« Distinguer et récompenser une femme majeure résidant au Burkina Faso et qui œuvre avec détermination et abnégation en faveur de causes, facteurs de développement ; encourager et rendre visibles les actions des femmes qui œuvrent pour des causes nobles ; donner confiance aux femmes de façon générale, afin qu’elles s’engagent davantage dans des actions citoyennes pour le développement socio-économique », ce sont entre autres les objectifs visés par la « radio de toutes les générations » à travers l’organisation du concours « femme Ouaga FM de l’année » qui est à sa 12e édition. Cette année, le jury présidé par Hamidou Benoit Ouédraogo a, dans un premier temps, présélectionné huit dossiers dont six provenaient de la région du Centre et deux de la région des Hauts-Bassins. Après application de grille de cotation, quatre candidates ont obtenu la moyenne pour la phase de sélection finale.

Les critères de sélection ont porté, entre autres, sur « la bonne moralité ; ne pas être sur le coup d’une poursuite judiciaire ; faire montre de sacrifice pour les autres ; mener des activités pertinentes dans les domaines de la sécurité, de la paix et de la cohésion sociale ; avoir donné la preuve de son abnégation et de sa détermination pour la cause défendue ».

Répondant le mieux au profil requis, Téné Thérèse Hien/Soma, directrice de l’école primaire publique Zongonabitenga située dans l’arrondissement N°8 de la ville de Ouagadougou, est arrivée en tête de liste avec une note de 15,12 sur 20, considérée comme honorable par les membres du jury. C’est toute heureuse qu’elle a reçu un trophée, deux chèques d’un millions de F CFA chacun, offerts par la radio Ouaga FM et la ministre en charge de la Femme. Par ailleurs, des prix spéciaux lui ont été décernés par la SN-SITEC, la Galerie des pagnes, Infinix et Château rouge.

En recevant son prix, Mme Hien s’est dit très heureuse d’être la lauréate de la 12e édition du prix de la femme Ouaga FM. À peine distinguée, elle pense déjà à l’avenir. « J’envisage déjà quelque chose pour la jeunesse. Jeunesse et communication non-violente : quels enjeux pour la paix et la stabilité au Burkina Faso ? Ne verrouillez pas la porte, parce que j’arrive », s’est-elle adressée à la ministre Marie Laurence Ilboudo/Marshall, avant de dévoiler sa stratégie de communication non-violente en milieu scolaire et, partant, dans toute la communauté.

« Lorsque j’ai pris service en 2008, j’ai été confrontée à pas mal de difficultés. Ça m’a amenée à m’inspirer de la communication non-violente formalisée par Marshall Rosenberg, un psychologue américain, pour créer des classes où il y aurait de l’empathie, parce que je me dis que les enfants ne peuvent réussir que dans un environnement paisible. Avec l’accompagnement de l’ANERE, j’ai exécuté mon premier projet qui a consisté à sensibiliser la population dans laquelle je vis quant à la nécessité de travailler pour un environnement de paix. Après cette sensibilisation, pour avoir leur adhésion, je les ai formés en communication non-violente ainsi que les enfants. À Zongonabitenga, il y a des clubs de paix que nous avons à l’intérieur de chaque classe, du CE2 au CM2. Ces clubs de paix ont pour rôle de recenser les conflits à l’intérieur de l’école, d’apporter des solutions. La responsabilité des enfants est engagée. (…) Ils ont périodiquement des rencontres au cours desquelles ils nous rendent compte des actions qu’ils ont eu à mener en faveur de la paix », a confié cette femme battante qui se consacre au bien-être de sa communauté, dont pourrait s’inspirer les autres femmes.

S’exprimant auparavant, le directeur de la radio Ouaga FM a rendu hommage aux femmes battantes couronnées lors des éditions précédentes, avant de faire remarquer que le thème choisi cette année est en rapport avec la célébration du 8-Mars, qui est « Contribution de la femme à l’édification d’un Burkina Faso de sécurité, de paix et de cohésion sociale ».

Selon lui, ce thème est plein de bon sens. « Les femmes jouent le rôle d’intermédiaires dans des situations de conflit en facilitant la communication et les négociations. Elles sont de véritables passerelles entre les communautés et représentent des artisanes de la paix au sein de la famille et de la société (…) », a-t-il indiqué. Il poursuivra en adressant ses remerciements aux partenaires qui, depuis plus de dix ans, les accompagnent autant que faire se peut.

Pour sa part, Marie Laurence Ilboudo/Marshall a souligné l’accompagnement de son département à toute initiative allant dans le sens de la protection et de la promotion de la femme et félicité Ouaga FM pour cette initiative louable. Cependant, il faut noter que la 12e édition de la compétition n’a pas connu beaucoup d’engouement. La marraine trouve une explication à cela : « Le thème posait problème. Les gens n’ont pas vu l’aspect sécuritaire autre que militaire ». Au cours de la cérémonie, l’assistance a observé une minute de silence en la mémoire des cinq enseignants de Comin-Yanga et de tous les vaillants maîtres du savoir tombés la craie en main.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net