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Tabagisme : « On a remarqué que les gens fument moins dans les lieux publics », salue le coordonnateur de l’ACONTA

Publié le samedi 1er juin 2019 à 12h30min

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Tabagisme : « On a remarqué que les gens fument moins dans les lieux publics », salue le coordonnateur de l’ACONTA

Au Burkina, le tabac tue plus que le paludisme. Pis, ces dernières années, les produits du tabac ont gagné les milieux jeunes, avec un basculement des enfants dans la drogue. Face au phénomène, l’Afrique contre le tabac (ACONTA) ne minimise aucune action légale dans la lutte. À la faveur de la Journée mondiale sans tabac 2019, et de concert avec le Réseau des journalistes anti-tabac du Burkina Faso (REJAT-BF) et la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), l’organisation a marqué, ce vendredi, 31 mai 2019 à Ouagadougou, une halte pour revisiter les actions et réitérer l’appel à la mobilisation contre ce phénomène de santé publique.

« Tabac et santé pulmonaire ». C’est autour de ce thème que ces organisations ont décidé d’informer le peuple burkinabè sur le tabagisme et les dernières actualités liées à la lutte anti-tabac au Burkina.

« La fumée de tabac est un polluant environnemental notoire et classée comme cancérogène de premier ordre (classe A) par l’Agence américaine de protection de l’environnement. C’est-à-dire comme agent chimique pour lequel, aucun niveau d’exposition n’est sans danger. Même une seule bouffée peut exposer au cancer ou à un danger.

La fumée secondaire du tabac qui se compose de la fumée provenant de la combustion d’une cigarette ou d’autres produits du tabac et la fumée rejetée par un fumeur, est une autre forme de pollution atmosphérique qui entraîne des maladies respiratoires, le cancer du poumon et plusieurs autres maladies chez les adultes et les enfants », explique le coordonnateur de l’ACONTA, Salif Nikiéma.

Il ressort de la déclaration liminaire que sur le plan mondial, 945 millions d’hommes et 175 millions de femmes, âgés de quinze ans et plus, sont des fumeurs. « Les jeunes enfants, exposés à la fumée des autres, risquent une aggravation de l’asthme, de la pneumonie, de la bronchite et de fréquentes infections des voies respiratoires. En 2018, environ 37 748 personnes sont décédées des suites d’un cancer du poumon en Afrique », apprend-on de ces organisations de la société civile de lutte anti-tabac. On y retient également que l’Organisation mondiale de la santé estime à 165 000, le nombre d’enfants de moins de cinq ans qui meurent par an pour cause d’infections des voies respiratoires dues au tabagisme passif.

Cette commémoration est marquée chez ces organisations de la société civile par plusieurs activités et actions. On note des sorties de sensibilisation, de contrôle et de répression. « Cette activité a été conjointement organisée les 24, 25 et 26 mai 2019 par la Police nationale et les acteurs de la société civile sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Ces sorties ont concerné les maquis et les boîtes de nuit.

Cette année, on a remarqué que les gens fument moins dans les lieux publics. Les sorties ont permis de pénaliser six fumeurs de cigarettes et deux fumeurs de chicha ; les lieux publics où il n’y a pas de logo d’interdiction de fumer ont été convoqués », explique M. Nikiéma. Il est aussi prévu des consultations gratuites pour ceux qui désirent arrêter de fumer ; elles sont offertes gratuitement (du 31 mai au 7 juin) par l’Unité de sevrage tabagique à l’hôpital Yalgado. Outre des émissions publiques sur le tabagisme, la Journée 2019 va également toucher des établissements scolaires dans le cadre de la sensibilisation des tout-petits, un aspect déjà inscrit au programme de l’ACONTA.

En ce qui concerne l’actualité, les conférenciers ont rappelé le sujet relatif à l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de cigarettes qui devait être effective depuis le 7 avril 2016 et les engagements pris par le gouvernement via le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Harouna Kaboré. « Son engagement s’est traduit, dans un premier temps, par une lettre de rappel à tous les fabricants et importateurs de tabac, à se conformer à la loi anti-tabac en apposant les images sur les paquets de cigarettes à partir du 1er janvier 2019. Cet engagement a été opérationnalisé par une feuille de route », note-t-on.

« Les industriels de tabac ont tout fait pour modifier la feuille de route… »

Cette feuille de route implique que le 1er janvier 2019 marque le début de l’implémentation du marquage sanitaire illustré et écrit sur les conditionnements de tabac mis sur le marché du Burkina. Elle stipule également qu’à partir du 31 mai 2019, interdiction est faite de produire et d’importer (pour les fabricants et les entreposeurs agréés) les paquets et cartouches de cigarettes sans avertissements sanitaires illustrés et écrits.

De gauche à droite : Assamiyou Compaoré (LCB), Khalil Traoré (coordonnateur Association d’aides contre le cancer tabagique), Salif Nikiéma (ACONTA, porte-parole des organisations) et Abdoul Wahab Nombré (REJAT-BF)

Aussi, à partir du 30 juin 2019, interdiction sera faite aux revendeurs détaillants de vendre au consommateur final, les paquets et cartouches de cigarettes sans avertissements sanitaires illustrés et écrits. À compter du 1er juillet 2019, il sera institué des contrôles à tous les stades de la distribution avec, en sus, des saisies pour destruction de tous les conditionnements de tabac ne portant pas les nouveaux marquages conformes aux textes revus et au manuel d’apposition édité.

« Les industriels de tabac, à travers leurs représentations au Burkina et en Afrique de l’Ouest, ont tout fait pour modifier cette feuille de route, mais le gouvernement a résisté jusqu’à présent, à notre connaissance », salue Salif Nikiéma, pour qui, il n’y a pas de raison que cette feuille de route ne soit pas respectée.

« Dans le procès opposant le ministère de la Santé à la Manufacture burkinabè de cigarettes (MABUCIG), la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso a statué le 31 décembre 2018 en rejetant l’appel interjeté par la MABUCIG à travers son conseil. Par conséquent, le procès devrait en principe se poursuivre devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso », informent les conférenciers qui exhortent le ministre de la Santé à œuvrer pour le bien-être des populations par la lutte contre le tabac et le tabagisme.

Ces organisations galvanisent également le ministre du Commerce à rester ferme pour faire adhérer les industriels du tabac aux règles en vigueur au Burkina.
« La contribution du ministre du Commerce à l’élaboration d’un guide, d’une feuille de route et à la révision en cours des textes anti-tabac pour l’apposition des avertissements sanitaires graphiques sur les conditionnements marquera l’histoire de la lutte anti-tabac au Burkina Faso », jaugent Salif Nikiéma et ses co-combattants.

Les responsables de ces organisations invitent, en outre, le TGI de Bobo-Dioulasso à accélérer le traitement du contentieux qui oppose le ministère de la Santé à la MABUCIG et la police nationale à systématiser les contrôles (les rendre quotidiens).

Tout en réitérant leur ferme volonté et engagement à se battre pour la préservation de la santé des populations, les responsables de l’ACONTA, du REJAT-BF et de la LCB appellent tout le monde à mettre du sien pour le bonheur de tous.

OHL
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