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Forêt de Kua : Des étudiants de l’ULB proposent une simulation de médiation

Publié le jeudi 23 mai 2019 à 10h15min

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Forêt de Kua : Des étudiants de l’ULB proposent une simulation de médiation

Dans le cadre du cours d’organisations et négociations internationales (ONI), de Dr Poussi Sawadogo, en année de master 1 de Diplomatie et Relations Internationales de l’Université Libre du Burkina (ULB), les étudiants ont eu l’opportunité de se pencher sur un thème d’actualité. Saisissant au bond la polémique relative au déclassement de la forêt de Kua, dans la commune de Bobo-Dioulasso, pour l’implantation d’un hôpital de référence sur financement de la République populaire de Chine, une simulation de médiation a été conduite le 23 mai 2019 à l’ULB dans le but de proposer des pistes pour sauver la forêt de Kua à travers une négociation diplomatique.

La médiation s’est tenue à New York entre des diplomates burkinabè et chinois facilitée par le Directeur Afrique du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Chaque délégation était composée d’un chef assisté d’experts en questions sociales, en environnement et en géographie physique.

Le Directeur Afrique du PNUE a invité les partenaires à éviter une éventuelle violation des conventions internationales par l’implantation de l’hôpital dans la deuxième grande réserve d’eau de l’Afrique de l’Ouest. Durant six heures, les partenaires ont discuté de trois thèmes majeurs à savoir les risques de l’implantation de l’hôpital sur une partie de la forêt de Kua, les propositions de sites de délocalisation et la prise en charge du déguerpissement des populations.
Les négociateurs ont échangé sur les risques sociaux, environnementaux et diplomatiques de l’implantation de l’hôpital à Kua.

Au regard de la polémique et de la sortie médiatique des syndicats des eaux et forêts, de personnalités politiques et syndicales, de juristes, d’acteurs des organisations de la société civile, d’exploitants des forêts, du Prix Nobel alternatif, d’artistes, les risques sociaux peuvent concerner le boycott des services de l’hôpital et des manifestations populaires.

Au niveau environnemental et écologique, des risques de pollution à long terme de la nappe phréatique n’est pas à écarter avec des conséquences dommageables sur la faune, sur la flore et sur les hommes. Sur le plan diplomatique, l’image internationale des deux partenaires pourrait être écornée par le déclassement d’une forêt pour implanter un hôpital. Il y a également le risque de retrait de certains partenaires techniques et financiers qui accompagnent le Burkina Faso dans la mise en œuvre de sa politique environnementale, notamment dans le cadre de la lutte contre la désertification et l’adaptation au changement climatique.

Conscients des conséquences potentielles de l’implantation de l’hôpital à Kua, les deux parties ont abouti à un accord de délocalisation du projet sur un autre site. Des propositions ont été faites et le choix a porté sur le site de Borodougou à l’arrondissement n° 4 de la commune de Bobo-Dioulasso.

Le dernier point a porté sur les charges supplémentaires qui s’élèvent à 17 milliards de francs CFA pour l’occupation du nouveau site, notamment le dédommagement des populations qui seront déguerpis et la construction d’une route pour désenclaver l’hôpital. Les deux parties ont identifié les potentiels partenaires capables de prendre en charge les frais de déguerpissement.

Ils ont abouti à un consensus par lequel le partenaire chinois contribuera à supporter pour 5 milliards, le Luxembourg pour 5 milliards, le PNUE pour 4 milliards et la France pour 1 milliard. L’Etat Burkinabè s’engage à supporter 2 milliards des charges supplémentaires. Les deux parties saluent l’accompagnement des partenaires traditionnels du Burkina Faso dans la mise en œuvre de sa politique environnementale comme le PNUE, le Luxembourg et la France.

En somme, les deux délégations, grâce à la facilitation du PNUE, ont trouvé un accord gagnant-gagnant qui sauve la forêt de Kua, « un espace de vie et un hôpital à ciel ouvert », tout en permettant aux populations de Bobo-Dioulasso et du Burkina Faso de bénéficier d’une infrastructure hospitalière de référence.

Cet exercice se veut une proposition citoyenne de jeunes étudiants, en diplomatie et relations internationales, soucieux de la préservation de la nature et engagés dans la promotion de la santé publique. C’est le sens du message du premier adjoint au maire de la commune de Bobo-Dioulasso, Martin Coulibaly, qui dit non au déclassement de la forêt de Kua et qui invite tous les acteurs à « accepter sans bord politique en regardant l’intérêt général de Bobo dans le sens du développement durable et tout mettre en œuvre pour maintenir ce site de 80 hectares à Borodougou dans l’arrondissement n°4. »

Etudiants de master 1 (cours du jour) de Diplomatie et Relations Internationale
Université Libre du Burkina (ULB)

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