Aller se faire soigner à l’hôpital et ressortir avec une infection n’est pas chose rare. A en croire Dr Samba Diallo, directeur général de l’offre des soins, 5 à 10% des patients admis dans les centres de santé contractent une infection. Dans 80% des cas, la propagation des agents infectieux se fait par les mains. L’hygiène des mains en milieu hospitalier se présente donc comme un moyen efficace et incontournable pour réduire les infections liées aux soins, surtout que selon les chiffres de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), dans le monde, environ 70% des professionnels de la santé ne pratiquent pas l’hygiène des mains.

La situation au Burkina Faso est encore plus préoccupante, de l’avis de Dr Robert Karama, secrétaire général du ministère de la Santé, représentant la ministre de la Santé à la cérémonie de commémoration. En effet, il souligne que les résultats d’une étude réalisée en 2018 sur l’observance de l’hygiène des mains a montré que dans 89,42% des situations pendant les soins qui recommandaient une hygiène des mains, les professionnels de la santé n’en faisaient pas. Pourtant, ce concept simple et efficace qui consiste en un traitement des mains à l’aide de savon et ou de solution hydro alcoolique participe à l’amélioration de la qualité des soins et de la sécurité des patients.

La Journée mondiale de l’hygiène des mains commémorée le 5 mai de chaque année à l’initiative de l’OMS est donc une opportunité pour le ministère de la Santé et ses partenaires de promouvoir la pratique de l’hygiène des mains. C’est aussi l’occasion de sensibiliser les professionnels de la santé des secteurs public et privé et de la médecine traditionnelle à s’engager dans la mise en œuvre effective de l’hygiène des mains. « Aujourd’hui nous avons placé cette journée dans un contexte de sensibilisation des prestataires de soins pour qu’ils sachent que ce geste simple et peu coûteux permet d’éviter 80% des infections associées aux soins et qu’ils passent le message à toutes les structures sanitaires. », a indiqué le secrétaire général du ministère de la Santé.

Cette année, la commémoration revêt un cachet particulier pour le ministère de la Santé. En effet, Expertise France, l’un de ses partenaires, à travers son Projet de prévention des risques infectieux et sécurité en milieu de soins (PRISMS), a fait don de produits et équipements d’hygiène hospitalière à tous les centres hospitaliers universitaires, les centres hospitaliers régionaux, les CMA des villes de Manga, Ziniaré, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso et à l’hôpital Paul VI, soit 21 structures sanitaires. Ce don composé d’équipements de protection individuelle, d’intrants pour l’hygiène des locaux et des mains s’élève à 464 185 996 F CFA. De quoi ravir le secrétaire général du ministère de la Santé qui n’a pas manqué d’exprimer sa gratitude à Expertise France.

Des résultats importants engrangés depuis 2018…

Depuis que le Burkina Faso commémore la Journée mondiale de l’hygiène des mains, le moins que l’on puisse dire c’est que le pays a enregistré des avancées significatives. Il s’agit entre autres de l’élaboration de documents normatifs pour l’encadrement des pratiques d’hygiène, de la sensibilisation de plus de 5 497 agents de santé, du renforcement des compétences de 2 183 agents sur l’hygiène, de la capacitation des structures sanitaires dans la production de savon doux et de solution hydro alcoolique, du renforcement des structures sanitaires en infrastructures et ressources matérielles, de la réhabilitation de dix incinérateurs, etc.

Et pour que l’hygiène des mains devienne la règle et non l’exception dans les structures sanitaires, la ministre de la Santé, par la voix du secrétaire général, a lancé un appel aux professionnels de la santé à « défendre les soins propres » et aux groupes de défense des patients à toujours demander des soins propres.

Aux responsables d’hôpitaux, la ministre a demandé de tout mettre en œuvre pour que les établissements sanitaires soient conformes aux normes de contrôle de l’infection et d’hygiène des mains. Les responsables de prévention et contrôle de l’infection, eux, sont appelés à faire le suivi des normes et standards de prévention et contrôle de l’infection en vue d’améliorer les pratiques.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net