de dynamiser le processus de développement entrepreneurial de notre pays. Il reste confiant que la maîtrise de ce concept offrira une pépinière de micro-projets viables qui boostera nos économies locales comme nationales. C’est pourquoi, il a invité les jeunes et femmes de la région des Cascades à rejoindre « l’armée des entrepreneurs vrais et aguerris pour leurs propres expériences ». La mise en œuvre du programme de formation se fera en collaboration avec les formateurs de la FAFEDE et de l’AFP-PME. Les participants seront formés sur plusieurs modules, dont l’initiation aux techniques agri preneur à zéro franc (AZF), l’éducation financière, la technique de budgétisation et de montage de plan d’affaires, la conduite de projet et des cas pratiques.

La présidente de la cérémonie, Madjara Sanou/Tou, ministre déléguée auprès du MATDS en charge de la Cohésion sociale, par ailleurs représentante du patron de ladite cérémonie, Harouna Kaboré, ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, a félicité la fondation FAFEDE et l’AFP-PME pour cette caravane nationale qui touchera les 13 régions du pays avec au moins 10 000 personnes dans sa première tournée. « Cette initiative est en phase avec nos objectifs, car elle vise à générer une nouvelle race d’entrepreneurs capables de saisir rapidement les opportunités qu’offre le marché, avec les moyens de bord pour créer de la richesse et des emplois », a-t-elle laissé entendre.
Pour Gilbert Soma, président du conseil communal de la jeunesse de Banfora, la formation est la bienvenue.

« Elle va apporter un plus au développement de notre localité. Qui parle d’emploi parle de la jeunesse. L’Etat à lui seul ne peut pas tout faire et le projet va permettre aux jeunes de s’auto-employer », a-t-il dit. Selon lui, le concept vise à apprendre aux entrepreneurs à se libérer du besoin et du manque de capital. Grâce à cette formation, les bénéficiaires pourront ainsi initier des projets ou créer des entreprises sans débourser un centime.

Romuald Dofini
Lefaso.net