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Est du Burkina : Le foncier et les conflits agriculteurs/éleveurs, un facteur majeur de menace de la cohésion sociale

Publié le lundi 13 mai 2019 à 12h00min

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Est du Burkina : Le foncier et les conflits agriculteurs/éleveurs, un facteur majeur de menace de la cohésion sociale

Ce n’est un secret pour personne que la cohésion sociale est, depuis un moment, mise à rude épreuve au Burkina. Face à la situation, des organisations multiplient les actions pour recoudre le tissu social et promouvoir le vivre-ensemble. Est de celles-là, le Groupe de recherche-action sur la sécurité humaine (GRASH) qui a, dans cette dynamique, tenu un forum, le samedi 4 mai 2019, simultanément dans les communes de Diapaga et de Kantchari dans la région de l’Est.

Ce forum multi-acteurs sur la cohésion sociale s’est tenu autour du thème « Cohésion sociale : quelle participation citoyenne pour une paix durable au Burkina Faso ? ». Il s’inscrit dans l’initiative de renforcement de la résilience à l’extrémisme violent des populations des communes de Diapaga et de Kantchari.

Cette assise qui s’est tenue simultanément dans ces deux chefs-lieux de communes (Diapage et Kantchari) a consisté en la présentation des résultats de l’étude autour de la question de la cohésion sociale, menée dans lesdites communes, suivie d’échanges avec les populations. L’étude a touché plusieurs catégories de personnes dont des leaders religieux, des autorités coutumières, des conseillers municipaux et des conseils villageois de développement. Le GRASH a bénéficié, dans cette initiative, de l’appui financier du National Democratic Institute (NDI).

De la synthèse, on retient que parmi les faits qui nuisent à la cohésion sociale, se trouvent en bonne place les problèmes fonciers, les conflits entre agriculteurs et éleveurs, les problèmes politiques, la préoccupation de l’eau potable. Toujours au titre de ces faits, on a les problèmes entre les religions, les conflits entre les jeunes, le chômage, la méfiance des uns envers les autres et les conflits de chefferie. À titre illustratif, on note que les problèmes liés aux fonciers occupent 39% et les conflits entre agriculteurs et éleveurs représentent 33% des conflits.

Sur la question du rapport qui existe entre les populations et la justice, l’on apprend que le recours à l’institution judiciaire pour résoudre les problèmes n’est pas dans les mœurs. Pour certains, les juges sont corrompus et il est difficile d’avoir confiance en eux. « La justice, c’est pour les riches », perçoit en ces lieux une certaine opinion. « Ce qui oblige les gens à aller en justice sont souvent les problèmes entre agriculteurs et éleveurs. Certains problèmes sont tellement difficiles à résoudre qu’il faut faire recours à la justice pour pouvoir les résoudre », rapporte l’étude, qui précise qu’en cas de problème, le premier recours est l’autorité traditionnelle, citée par 42%. Ensuite vient l’autorité locale citée par 39% des populations. La justice moderne est en dernière position avec 19%.

Plus de la majorité des personnes enquêtées, 64%, n’ont donc pas confiance en la justice. 36% ont cependant confiance en elle. Ce qui confirme le fait que la population préfère avoir recours aux autorités coutumières et locales pour la résolution de leurs problèmes communautaires.

Comment garantir la cohésion sociale ?

Sur un tout autre volet du sujet, notamment pour ce qui est des rapports entre la population locale et les Forces de défense et de sécurité (FDS), on note que 64% de la population est satisfaite des actions des FDS. Par contre, 36% dit ne pas être satisfaite des actions des Forces de défense et de sécurité.

Pour garantir la cohésion sociale dans leur communauté, les populations interviewées ont proposé plusieurs pistes. Il s’agit de l’abandon des champs qui sont dans les aires de passage des animaux (pistes réservées au passage du bétail) ; la délimitation des zones de pâturage et des zones réservées à l’agriculture ; la construction des retenus d’eau pour abreuver les animaux. Aussi suggèrent-elles des actions de sensibilisation sur la cohésion sociale, l’accompagnement des jeunes dans leurs projets et des rencontres entre agriculteurs et éleveurs en chaque début de saison de pluies.

Dans cette dynamique, et à titre individuel, les personnes-ressources interviewées se sont engagées à mener des plaidoyers de concert avec les autorités communales et les services techniques afin d’accompagner les jeunes dans leurs groupements et associations. Elles envisagent également la même démarche pour le respect des zones de pâturage. Elles s’engagent en outre à s’organiser en association, à respecter le droit de l’autre, à cultiver et promouvoir l’amour entre elles, à avoir et promouvoir un esprit de pardon, de partage et de tolérance.

Pour les responsables du GRASH, et en résumé, les conflits fonciers et les conflits entre agriculteurs et éleveurs sont très récurrents et menacent la cohésion sociale. Et ce, dans un contexte où la confiance entre la justice (considérée comme dernier rempart) et les populations n’est pas de mise.

En dépit de cela, toutes les composantes de la population expriment la volonté de s’engager à travers des actions communautaires pour renforcer la cohésion sociale ; ce qui contribuerait à réduire leur vulnérabilité à des maux, tels l’extrémisme violent et le terrorisme.

Pour mémoire, le GRASH (https://www.grash-burkina.org/) est une association de droit burkinabè avec pour but de participer à la construction, au Burkina, d’une société plus sûre, havre de paix et de bien-être social et économique. Depuis trois ans, elle œuvre à la sensibilisation des populations aux enjeux et défis sécuritaires et à la nécessité pour les populations civiles à collaborer avec les institutions en charge de la sécurité, la formation de points focaux et de jeunes leaders, la réalisation d’études et la participation aux cadres d’échanges et de réflexion mis en place par des acteurs tant étatiques que non-étatiques.

OHL
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